Chapitre 25

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Face à lui se présente une étendue d'une blancheur aveuglante. Une immensité de vide immaculé. La friche urbaine n'est plus. Léa, Malik et Ben ont disparus, l'ancienne décharge toute entière s'est volatilisée. Enzo voudrait se retourner dans l'espoir de retrouver un monde tangible derrière lui, quelque chose de concret à quoi se raccrocher pour échapper à ce cauchemar, mais il est totalement tétanisé. En équilibre précaire sur la palissade, il se sent basculer vers le néant. Aussi loin que porte son regard il n'y a rien en face de lui hormis cette lumière aveuglante qui s'étend à l'infini. Sans pouvoir se contrôler, il pousse un cri qui s'éteint aussitôt après avoir quitté sa bouche comme avalé par le vide.
Sensation terrifiante.
La lumière blanche l'attire irrésistiblement. Un froid glacial pénètre en lui par tous les pores de sa peau, Cette blancheur n'a rien de la pureté qu'on lui attribue d'ordinaire. Elle est implacable, habitée d'une haine absolue pour toute forme de vie qu'elle conçoit comme une erreur, une anomalie qui n'a pas sa place dans l'univers. Enzo se sent dévoré de l'intérieur par cette force destructrice qui cherche à l'anéantir. De minces filaments blancs, comparables à de la toile d'araignée commencent à s'agripper à lui et l'entraînent irrémédiablement vers le vide. Alors qu'il lutte de toutes ses forces pour ne pas basculer, il sent qu'une main s'agrippe à lui et le tire en arrière avec vigueur. Il rassemble tout ce qui lui reste d'énergie pour accompagner le mouvement et s'arracher à la force qui cherche à s'emparer de sa vie. Les assauts redoublent mais Enzo se débat et avec l'aide de son allié invisible se défait à grand peine des filaments. Il bascule enfin du bon côté et chute dans la rue. Une rue dont la réalité bien concrète n'a jamais été aussi rassurante. Quelqu'un l'aide à se relever. Quelqu'un qu'il ne connaît que trop bien puisqu'il s'agit de « L'homme ». Celui par qui tout est arrivé. 

─ Suis-moi, il ne faut pas perdre de temps, lui dit-il sans plus d'explications. 

Enzo, jette un regard à la palissade. Il n'entend plus les cris de Ben et de Léa. Sa raison vacille. Il se sent perdre pied. 

─ Allez viens. 

« L'homme » le prend par la main et l'entraîne loin du terrain vague. A présent, ils courent dans les rues désertes. Chacune d'entre elles débouche sur des paysages désolés essentiellement constitués de ruine. La vie semble avoir déserté la ville toute entière. On se croirait dans une cité dévastée par des bombardements. Enzo n'a plus la force de se révolter contre cette hérésie de plus. Il suit « l'homme » comme un automate. Leur course effrénée s'achève devant une maison de ville aux volets clos. Elle a tout d'une demeure abandonnée mais c'est le seul édifice encore debout. Aucune âme qui vive aux alentours. Un silence total. « L'homme » ouvre la porte d'entrée et invite Enzo à le suivre à l'intérieur. 

─ Tu voulais des réponses n'est-ce pas ? alors entre. Qu'est-ce que tu attends ?

Avant de partirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant