Course perdu(r)e

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Un inconnu réintègre ma vie, je balbutie sans constance, les cimetières amorphes du petit jour remuent leur exil. 

Ma douleur incontinente, je l'ai promenée en laisse puis, voyant les passants me dépasser avec gêne, j'ai esquivé le public et je suis entrée en coulisse. 

Ici les ombres peuplent les murs, chaque visage s'efface devant le précédent, personne ne pourrait nommer l'un ou l'autre, c'est un monde en hémorragie qui masque son sursis. 

La solitude résulte du grand nombre, je multiplie les propos ambigus sans parvenir à disperser la foule. Neige, savon, des illusions de première vue. Qui es-tu et où m'emmènes-tu, jamais tenue, par la main broyée et translucide ?

Tes os sveltes, ta pâleur légendaire, quelque chose de fragile dans le regard, si sensible que ça en devient dérangeant, cette tristesse lucide, cette fièvre je crois, tes maladies traînées sous les paupières, des cernes de cette nuit dernière où j'ai cru savoir.

Mais ce matin encore, unique au réveil, seule sous le drap blême, incapable de bouger, sous la contrainte de ma démarche spasmodique. Pas de comprimé pour le cœur, l'oubli est disponible et m'attend, je le refuse mais sa dégaine rôde.

Continue continue continue longtemps, parle bas, laisse ta voix percer ces lèvres arides, souffle-moi ton haleine existentielle sur le front, dans le cou, jusqu'à l'intérieur. Claque la porte fort notre maison n'est pas de papier, suspecte l'avenir, mais ne disparais plus, évanoui, bel endormi macabre, trop livide pour le long sommeil, oui la mort saisit, mais je mords aussi. Laisse-moi à mon adoration première, je veux pouvoir recouvrir tes lèvres de ces soupçons de faim dont je n'ai jamais su user, la fin guette mais ne perce pas, j'excède mais ne cède pas, mon genou s'est ouvert en flottant, a saigné en s'ouvrant, chute, puis je te regarde et, chut.

Apocalyptic LouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant