La Terre a bien changé. Elle est ravagée par des guerres entre des armées de Seigneurs de Guerre qui cherchent à prendre possession des dernières villes civilisées. En effet, depuis la Fracture, la magie afflue partout sur terre, elle donne à la Nat...
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La station de Washinosu se dressait à près de deux cent mètres du niveau de la mer, sur un python rocheux qui lui donnait cette apparence étrange de nid d'aigle.
A son sommet se trouvait un petit bâtiment de bois où étaient suspendus des éoliennes blanches, les étendards officiels du Dongnan et du district d'Outremer, qui donnaient le sens du vent.
Accroché par de longs câbles d'acier, un téléphérique en deux parties, semblable à une fourmi géante, crachotant une fumée noire, revenait rapidement vers l'îlot de Washinosu après sept kilomètres de ballottements au-dessus de la mer.
Ces îles trop hautes, ces ports de pêche au milieu de nulle part, étaient la raison principale du manque de développement de l'Outremer. A part au centre des îles principales, il n'y avait pas de routes. Que des voies ferrées au milieu des montagnes ou bien des téléphériques et funiculaires reliant les îles.
Les gens élevaient des buffles ou des chevaux s'ils pouvaient et qu'ils avaient besoin de se déplacer souvent. Après tout, la Nature ici était trop forte, malgré les efforts des moines exorcistes. Toute technologie alimentée par la magie aurait été rapidement envahie par la moisissure et la végétation.
Et puis, le Dongnan n'avait jamais investi dans cette colonie qu'était l'Archipel, par manque de temps, de moyens et avant tout d'intérêt. L'Outremer rural et peu développé restait un lieu pauvre dans les imaginaires, et il était nécessaire qu'il le reste. Que ferait le Dongnan d'une armée de marins rebelles, terrasseurs de calamars géants, s'ils étaient aussi armés de technologies modernes ?
Yuya, caché sous l'escalier de la station, regardait le wagon ralentir en approchant. Il avait déjà repéré plusieurs moines qui attendaient le téléphérique. Il fallait qu'il trouve un moyen de monter à bord sans qu'ils le remarquent, ce qui lui semblait absolument impossible.
Le wagon pouvait contenir une trentaine de personnes, ni plus ni moins, et un renard avec un baluchon ne passerait certainement pas inaperçu au milieu de si peu de monde.
Sa seule option était de se dissimuler dans la cargaison. Sans se soucier des passants qui montaient les escaliers à flanc de roche de l'île, il redescendit d'un niveau, là où la marchandise était préparée pour passer dans le téléphérique.
Alors qu'il s'approchait de petites caisses de bois, il tomba nez-à-nez avec un grand moine portant les vêtements bruns d'une secte d'adeptes de l'Abhidharma, un des plus anciens textes du bouddhisme.
C'était un homme d'une quarantaine d'années aux traits épais, presque difformes tant ils étaient marqués par les assauts du vent et du soleil, dont le crâne rasé était marqué d'une vieille cicatrice en forme de griffe.
A la base de son cou, Yuya pouvait voir le début d'un tatouage représentant la queue d'une baleine. Un ancien marin ? En voyant le renard, le moine eut un mouvement de recul, surpris, puis il s'agenouilla au niveau de l'animal pour le saluer. Yuya resta immobile, inquiet.
