Jour 47

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J'ai passé la matinée sur le pont avec Shan, à travailler; puis, quand Julien et Snoo sont venus nous relayer, nous avons continué à farfouiller dans les cordes, et à nous affairer sur le pont. Je sais déjà que l'air marin va me manquer, mais pas le temps de penser aux lendemains, il faut vivre l'instant présent à fond et ne rien regretter.

Une rapide sieste cette après-midi et nous voilà à nouveau tous les deux pour notre quart de service. La mer est calme. Nous discutons tranquillement. Pas un nuage dans le ciel, rien que le soleil qui réchauffe notre peau. Je suis tellement bien. Apaisée. Cette nuit, c'est au tour d'Élouan et Julien d'être de garde. Quand ils sont venus nous remplacer, la nuit était tellement claire que ni Shan ni moi n'avions envie d'aller rejoindre nos couchettes. Nous avons avalé un repas léger, trop impatient d'être à nouveau dehors. Nous sommes allés vers la proue. Assise en tailleur, j'étais là, à ne rien faire, à ne penser à rien, juste à apprécier le paysage, à scruter l'océan noir. Au bout d'un moment, courbaturée, je me suis allongée sur le ventre. Shan s'était allongé sur le dos à quelques mètres de moi. Nous étions chacun dans nos pensées : moi à regarder le noir de l'étendue d'eau et lui à admirer le ciel; en silence. 

À la première étoile filante qu'il aperçut, je me retournai pour nous retrouver tous les deux à nous perdre dans les milliers d'étoiles qui nous servaient de toit. Combien d'étoiles nous regardaient ? Des milliers d'années lumières nous séparaient de ces petits points lumineux. Nous restions là, allongés, bercés par le roulis des vagues, ce balancement du bateau qui nous rassurait et dont nous n'avions plus conscience à la longue. Chaque seconde qui passe m'apaise. Tout est calme. Je sens ma respiration qui ralenti. Je me sens tellement bien. Coupée de tout. Coupée du monde. Loin de la frénésie des foules. Juste allongée sur un bateau, avec l'océan pour horizon et la voie lactée pour toit. Je ne sais combien de temps je suis restée allongée, le dos à même le bois du pont, mais l'air est devenu plus frais, une brise légère me caressait le corps, comme un voile de soie alors, la fatigue aidant, je me suis résignée à regagner ma couchette pour coucher sur le papier mon bien-être. J'aurais pourtant tant aimé dormir à la belle étoile. 

60 jours en mer - on est tous dans le même bateauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant