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Parti mais petits pas dans le salon ne cachent rien. L'évier goutte car mai pleut dehors, je me fais du café en farfouillant dans les meubles pour une tasse impossible à retrouver. Disparue elle aussi, volatilisée un jour aveugle. 

Les époques s'entremêlent, mes paroles ne sont plus honnêtes. Hier encore la secousse de ton cosmos, mais là je me traîne de pièce en pièce et la lumière blafarde du ciel, celle que tu appelais 'glauque et entêtante', pioche dans mes souvenirs.

Puis elle me souffle dessus, un deux trois grimace mauvaise, torsion d'un poivron sous mon couteau. Tu m'as risquée puis je t'ai contaminé, la fille indolente éteint les sables, le peu m'importe depuis que j'ai laissé tomber le tout. 

Des scaphandriers solaires, du jus de goyave et des feux de menthe. Je me faufile dans les abbayes, j'ignore cette ombre couchée, je me penche vers les nuages et j'éternue. 

Pollen pauvre laine, papyrus papier russe, j'ai jeté tes affaires mardi soir (déversées sur le trottoir). Les putes s'en sont emparées. 

Les deux guitares se font face de part et d'autre de la pièce, elles s'épient et ne chantent plus, j'ai eu terriblement mal à la gorge en pinçant une corde, comme si toute musique était trop dure à avaler. 

J'ai l'estomac vidé comme un tiroir. Les étoiles ne sont plus visibles que dans les miroirs, où elles se reflètent avec insistance. L'incohérence des astres commence. J'oublie


le café.

Je marche à reculons, je feuillette des magasines à l'envers, je descends des échelles, je rembobine les cassettes, débute avec le dessert, me lève épuisée, me couche inchangée.

Apocalyptic LouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant