Hope [YoonSeok]

IV. radio

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_____________pdv Yoongi___________

Il est 7h du matin, Yunmi vient de partir au travail. Elle m'a dit qu'elle avait plusieurs ménages à faire chez des gens jusqu'à midi, et un rendez vous pour un autre job dans l'après-midi. Quand elle m'a parlé d'avoir un troisième boulot, je lui ai fait comprendre que c'était déjà beaucoup deux jobs, mais elle est partie sans m'écouter.

Ça me fait mal au coeur, quand le soir elle rentre à pas d'heure, épuisée par ses deux jobs. Parfois elle rentre très tard, quand je suis déjà couché. Et je suis loin d'être un couche-tôt. Cela n'arrive plus trop souvent ces temps mais, à une période, elle ne rentrait qu'au petit matin. Elle faisait le moins de bruit possible et rejoignait sa chambre en catimini pour ne pas me réveiller, mais je savais. Je savais bien pourquoi elle ne rentrait pas le soir, pourquoi elle réapparaissait plus faible encore, fatiguée et vide de joie, pourquoi elle tentait de cacher ses vêtements en lambeaux, et pourquoi je l'entendais pleurer sous la douche. Je savais et pourtant je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas lui interdire de sortir et de travailler, je ne pouvais pas l'empêcher d'aller gagner les maigres salaires qui contribuaient en grande partie à rembourser nos dettes et à payer les taxes et frais de la prison. Et puis j'ai eu beau insister sur le fait que son boulot au bar n'était pas une bonne idée, elle ne m'a jamais écouté. Une vraie tête de mule. Un peu comme moi.

J'ai cherché, cherché et encore cherché des employeurs pour qui le fait que je sois incapable de me déplacer n'est pas important, mais mes explorations n'ont jamais abouties. À croire que je vais passer ma vie dans ce rôle de parasite inutile. Mais croyez moi, j'aimerais en sortir de ce rôle. Je ferais n'importe quoi pour l'aider, n'importe quoi, seulement, à cause de mes jambes, je ne peux rien faire. Oh que diable j'aimerais être un citoyen normal qui va travailler comme tout les autres citoyens, qui contribue au fonctionnement et au développement de la société, qui fait partie d'une communauté, un citoyen utile quoi. Mais le seul moyen que j'ai trouvé pour gagner un peu d'argent, ce sont les sondages en lignes. Grâce à ça, j'ai gagné vingts euros en deux mois. Ça me rend fier de pouvoir aider un peu, même si vingts euros c'est presque rien.

Maintenant tout seul, je m'ennuie. Dehors il vente fort et je suis bien content d'être à l'intérieur, bien au chaud. Si j'en avais la force et la capacitées, autant physiques que financières, j'irais donner un peu de nourriture aux gens qui n'ont pas le luxe d'avoir un toit et qui dorment dehors.

Il est encore tôt, pourtant je suis déjà réveillé depuis un bout de temps. Insomnies. Si je ferme les yeux, je ferai des cauchemars. Encore et toujours les mêmes. Alors je ne ferme pas les yeux. Je les garde sur le plafond, et cherche une source d'occupations pour qu'ils ne se referment pas. Mais au final mes tympans sont trop maltraités pour que je puisse m'endormir. Avant de partir, ma soeur a allumé la radio, et elle a oublié de l'éteindre. J'ai envie d'aller étriper l'objet. Il n'y passe que des chansons cucul la praline qui commencent à me taper sérieusement sur le système.

《... I willlll alwaaaaaays looove yooooooooouuuoooouuuooouuu~》

Je déteste les chansons d'amour. Comme les couples dans la rue qui se tiennent par la main et qui s'embrassent à pleine bouche, devant tout le monde, sans gêne. Beurk. Et comme les films à l'eau de rose que Yunmi adore. Ça m'horripille. Ça me dégoûte. Je me demande vraiment comment elle fait pour supporter ça. Bon, je ne l'avouerai jamais mais, si je les déteste autant et que ça me dégoûte à ce point, c'est parce que ça me rapelle que je suis et resterai probablement toujours seul et inutile dans ma chambre, tel un pantin désarticulé abandonné par son marionnettiste.

Actuellement et ce depuis trentes minutes, j'essaie de ramper sur le sol à la seule force de mes bras, pour aller violenter la radio. Mais c'est peine perdue, la radio est placée en hauteur sur le plan de travail de la cuisinière, et même assis sur le sol, les bras tendus je n'arrive pas à l'atteindre. Triste vie.