Chap 7. Étranges coutumes

292 25 158
                                    

Tåvie était partie, faire ses affaires d'intendance. C'était tellement vague, qu'il se demandait encore à quoi cela rimait ?

Le soleil s'était levé dans l'étrange jardin d'automne. Il avait vu ses deux nattes s'envoler derrière elle, avant de disparaître par la porte qui venait de nulle part.

Orphée décida de s'habiller, d'un pantalon noir, d'une chemise, de bretelles et d'un veston. Il n'avait aucune envie de se retrouver en couverture, torse nu devant Borromee. Tåvie, cela pouvait passer, mais pas l'oncle. Pistache l'aida avec tout ses habits et l'amèna dans la verrière, pour prendre son petit-déjeuner.

Cette pièce, au plafond et aux murs de verre, semblait encore baignée par le feu de l'aube. Des méridiennes et des fauteuils couleur miel, étaient installés, entre plantes vertes et vaisseliers ornementaux.

  - Vous êtes un lève-tôt, cher Orphée. Glissa doucereusement, une voix beaucoup moins grave que la sienne.

C'était Borromee, assis dans son énorme fauteuil, une tasse de thé fumant dans les mains. Ses cheveux brillaient comme de l'or lisse et ses yeux turquoize semblaient se rire de lui.

  -Vous aussi. Lança-t-il, seulement.

Borromee sourit et lui fit signe de s'asseoir avec lui. Même si cet homme était particulièrement séduisant, Orphée n'avait pas très envie de rester avec lui. Mais, par pure politesse et parce qu'il ne savait pas quand est-ce qu'il allait remanger la prochaine fois dans la journée, il s'affala contre les coussins.

Borromee le regarda avec pitié. Comme un pauvre garçon de campagne. Après tout, derrière ses verres gris et sa frange qui lui tombait devant les yeux, c'était bien ce qu'il était. Un provincial doublé d'un étranger.

Orphée ne voulait pas trop se poser de questions. Il se saisit de petits gâteaux et d'une orange. Pistache lui servit du thé, avant de disparaître de la verrière.

  -Enfin entre hommes. Lâcha Borromee.

Orphée avala de travers. Puis, il se rassura en se souvenant des paroles de l'oncle de Tåvie, au dîner d'hier.

  - Vous voulez me parler de votre affaire de... séduction, pour Fharazad ?

Borromee se caressa doucement le menton, impeccablement rasé. Ses cils blonds dansaient avec les rayons du soleil.

  -C'est important, ça a même un rapport direct avec votre survie, ici-haut.

  - La cour, murmura gravement Orphée, n'est-ce pas ?

Borromee hocha la tête, tout en buvant sa tasse. Orphée n'avait pas toute de suite fait attention, qu'il était dans un complet de soie presque mauve et qu'il sentait toujours la rose.

  - Le centre de notre monde, n'est autre que notre esprit de famille. Elle choisit de garder ce qui lui est le plus utile, autour d'elle. Tout le monde se bat pour ses faveurs.

Orphée soupira. Évidemment.

  - Tout le monde, vous voulez dire sa propre descendance ?

Borromee leva un sourcil à ce mot. Il fit un petit sourire et sortit de sa poche un longue cigarette.

  - Vous fumez ?

  - Plus depuis longtemps. Répondit-il du bout des lèvres. Comment avoir ces faveurs ? Et, pourquoi j'en aurais besoin, suis-je vraiment en danger ?

Borromee cracha un nuage blanc.

  - Fharazad prend sous son aile, ce qu'elle juge beau, agréable et divertissant. Certains hommes chanceux sont nommés ses favoris.

ORPHÉE & TÅVIE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant