Chap.17 : Promotion

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PDV Reader :

Je déteste être au centre de l'attention. Ça m'irrite. J'aime la discrétion, le calme et le silence. Seulement, cela fait partie du passé. À présent, je vais devoir m'habituer à ces choses que je ne supporte pas.

— Tu demandes une promotion ? répète le major Smith quelque peu troublé

Les hauts gradés du bataillon, tous présent dans le bureau du major, s'échangent des regards. Seul le caporal Ackerman garde ses yeux rivés sur ma personne. À le voir, j'ai l'impression qu'il s'attendait à ce que je fasses cette demande.

Dans l'armée, tout fonctionne aux compétences et aux accomplissements. Les rangs ne s'atteignent pas simplement en demandant. Il faut mériter son grade. C'est le cas de toutes les personnes qui me font face : ils ont chacun accompli un exploit qui leur a valu leurs titres actuels.

Bien que des messes-basses se propagent, le major prend de nouveau la parole. Il appuie ses coudes sur son bureau et encre son regard dans mes iris c/y.

— Pourquoi devrais-je accéder à ta requête ?

Il n'a pas refusé de suite. Cela signifie qu'il y a de fortes chances qu'il accepte si je choisis bien mes mots. Je dois lui dire ce qu'il veut entendre sans pour autant faire de belles promesses.

— J'ai longuement réfléchi à votre offre. Je m'arrête volontairement, il arque un sourcil, il se souvient, je vais contribuer à la réalisation de vos idéaux. C'est pour cela que je demandes une promotion.

— Je vois où tu veux en venir. Néanmoins, que comptes-tu faire après avoir obtenu cette promotion ?

— Je me rendrais à la Capitale et demanderai une audience avec un supérieur politique. Je souhaite ouvrir une voie de négociation entre le bataillon et les parlementaires. Ils n'écouteront pas un simple soldat, mais il en sera autre si je me présente en tant que porte-parole du major Smith.

Un sourire prend place sur ses lèvres. Je parviens à distinguer la faible lueur de détermination dans le regard perçant de mon supérieur. Tandis que ses subordonnés me dévisagent, il songe sérieusement à mon plan. Je savais que de tous les soldats du Bataillon, le major pourrait comprendre mes démarches sans que je ne lui explique mille-et-une-fois. Il est fort probable qu'il impose ses conditions, j'y ai pensé bien avant.

— Soldat T/n, je suis en mesure de t'accorder ce que tu demandes. Le soucis c'est comment justifier auprès des autres supérieurs la promotion de « la pire recrue ». Il est ferme et semble attendre une réponse claire de ma part, que vont-ils penser de cette soudaine ascension ? Tu n'es là que depuis quelques mois et jusqu'à preuve du contraire, rien n'appuie ce rang que tu désires. Tu n'as aucun accomplissement à ton actif. Il termine d'une voix tranchante

Cette fois, c'est à moi de sourire. La tête haute, je réponds, sûre de moi.

— Depuis quand le Bataillon se soucie des conventions sociales ? Certes, je n'ai pas de bagages comme vous tous ici présents, mais ce n'est que temporaire. Si vous me soutenez aujourd'hui, je vous rendrai la pareille dans le futur.

— C'est risqué. commente Hanji Zoé

— Vous avez toujours pris des risques. je réplique

L'ambiance se corse. Je me prépare à quitter la pièce en les laissant réfléchir toutefois, on me retient.

— Mais est-ce que ce risque en vaut la peine ? relance un des chefs d'escouade

— Vous le verrez de vos propres yeux. je déclare d'une voix tranchante

Je n'ai pas de garanti à leur fournir. Malgré tout, je sais que si ma requête est acceptée, le poids sur mes épaules s'alourdira. Je vais devoir porter plusieurs masques et faire des choses que je n'aime pas. Ce rôle, je vais l'endosser. La pire soldate va monter les marches en partant de rien.

La Pire SoldateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant