Chapitre 36

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«You broke my heart. I loved you, okay ? And you broke my heart.»

Octavia :" Clarke ? Ça va ? On dirait que t'as vu un fantôme.
Bellamy : Hey Princesse t'es avec nous là ?
Clarke : Je..je l'ai vue...
Octavia : Qui ça ? Qui est-ce que t'as vu ?
Raven : Je vais lui chercher un verre d'eau.
Clarke : Lexa..elle était là..et...
Octavia : Merde...tu lui as parlé ? Ça s'est bien passé ?
Clarke : Je crois que...Je crois que c'est fini.." répondis-je en relevant la tête pour la première fois.

Je venais de comprendre. Pour la première fois j'avais réussi à formuler ce qui me passait par la tête depuis que j'étais sortie des toilettes. C'était fini. Je l'aimais. Purement. Inconditionnellement. Et pourtant c'était fini. Elle était partie, elle n'avait pas simplement emporté ses affaires, elle était partie et ne reviendrait sûrement jamais. J'avais trahi sa confiance et j'avais mis, en faisant ça, un point final à notre relation. Elle en avait fini avec moi. Avec notre relation, avec notre amour, avec nous tout simplement. Elle avait rencontré quelqu'un. Quelqu'un de sûrement moins compliquée à aimer que moi, quelqu'un à qui elle donnerait sa confiance, son amour, son corps. Quelqu'un qui balayerait définitivement les miettes de ma relation avec elle de son esprit. Elle m'avait remplacée.

J'avais pleuré tellement de jours, j'avais souffert tellement de jours, qu'aujourd'hui, maintenant que la sentence était tombée, je ne ressentais plus rien. Comme si un vide habitait maintenant mon coeur, qu'on lui avait retiré tous les sentiments qu'il avait. Comme si je n'étais plus qu'une enveloppe corporelle sans plus rien à l'intérieur. Elle m'avait vidée. J'avais longtemps cru que je ne connaitrais plus jamais une aussi grande souffrance que celle de la mort de mes parents et de ma soeur, et pourtant ça arrivait. Du moins, cette fois, je souffrais silencieusement. Sans tête qui tourne, sans enclume au coeur, sans pleurs. Sans rien. Le vide. Purement et simplement.

Octavia :" Dis pas n'importe quoi, même si vous vous êtes pris la tête ça veut pas dire que c'est fini, il lui faut juste du temps..
Clarke : C'EST FINI TU COMPRENDS ? JE L'AI PERDUE BORDEL ! J'AI PERDU LA SEULE FEMME QUE J'AI AUTANT AIMÉ, LA SEULE QUI M'AIE FAIT ME SENTIR AUSSI VIVANTE ! C'EST FINI OCTAVIA !" m'emportais-je.

Je savais que je n'avais aucune raison de m'en prendre à elle, elle n'était ni responsable de ma rupture, ni de ma souffrance, ce n'était pas elle la fille avec qui Lexa était maintenant, elle ne cherchait qu'à m'aider. Mais j'avais besoin d'extérioriser. Je savais que tout ça était de ma faute mais pourtant je ne pouvais m'empêcher de chercher un autre coupable sur qui passer mes nerfs. J'avais besoin de décharger toute la haine que j'avais contre moi même contre quelqu'un d'autre. J'avais besoin de ne plus me sentir, l'espace d'un instant, responsable de cette situation.

Clarke :" Je..je suis désolée...je n'ai pas à m'en prendre à toi...
Octavia : T'inquiète pas Clarkie, t'as besoin de te défouler c'est normal."

Elle me prit dans ses bras, sa main caressant mon dos pour m'apaiser. Petit à petit, les larmes cessèrent et ma respiration se fit plus régulière. Les larmes versées m'avaient rendue fatiguée et puisque l'ambiance n'était plus là, nous décidions de rentrer au chalet.

Le trajet se fit cette fois-ci dans le plus grand silence, personne n'osant dire grand chose et moi, ruminant mes pensées. Je m'apprêtais à descendre de la voiture quand une main m'arrêta. Je tournais la tête et vis Octavia.

Octavia :" Tu veux que je dorme avec toi cette nuit ?
Clarke : Non..je ne veux pas te déranger...je finirais bien par trouver le sommeil..et puis je crois que ça me ferait trop bizarre de voir quelqu'un d'autre qu'elle dans ce lit.
Octavia : Alors viens dans ma chambre. Ce n'est pas une proposition, c'est un ordre. Je ne veux pas te savoir seule et mal.
Clarke : Hm..oui merci O'..

En entrant dans le chalet, nous montions tous en nous murmurant un simple "bonne nuit". J'allais prendre un short et un débardeur dans ma chambre avant de rejoindre Octavia dans la sienne, m'attardant en ouvrant la porte, sur cette pièce que j'avais tant aimée, qui avait refermé tant de beaux moments et qui, aujourd'hui, n'avait plus la même saveur. Je regardais ce lit où nous avions passé tant de nuits l'une dans les bras de l'autre, ce bureau où je la revoyais, ses lunettes sur le nez en train d'écrire, cette salle de bain de laquelle elle était sortie en serviette, réchauffant tout mon corps à la minute où je l'avais vue, chaque meuble avait quelque chose qui me rappelait sa présence, chaque meuble avait un peu de Lexa en lui. Comme moi j'avais un peu de Lexa en moi.

Clarke :" C'est fini." dis-je pour moi-même.

Fini. Sans retour en arrière possible. C'était fini. Maintenant il allait falloir que je redonne un sens à cette pièce pour que plus jamais elle ne me fasse remonter les larmes aux yeux, que j'en fasse ma chambre et plus notre chambre.

Une paire de bras m'entoura, le parfum d'Octavia m'arriva au nez, il ne servait à rien que je me retourne. Personne ne parlait. Nous n'avions pas besoin de parler, seuls le silence et ses bras me suffisaient.

Octavia :" Allez viens."

Nous partîmes de la pièce dont je fermais doucement la porte comme pour ne pas faire s'envoler ces centaines de souvenirs qui y volaient.
Je rejoignais à mon tour sa chambre, loin de me sembler familière et aussi chaleureuse que la mienne bien qu'elle l'aie décorée avec goût. Une salle de bain bordait aussi ma chambre, où je me rendais pour enfiler mon pyjama. J'en ressortais quelques minutes plus tard, Octavia étant déjà dans le lit, je me contentais de m'y glisser à mon tour.

Octavia :" Bonne nuit Clarkie"

Je n'y répondais pas. Nous savions toutes les deux que ce n'était qu'une formule de politesse et que je n'allais jamais passer une bonne nuit après cette soirée là. Son souffle qui tapait avant dans ma nuque se fit de plus en plus régulier. Elle s'était endormie. Moi je me contentais de regarder dans le vide, les yeux grands ouverts, impossible de les fermer.

Les images me repassaient inlassablement dans la tête, ses yeux de haine, ses yeux de tristesse, ses yeux qui hésitaient quand j'avais pris sa main. Et puis ses yeux de culpabilité quand cette fille était rentrée dans la pièce. Ses yeux qui m'annonçaient qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre. Ses yeux de rupture. Le sourire de cette fille en regardant la femme qui faisait le mien. Je revoyais tout.

Pourtant, ce soir, j'en avais marre de pleurer. J'avais trop pleuré pour elle, je l'avais pleurée des jours entiers pendant qu'elle riait et embrassait quelqu'un d'autre. C'en était trop. Alors je m'accordais cette dernière nuit pour pleurer, je laissais mes larmes couler à nouveau le long de mes joues une dernière fois et demain, rien ne serait plus pareil.

J'en avais fini. Adieu Lexa, puissions nous ne jamais nous revoir.

Again.◾️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant