Be my slave

III

La nuit d'Hermione fut de courte durée. De peur de rater l'heure du réveil, et de recevoir un nouveau Doloris, elle s'était réveillée à l'aube et n'avait pu se rendormir.

Elle était percluse de douleur. Ses reins la faisaient souffrir, autant parce qu'elle avait dû rester debout une grande partie de la soirée que parce que sa paillasse était inconfortable. Sa pommette contusionnée et gonflée était douloureuse également, tout comme sa lèvre fendue.

Le miroir lui renvoya un reflet au-delà de son imagination. Elle faisait encore plus peur que ce qu'elle avait imaginé. Son œil était cerclé de bleu, tout comme une partie de sa lèvre.

Lorsqu'elle retira son uniforme, elle constata sans surprise que le reste de son corps était dans le même état. Les sortilèges de Camouflage jetés par la patronne de l'établissement « Aux mille plaisirs », afin de ne pas gâcher le désir des clients avec un corps tout esquinté, comme elle disait, avaient cessé de faire effet. Elle retrouva donc ses coupures multiples, ses plaies et ses bleus, dûs aux séquelles des combats, mais surtout aux quelques jours passés à subir les tortures de Voldemort.

Une fois douchée, elle sortit de sa chambre pour aller préparer le petit-déjeuner de Drago.

Le manoir était silencieux, sinistre même. Seuls des craquements du parquet se faisaient entendre. C'était sa première journée ici, et elle avait encore du mal à réaliser ce qui lui arrivait. Il y avait un peu plus d'une semaine encore, elle était quelque part, entourée d'une cinquantaine de défenseurs probablement, à concocter des plans d'attaque visant les Mangemorts ou Voldemort lui-même peut-être, et maintenant, après avoir été capturée, torturée, puis vendue à un bordel, elle avait été achetée par Drago Malefoy, l'homme qui était la cause de sa plus grande douleur, la perte de Ronald Weasley.

Le mois de Juillet avait beau être très chaud cette année, les matins dans ce vieux manoir aux épais murs de pierres n'en étaient pas moins froids. Hermione, vêtue seulement de sa taie d'oreiller, frissonna et se frotta les bras pour tenter de se réchauffer. Ses orteils nus et bleuis étaient douloureux au contact du parquet.

Elle commença par allumer un feu de cheminée dans le grand salon. Sans baguette, la tâche s'avérait ardue, comme à peu près toutes les tâches du monde sorcier à vrai dire. Elle maudit Malefoy qui pourrait l'allumer en une seconde grâce à la magie. Le lui laisser faire à elle était vraiment ridicule.

Après quinze minutes, elle fila dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Son estomac gargouillait à mesure que l'odeur alléchante du thé et de la marmelade se répandait dans la pièce. Et ça n'avait rien d'étonnant, son dernier semblant de repas datait de la veille, à la même heure à peu près.

Cédant à la faim, elle se prépara une tartine beurrée couverte de confiture d'abricot et mordit dedans avec délice. Un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres lorsque la confiture titilla ses papilles.

- Tu n'es pas censée manger avant moi Granger, tu es là pour me servir, non pour t'empiffrer !

Hermione sursauta. Elle n'avait pas entendu Drago venir, elle ignorait même depuis combien de temps il se tenait appuyé au chambranle de la porte.

- Je croyais que tu devais m'honorer de ta présence vers sept heures seulement, fut la seule réponse qu'Hermione trouva à dire.

- Je venais juste faire un tour, pour surveiller que tu ne cherches pas un autre moyen de m'endormir, voire de m'empoisonner.