Jour 18

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Seule l'adrénaline me maintient éveillée. Pas de repos. Nous somnolons à peine, tout bouge sans cesse. Nous somme une coque de noix dans la tempête. Lorsque nous sommes dehors, nous luttons pour rester debout, les vagues sont plus hautes que nous, nous glissons, nous accrochons tant bien que mal à tout ce que nous pouvons trouver. Lorsque nous sommes à l'intérieur, tout bouge, tout balance, nous avançons comme si nous étions complètement ivres, nous tenons à peine debout. J'ai l'impression d'être dans une boîte que l'on secouerait depuis maintenant deux jours, mais il faut prendre son mal en patience, la tempête va bien se finir un jour ou l'autre.

Alors qu'Amalric et moi étions retournés à l'intérieur pour faire une pause, Julien est descendu en quatrième vitesse pour nous demander de remonter car une voile venait de se déchirer. Nous voilà donc ressortis.

Je viens de passer tout juste une heure dehors, et je suis exténuée. J'ai la tête qui tourne. Je suis fatiguée. J'ai envie de pleurer d'épuisement. J'ai peur de tomber, de me retrouver dans l'eau, de ne pas pouvoir remonter à bord, de me noyer et de laisser mes compagnons dans cette galère. Je suis trempée et j'ai froid. Le manque de sommeil me rend grincheuse, mais impossible de dormir : je suis brinquebalée d'un côté à l'autre de ma couchette. Je n'arrive plus à écrire. Je n'ai plus envie d'écrire. 

60 jours en mer - on est tous dans le même bateauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant