Jour 10

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L'odeur de l'hôpital me rentre par les narines.
Draps propres mêlés de sueur, dégringolade des repas sous vide à onze heures, l'éternelle compote, et la marée des toilettes.

Chasse d'eau, toux lointaines, murmure du passage dans le couloir, plainte intransigeante et anonyme de la machine, télévision en dérive.

Les malades, et pour chacun une histoire personnelle. Les infirmières aux mains disponibles, le ballet des blouses et des stylos qui s'enclenchent.
Thème sans variation, les arbres sont battus par le vent, et leurs feuilles, ivres et muettes, se trouvent plaquées à la vitre plastique.

L'ennui poreux de la chambre fait écho à la grisaille du ciel.
Mon front est lasse, mes veines s'enlacent.
Le fusil de mon regard s'est déchargé, maintenant mes yeux sont des puits sans fond.

Bernard constate : « Tu fais peur à voir. »
Il ne parle pas de mon entaille au crâne, il me prend par la main et me dit viens.

Apocalyptic LouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant