Be my slave

XVI

Le néant... C'est à peu de chose près ce que ressentait Hermione à cet instant. Elle flottait dans une sorte d'état cotonneux et ne parvenait pas à ancrer son esprit à la réalité. Ses pensées allaient et venaient sans qu'elle n'arrive réellement à reprendre pleinement conscience.
Souvent, elle ressentait de la panique et une impression de suffocation, mais elle savait maintenant que c'était lorsqu'on lui faisait ingurgiter de force diverses potions toutes plus amères les unes que les autres. Il y avait aussi des moments de bien-être, lorsqu'une voix calme et douce lui disait des mots qu'elle ne comprenait pas, puis lorsqu'on lui caressait les cheveux. Puis il y avait « les » moments, ceux où elle se sentait prisonnière de son corps, en proie à une frayeur et une agitation incontrôlable. Ces moments où tout s'assombrissait autour d'elle, ou elle revoyait des images fugaces d'êtres aux corpulences exagérément menaçantes et aux visages monstrueux, qui lui inspiraient la plus grande terreur. Elle voulait courir, mais elle faisait du surplace, et à chaque fois qu'elle se retournait pour voir si elle parvenait à distancer ces créatures qui voulaient lui faire du mal, elle se rendait compte avec horreur qu'elles se rapprochaient, au contraire. La panique intense faisait accélérer son souffle, et battre son cœur à tout rompre. Elle se débattait, au point de rejoindre la réalité, et au sentiment de claustrophobie de son rêve s'ajoutait celui d'être prisonnière de ses couvertures, qui après sa lutte invisible contre le mal s'étaient enroulées autour d'elle.

Elle ouvrait alors les yeux, pour finir par retomber dans un sommeil sans rêve.

Son ventre brûlait. Elle ignorait si l'odeur qu'elle sentait était bien de la soupe au potiron, ou si elle avait tellement faim qu'elle l'imaginait, mais toujours est-il que son estomac criait famine. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé ? Depuis combien de temps était-elle, même, dans cet état second ? Elle eut soudain comme le sentiment que c'était le moment pour elle de se réveiller.

Hermione pouvait deviner derrière ses paupières closes que la lumière pénétrait bien dans la pièce où elle se trouvait. Elle grimaça d'avance en imaginant la douleur qu'elle allait éprouver aux yeux, avant de les ouvrir très lentement. Comme elle s'en était doutée, la lumière l'aveugla douloureusement l'espace de quelques secondes, le temps que ses pupilles s'habituent à la clarté ambiante. Une fois accoutumée, elle ferma plusieurs fois les paupières en faisant rouler ses yeux pour rendre à sa vision toute sa capacité, mais il n'y avait rien à faire, elle voyait encore un peu flou. Ça passerait avec le temps, finit-elle par se dire.

Son regard parcourut tous les recoins de la pièce pour tenter de savoir où elle se trouvait. Une chose était sûre, vu le confort du lit, elle n'était pas dans sa chambre.

L'espace d'un instant, elle eut l'impression d'être à Poudlard, mais dans un cauchemar où elle aurait été répartie chez Serpentard.

Des écussons vert et argent étaient accrochés au mur en face, et un fanion de l'équipe de Quidditch des Serpentard traînait sur le bureau en acajou, recouvert de vieux parchemins.

Il y avait aussi des dessins crayonnés à la main qui rejouaient certaines scènes de Quidditch, ainsi qu'un Nimbus 2001 debout, dans un coin de la pièce. Sur le mur entre une armoire et une commode était accrochée une photo qui servait de cible à un jeu de fléchettes. En faisant un effort de concentration, Hermione distingua avec surprise qu'il s'agissait d'une photo d'elle accompagnée de Ron et Harry. Ils ne devaient pas avoir plus de quinze ans dessus. Elle se rappela que c'était la photo qu'avait pris un des reporters de la Gazette du sorcier, après leur mésaventure au ministère de la Magie, en cinquième année.