Mars 2015,
SMS à Soléa : Paul ressemble à un légume, ça tombe bien on est deux. Aria nous déteste.
Trois mois que tu es partie, le double que tu m'as quitté. Aria nous donne des nouvelles de toi une fois par semaine, et je n'ai pas le droit de poser des questions à ton sujet. J'ai simplement le droit à un banal « ça va, elle va bien ». Ce n'est pas ça que je veux savoir. Je sais que tu n'es pas bien. Si tu as perdu ton grand-père il y a quelques moi, ça ne peut pas aller bien. Je te connais trop.
Anna vient de partir hier. Elle parlait depuis quelques temps de faire une année universitaire en Irlande, mais elle avait caché à Paul jusqu'au dernier mois qu'elle avait été prise. Il l'a amené hier à l'aéroport. Elle y reste pendant un an je crois. Il est au bout de sa vie et squatte le canapé. Comme moi. Tu verrais cette colocation, elle ne ressemble plus à rien. Je crois que c'est toi qui arrivait à la maintenir en vie.
Paul vit mal le fait qu'Anna soit partie. Je ne doute pas qu'il est heureux pour elle, elle réalise son rêve, elle voyage et elle en apprend plus tous les jours. Mais je pense que Paul a peur de ce qu'il peut se passer en Irlande. Il a peur qu'elle ne le quitte. Qu'elle rencontre quelqu'un là-bas. J'ai la même peur. J'ai peur de savoir que tu as rencontré quelqu'un. Que tu ne l'aimes plus que moi, que tu m'oublies.
Bref, on ressemble à deux légumes dans ce foutu canapé. Je crois qu'il est en train de prendre nos formes. Je pense que dans quelques semaines, on pourra se relevé qu'on verra qui était où et à quelle place.
Aria commence à ne plus en pouvoir de nous, elle passe le plus clair de son temps libre chez Hugo, et quand elle rentre, elle nous hurle dessus pour qu'on fasse quelque chose de notre vie. Je n'ai plus envie. Je ne fais plus de sport. Les seules fois où je sors, c'est pour les cours ou pour travailler. En cas d'extrême nécessité pour faire court.
Je ne me sens toujours pas à ma place à l'appartement. Est-ce que j'arriverais à trouver ma place à quelque part ne serait-ce qu'un instant ?
Tu me manques si fort. Tu manques à la colocation. Tellement.
Six mois, ça fait long. C'est énorme. Ce n'est rien dans une vie, mais c'est beaucoup trop pour la mienne. Si on regarde bien, je crois que tu es mon premier amour. J'ai envie de remonter le temps pour repasser le moment où tu as débarqué comme un ange dans ma vie, main dans la main avec mon frère. Je veux repasser le moment où tu as passé la porte du Starbucks pour la première fois, essoufflée, les joues rouges, dans ton petit short et ta petite brassière de sport. Je pense que je suis tombée sous ton charme la première fois, mais la seconde j'ai eu un coup de cœur tel que je voulais vraiment tenter quelque chose avec toi. J'avais raison, un peu plus chaque jour je tombais amoureux de toi, je tombais pour toi.
Tu penses qu'un jour tu reviendras ? Qu'un jour, comme avant, on se redécouvrira comme pour la première fois ?
***
Je crois que je grossis. Ce qui est sans doute normal. Je ne bouge pas, et je me nourris de plats à emporter. Aria n'est presque plus là, alors comme on a la flemme de faire à manger, on commande, encore et encore.
Je commence à fondre un peu, mais ça ne me donne même pas envie de me bouger. Est-ce que tu es dans le même état que moi ? Est-ce la vie n'a plus la même saveur désormais pour toi aussi ?
Avec tout mon amour,
Nathan——
JOUR 3 !J'espère que ça vous plaît toujours autant.
Je vous embrasse ❤️
À demain,
Café, manzana et chocolat
Love,
Chloé. 🐱☕️
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24 lettres sans toi (CEUJDE)
RomanceNathan a toujours écrit, d'aussi loin qu'il s'en souvienne, d'aussi loin qu'il a su tenir un stylo entre ses mains. C'est comme ça, il a toujours aimé voir l'encre sortir de cet objet inanimé, voir comment ses mains pouvaient créer des mots, des phr...