Chap.24 : Cafard et Relation

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Je dépose mon rapport sur le bureau du major. Il termine notre entretien d'un bref silence préférant sûrement garder les questions pour plus tard. Après tout, il n'est pas seul. 

Avant de quitter la pièce, je dépose un dernier regard vers le personnage assis en face de lui. Son apparence me pousse à croire qu'il occupe un poste important et qu'il a un lien avec le mensonge que j'ai répandu auprès des capitaines des brigades spéciales avant de rentrer. Fort heureusement, je les ai devancé en envoyant Elizabeth deux jours plus tôt pour un rapport non-exhaustif de la situation. 

Ayant assuré mes arrières grâce à ce procédé, je n'ai fais que déléguer le sale boulot au major. 

Je lance un oeil à travers la fenêtre constatant que la nuit vient de tomber et que presque tous les soldats sont au réfectoire. Ayant pris mon dîner avant d'effectuer mon rapport, je me retrouve libre pour le reste de la soirée. 

Je n'ai pas sommeil et je n'ai pas d'entrainement tardif. Heureusement, je connais la personne idéale à énerver pour tuer le temps.

Mes pas me dirigent vers le bureau des capitaines. Je sais d'ores et déjà qu'il y est car à cette heure-ci, tous les autres capitaines dînent aux côtés de leurs troupes. 

Sans pression, j'ouvre la porte et croise immédiatement son regard éternellement sérieux. Un rictus s'installe sur mes lèvres tandis que je prends place en face de lui. Automatiquement, ses sourcils se froncent sans que je n'ai à prononcer quoi que ce soit.

— Je vais mentir en disant que vous m'avez manqué. Je lance

Il se contente de m'ignorer en dirigeant à nouveau son attention sur le dossier qu'il tient. Depuis le temps, il devrait déjà savoir que m'ignorer ne sert à rien. Après tout, ça m'encourage à l'emmerder encore plus. 

— Deux mois ont passé, j'ai beaucoup de choses à vous raconter. Bien qu'il tente de le cacher, j'ai piqué sa curiosité, il souhaite en entendre plus mais il ne le dira pas, à cela, mon sourire s'étire, je suppose que vous aussi ? Avez-vous reçu les lettres que je vous ai envoyé ? 

Cette fois, son expression change légèrement que c'en est presque indiscernable. J'ai du mal à déchiffrer cet homme et pourtant, je sens que contrairement au début, j'ai réussi à élucider une part de sa personnalité. Si je continue ainsi, je pourrais totalement le comprendre. 

Tenter par l'envie de me jouer de lui, je pousse la comédie.

— Je ne vous cache pas que ça m'a vraiment blessé de n'avoir aucun retour de votre part. Heureusement que je vous connais assez pour pouvoir trouver une justification moi-même. Les Ackerman sont si indifférents. 

Je lance un coup d'oeil discret. Il ne semble plus m'écouter. Un soupir s'ensuit ; et moi qui pensait pouvoir prolonger mon moment. 

Je pose un coude sur la table et colle mon visage sur la paume de ma main. Je coupe le silence en reprenant la parole. Très brièvement, je lui raconte comment s'est déroulé ces deux derniers mois. Je lui fais part de ces moments de doutes auxquels j'ai fais face et évite volontairement la réception où j'ai pu abordé Jovan. 

Tout en sachant qu'il y ait de fortes chances qu'il ne prête aucune importance à mes dires, je continues malgré tout. Je n'ai pas forcément besoin d'être écouté. Ce soir, j'ai simplement besoin de me détendre. Et étrangement, mes pas m'ont mené vers lui. 

Alors que je termines mon récit, je fermes mes yeux et souffle légèrement.

— Je n'ai reçu aucune lettre. 

Surprise, je relève la tête. Pour la première fois depuis que j'ai franchi la porte, son attention est totalement dirigé vers ma personne. 

— Pardon ?

La Pire SoldateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant