Jour 23

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Décidément, on dirait qu'il nous a fallu vingt jour ensemble et une tempête pour que l'on commence à se livrer les uns les autres. Ce soir, c'est avec Julien que je suis de service. Il n'y a pas grand-chose à faire : la mer est calme, la météo clémente. C'est la première fois que nous sommes en binôme la nuit. Nous restons tous les deux à la barre, vérifiant de temps à autre les voiles et les nœuds.

- Alors, comment tu trouves l'expérience ? Tu t'en sors ?

- Ça va... Des fois c'est dur, mais nous le savions avant d'embarquer.

- Élouan est très patient, c'est une chance. Pourquoi t'es venue ici ? Pourquoi avoir choisi de vivre deux mois sur un bateau ?

- Et pourquoi pas ? J'avais besoin de changer d'air, de me perdre, de ressentir les forces de la Nature... et puis, j'ai toujours aimé la mer, alors je me suis dit : pourquoi ne pas tenter ma chance! La vie est courte et ce n'est que deux mois.

En y repensant, je ne sais pas s'il y avait d'autres réelles raison. Je voulais vivre autre chose, ailleurs, avec d'autres personnes ; découvrir d'autres choses, d'autres façon de vivre, d'autres activités, apprendre d'autres choses, découvrir d'autres cultures, vivre d'autres choses, voir autre chose, d'autres paysage, ne plus voir de ville, m'Adapter à un environnement différent, parfois hostile, parfois dangereux, mais parfois si splendide et unique ; jouer entre la vie et la mort, toujours tout remettre en question, ne parer qu'au plus pressé, qu'au plus urgent, juste pendant deux mois : Vivre.

Julien me raconta qu'il avait voulu retenter l'expérience. Il voulait à nouveau être sur l'eau, il était comme attiré par cette masse d'eau incontrôlable, et, depuis quelques années déjà, il rêvait d'en apprendre d'avantage sur le fonctionnement des bateaux, sur la vie en mer, loin de tout. D'aussi loin qu'il se souvenait, il avait toujours était impressionné par ces hommes qui quittaient tout pour devenir marins, il avait toujours était passionné par les grandes expéditions d'antan, il avait vu tous les reportages. Il parlait mais je ne l'écoutais que d'une oreille. Je me questionnais sur mes propres choix. Qu'étais-je venue chercher au juste ici ? Il y avait eu un ras-le-bol dans ma vie, un manque d'oxygène, et puis cette opportunité. Je n'avais pas réfléchis, j'avais écrit à Élouan, j'avais dû l'interpeller, le toucher, ou bien il lui manquait vraiment une personne, je ne sais pas... et ne le saurais probablement jamais, toujours est-il qu'il m'avait appelé une semaine après pour me donner d'autres détails et me confirmer l'heure et le lieu du rendez-vous, trois jours avant l'embarquement.

Tout est sombre autour de nous, tout est calme. La nuit nous enveloppe de son doux châle noir.

Il est tard, ou tôt je ne sais plus trop. Notre quart de veille est bientôt fini. Les premières lueurs du jour pointent leur nez à l'horizon. Le ciel s'éclairci petit à petit. Une belle journée s'amorce. Le ciel se teinte de rose pâle, bientôt le soleil fera son apparition. Shan boit son café face à lui, assit sur le pont, il attend. Tout est calme. On entend seulement une légère agitation en bas : nos compagnons se réveillent. Une odeur de pain grillé nous signale que nous allons bientôt être remplacés. 

60 jours en mer - on est tous dans le même bateauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant