Chap 10. Le Dragon et le liseur

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Par cette question, Tåvie avait au moins levé les yeux de ses rapports et de ses colonnes de numéros. Elle haussa un sourcil discret, qui frôla sa frange courte.

  - Pourquoi ?

  - Je me suis fais étrangler et griffé par votre soeur, croyez-vous que c'est une raison valable ? Demanda Orphée de sa voix grave en caressant l'écharpe, qui dormait sur ses genoux.

Tåvie semblait prendre en considération le problème, avant de répondre.

  - Un peu plus que cela même. Bien, elle se leva toute élancée et fine qu'elle était et retroussa son joli chemisier blanc, commençons par le commencement. Que voyez-vous ?

Tåvie venait de retrousser ses manches jusqu'aux coudes. Orphée fronça les sourcils derrière ses lunettes et sa frange. Il venait de les voir. Des cicatrices, mais cette fois, qui traçaient dans la chair des entrelacs noués comme le tatouage de Borromee. Qui lui avait cela ? Pourquoi ?

  - Des marques.

Tåvie enchaîna, parfaitement calme.

  - Exactement. Différentes de l'encre noire je présume, mais elles sont là pour une certaine signification clanique, même si je suis une bâtarde. L'emplacement est important. Pour le reste, ce que Freyja vous a fait ressentir ressemble à...

  - Une illusion. Complèta Orphée.

  - Oui et non. Claqua Tåvie en sortant sa montre à gousset. Notre pouvoir, appelé les griffes, est un prolongement de notre système nerveux et qui attaque celui de notre victime.

  - Mais tout cela n'est pas vraiment tangible, si ?

Tac tac, fit la montre. Le temps était toujours aussi infecte à l'extérieur. Les petits carreaux des fenêtres étaient à peine frôlés par la lumière en pleine après-midi.

  - Le cerveau fait croire au corps que la douleur est réelle et ainsi soit-elle. Murmura Tåvie.

  - Comment se défaire de cette impression ?

Tåvie plongea ses yeux métalliques dans la frange.  Ses ciactrices laiteuses traversaient son sourcil et sa tempe pour l'autre.

  - Avoir de la volonté et persuader son cerveau que le corps ne souffre pas vraiment.

  - Je vois. Marmonna Orphée en plongeant dans ses pensées.

Il venait d'avoir une idée. Juste pour s'amuser et passer le temps. Quelque chose de physique.
Alors qu'il croyait la conversation terminée, il remarqua que Tåvie était toujours debout, à l'observer.

  -Voyez-vous ce temps au dehors ? Fit-elle faussement étonnée. C'est une illusion pathologique reliée au propriétaire, donc mon oncle. Êtes-vous en différend avec lui ? Dans tout les cas vous devez vous réconcilier.

Orphée serra les poings. En différend ? Borromee ne lui pardonnait pas pour son escapade, il était vexé d'être enfermé et parfaitement désagréable. C'était le moins qu'il puisse dire.

  - Peut-être que l'éloigner de Fharazad et de son propre enfant sur votre ordre, ce n'est pas une bonne idée.

Tåvie fronça les sourcils, dégageant ses longues nattes blondes derrière son dos.

  - Non. Entre vous. Insista-t-elle. La dernière fois que Borromee faisait régner un temps pareil au manoir, c'était avant un duel à mort avec un courtisan. Je vous laisse deviner qui a gagné.

Borromee, sinon il ne serait pas là. Un duel à mort ? Cela pouvait être très intéressant.
Au même moment, comme arrivé à point nommé, l'oncle de Tåvie débarqua dans un bel ensemble sombre, du pantalon à sa chemise à volants.

ORPHÉE & TÅVIE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant