Chapitre 7 - Le livre.

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« Et maintenant ? demanda Matthieu à la cafétéria, pendant la pause du midi.

— Maintenant quoi ? soupira Guillaume, agacé.

— Ben ouais, maintenant tu fais quoi ? demanda à son tour Ablaye. T'as fait quoi au juste ce matin ?

— J'ai lancé la phase d'approche, grommela Guillaume. Se rapprocher de quelqu'un ça se fait pas en un claquement de doigt, hein !

— Relou. »

Guillaume soupira de nouveau d'un air exaspéré et se leva, prenant son plateau dans ses mains.

« J'vais à l'entraînement. À plus. »

Ses potes le saluèrent et il s'éloigna rapidement, rangeant son plateau au passage. Il était tendu. Ce qu'il avait ressenti ce matin avec le garçon — Aurélien — ce n'était pas normal. Il ne savait pas pourquoi mais il y avait quelque chose chez ce garçon qui le mettait mal-à-l'aise. Quelque chose qui l'empêchait d'agir librement, comme à son habitude. Il serra sa main en un poing et passa son autre main par dessus, touchant ses articulations. Il ne comprenait pas pourquoi il avait ressenti ça quand les doigts d'Aurélien avaient frôlé sa main ce matin. Ce... picotement... et ce... feu dans son ventre. Il soupira. Et maintenant il avait ce stupide pari sur les bras. Quel idiot.

***

Quand il sortit de l'entraînement, et après avoir pris une bonne douche dans les vestiaires, il se décida à passer par la bibliothèque pour aller chercher un livre sur les électrons. Cette fois, il écouterait les conseils de son professeur de Science et essaierait de bosser un minimum le sujet de leur prochain devoir sur table. Il soupira rien qu'à l'idée de devoir se pencher sur cette matière nébuleuse pour lui et entra dans la bibliothèque avant de claquer la porte derrière lui. La dame assise à l'entrée le regarda d'un air sévère, l'invitant au silence, et il força un sourire désolé sur ses lèvres. Il chercha pendant de longues minutes le livre qu'il lui fallait avant de le trouver et de se diriger vers le bureau de la documentaliste pour l'emprunter. Il allait partir quand il vit du coin de l'œil une silhouette qu'il commençait à bien connaître désormais et se dirigea vers celle-ci. Il s'assit en face d'Aurélien, qui était penché par dessus un livre, semblant très concentré.

« Salut. » dit-il sans chercher à baisser la voix et il sentit les yeux des autres personnes présentes dans la bibliothèque se poser sur lui.

Aurélien releva le visage lentement, comprenant que la voix s'adressait à lui, et le regarda d'un air surpris.

« S-Salut ?

— Ça va ? demanda sincèrement Guillaume, ne sachant pas vraiment comment débuter la conversation.

— Euh... Oui... Et toi... Guillaume, c'est ça ? chuchota Aurélien.

— Oui, c'est bien ça, sourit Guillaume. C'est vrai que j'ai oublié de me présenter ce matin.

— Je m'en souvenais, lui sourit timidement Aurélien.

— Cool. »

Il y eut un petit silence gênant où Guillaume se demandait ce qu'il pourrait bien rajouter de plus. Il devrait se faire des fiches pour savoir comment aborder les gens, se dit-il en rigolant.

« Tu lis quoi ? demanda-t-il soudain lorsque ses yeux se posèrent sur le livre devant Aurélien.

— Mmh ? Ah ça, rougit Aurélien. C'est un livre... euh... que ma prof de français nous a conseillé de lire.

— Ça s'appelle comment ? demanda Guillaume, sincèrement intéressé.

Le rouge et le noir. Tu connais ? demanda Aurélien à son tour en lui tendant le livre pour qu'il regarde la couverture et puisse le feuilleter.

— Seulement de nom, dit Guillaume en prenant le livre dans ses mains. Je sais juste qu'il est long à mourir, rit-il.

— C'est vrai, on peut voir ça comme ça, rit Aurélien à son tour. Mais si on est pris dans l'histoire, c'est passionnant.

— Tu aimes bien alors ?

— Oui, j'aime beaucoup, dit Aurélien dans un sourire.

— Et ça parle de quoi ?

- D'un amour impossible en gros... C'est un peu compliqué à résumer.

— Je vois ! » rit Guillaume.

Aurélien sourit et il le vit poser un regard interrogateur sur son sac de sport.

« J'avais entraînement entre midi et deux.

— Entraînement ? demanda Aurélien. Tu joue d'un sport ?

— Je fais partie de l'équipe de football du lycée.

— Vraiment ? s'exclama le plus jeune d'un air admiratif. À quel poste ?

— Attaquant gauche, sourit Guillaume qui était content de parler d'un sujet dans lequel il était à l'aise. Et capitaine de l'équipe aussi accessoirement...

— C'est super, dit Aurélien sincèrement. Tu dois être très fier. Et tes parents aussi. »

Guillaume se figea en pensant que oui, effectivement, ses parents étaient fiers. Même un peu trop d'ailleurs. Il n'y avait que ça qui les intéressait désormais de sa vie.

« Oui, ils le sont, dit-il en forçant un sourire sur ses lèvres. Mais du coup, on est deux clichés, non ?

— Comment ça ? demanda Aurélien, confus.

— Le sportif et le littéraire. Je suis sûr que t'es le premier de ta classe, dit-il en lui faisant un clin d'œil.

— Quand même pas, rougit Aurélien. Il y a des matières dans lesquelles je m'en sors pas...

— Vraiment ? rit Guillaume. Moi il doit bien y avoir une ou deux matières qui me sauvent, c'est tout ! »

Aurélien le regarda comme s'il attendait où il voulait en venir et il sourit :

« On pourrait être le cliché d'une pauvre histoire d'amour impossible. »

Aurélien se mit à rougir de plus belle et il rit :

« Allez je vais te laisser lire en paix. À plus, Orel. »

Il se leva et tourna les talons, le visage rouge cramoisi. Il avait osé dire un truc aussi niais et ridicule. Une pauvre histoire d'amour impossible ?! Putain, il était vraiment mal barré.

Fiction OrelxGringe - Le pari.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant