Chapitre 5

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Le lendemain. Soir de la pleine lune.

- Je fais un dernier rappel des instructions. Ce soir nous serons dix groupes de cinq chasseurs. Je veux que les neuf groupes se positionnent dans leur zone respective : à l'est, à l'ouest, au nord, au sud et à la frontière entre la Clairière et le Royaume. Mon groupe sera composé de Harry, d'Ashley, d'Erica et de Crystal. Nous irons au cœur de la Clairière. Quand la cloche retentira, c'est à dire dans moins d'une minute, courez. Ce soir aucun loup ne passera. Une dernière chose : je ne veux aucun loup abattu. Rappelez vous du traité : un humain pour un loup.

Une fois le discours d'Adriel terminé, nous attendions tous à l'orée du bois appartenant aux hommes dans un silence pesant. Pour la première fois de ma vie, j'allais affronter des loups garous. Je savais exactement à quoi m'attendre, en effet, j'attendais ce moment depuis la mort de mon père.

Toutefois j'ai un mauvais pressentiment. C'est inexplicable et profondément ancré en moi. Là-bas au cœur de la forêt Ancestrale quelque chose m'attire.

Le signal retentit : je m'élance dans notre partie du bois avec mes coéquipiers. Nous sautons au dessus des branches mortes et courons à une allure soutenue sur plus de deux kilomètres. Les autres groupes sont déjà en position comme nous l'indique notre montre au signal GPS. Au bout d'une douzaine de minutes on peut déjà apercevoir la forme de la Clairière se dessiner à une centaine de mètre devant nous. J'entends les hurlements des loups. Ils ne doivent plus être très loin. Comme prévu, nous nous mettons en cercle et attendons qu'un loup se jette dans notre piège.

- Il y a un problème. Cela fait cinq minutes que nous sommes ici et toujours aucun mouvement, dis je en commençant à m'inquiéter.

- L'expression à pas de loups, tu connais ? me balança Erica.

- Regarde, ils sont là, dit Ashley calmement.

Sapristi. Les loups garous sont des bêtes énormes et poilues. En fait, ce sont des loups gigantesques, ils mesurent au moins un mètre soixante de hauteur pour les plus petits. Pourtant...

- Les loups garous ne sont pas censés se transformer qu'à moitié ? demandai-je en essayant de cacher mon stress naissant.

- C'est ce que je pensais aussi. Les autres n'arriveront probablement pas à les contenir, ils sont trop nombreux, cria Harry dont la voix était recouverte par le bruit des loups ne cherchant plus à se cacher.

- On ne bouge pas ! On doit les faire reculer un maximum. Harry, ton arc, Ashley, tes couteaux, Erica ton arme.

C'est du grand n'importe quoi. Nous allons tous finir dans la gueule du loup. Ils se mettent à tirer en plein sur les bêtes qui ne sillaient pas, les attaques ne faisaient qu'amplifier leur colère ? Non. Ça leur était strictement égal. Elles continuaient d'avancer vers nous. Il y avait quelque chose qui clochait et nous serions vite débordés. Un grand mâle au pelage brun me fixait tout en s'arrêtant. Il hurla et les loups se mirent à galoper à grande vitesse, une partie passa sans nous prêter attention tandis que trois d'entre eux se dirigeaient droit sur nous. C'est à ce moment que tout s'éclaircit.

- Adriel ! Ces loups sont bien plus intelligents que les autres, ils ne passeront pas la frontière !

- Comment peux tu affirmer une chose pareille ?

- C'est une diversion, la vraie menace est ailleurs, dis-je en pointant la forêt Ancestrale du bout de mon pistolet.

- C'est en terrain inconnu, c'est impossible de s'y aventurer cela ne fait pas parti des accords !

- Tout comme les armes à feu ! Qui a eu cette idée stupide ?! vociférai-je.

- Un coup de main serait le bienvenue ! Merde Erica ! s'égosilla Ashley.

Un gros loup blanc venait de prendre Erica entre ses crocs et retournait vers leur partie du territoire, j'avais vu juste. Une vie pour une vie, un accord brisé était un accord brisé. Si je ne vais pas la récupérer, je crains qu'elle ne revienne que grièvement blessée. Sans demander la permission à Adriel, je pars vers la Forêt mais ce dernier agrippa mon bras le temps d'une seconde.

- Crystal ! Sois prudente. Je ne pourrais pas venir te chercher au delà de la limite.

- Je ramènerai ta fiancée indemne, tout ira bien, lui dis-je en esquissant un sourire rassurant, voyant qu'il se faisait du soucis.

Je courais aussi vite que je le pouvais, laissant derrière moi les autres guerriers qui avaient de faibles chances de gagner ce soir. J'arrive à la lisière de la Forêt Ancestrale. Je vais si vite que je ne vois plus les détails du paysage défiler autour de moi. 

Le loup n'est plus très loin. Il vient tout juste de relâcher sa proie inconsciente sur le sol et s'empresse de galoper vers moi. Flûte. Dans mon élan je saute sur lui sans réfléchir et à ma grande surprise, j'arrive à le repousser. L'adrénaline ? Oui sûrement.
Je commence à lui asséner des coups, jusqu'à ce que le rapport de force se rééquilibre , à mon désavantage : il m'envoya valser d'un geste de la patte . Le choc avec le sol est rude, mais je n'abandonnerai pas. Il faut que je sauve Erica... Où était elle passée ? Je tourne la tête et la vois se diriger vers les autres. Erica avait fui. Sans le savoir, je venais de me sacrifier, et elle, s'enfuyait lâchement.

Une douleur insoutenable surgit dans mon épaule, je revins au moment présent. La bestiole venait de me griffer en m'arrachant mes vêtements au passage. Ma tête se mit à tourner, il devait y avoir du venin. Je puise dans mes ultimes ressources pour me relever face au loup, avant de repartir en courant pendant quelques secondes. Je perds beaucoup trop de sang pour continuer. Vite, il faut que je me mette à l'abri, sinon je risque d'y rester. La première chose que je trouve est un arbre, logique dans une forêt, mais peu pratique.

<< Je suis foutue >> pensai-je.

Le loup blanc sprinta en ma direction. Plus il s'approche, plus je vois la mort arriver à grand pas. Je garde les yeux ouverts et la lutte démarre pour ne pas que je m'évanouisse. Je veux que la créature me voit, qu'elle me regarde avant de me tuer.

Or, il n'en n'aura pas l'occasion. Sortit de nul part, l'énorme loup brun de toute à l'heure se jetta sur lui, et l'obligea à se soumettre. C'était l'Alpha. 

Il se tourne vers moi et me porte un léger coup de museau dans l'épaule. Nos regards se croisèrent puis ses yeux étincelants furent mon dernier souvenir avant que je ne perde connaissance, à bout de force.

***

Les Âmes LunesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant