Tåvie ramena Orphée à l'opéra et quitta le hall sans un mot de plus.
Orphée avait beau avoir la tête à l'envers, l'estomac en vrac, les pensées retournées, il se sentait aussi extrêmement honteux et plein de déshonneur. Malgré lui, il avait jeté Tåvie, sa future fiancée, avec une brutalité qu'il n'aurait jamais aimé entendre de sa bouche.
Certes, il ne l'aimait pas. Mais lui dire, malgré l'honnêteté de la chose, n'était pas nécessaire.
《 Vous perdez votre temps, je n'ai pas d'intérêts pour ça, pour vous...》
Il ne pouvait pas faire pire. Pourtant c'était la vérité, mais il ne savait pas pourquoi mais quelque chose le dérangeait.
Bientôt, nous jouerons.
Orphée se tint le ventre et titubant, marcha dans l'arrière-scène de l'opéra en essayant de se diriger vers l'Antichambre pour redescendre au Clairdelune. En déambulant, avec un certain malaise totalement épique et horrifiant, Orphée entendit une voix qu'il reconnu au niveau des rangements des costumes.
Athénaïs et un noble dans la quarantaine, plutôt joli garçon, en train de roucouler. La tête qui tournait, Orphée resta silencieux. L'ambassadrice se tenait assise sur les jambes de l'aristocrate et lui, allongé.
- Je hais Fharazad. Lança-t-elle, puis elle lui mordit l'oreille.
- Il était évident que vos frères allaient l'intéresser pourtant. Ne me mordez pas ! Coquine. Portez plutôt votre amour jaloux sur moi, ma chère.
Parmi les arlequins, les crinolines, les manches ballons, les drôles de couvre-chefs, les masques, les fausses parures, Athénaïs pencha un regard dépourvu d'expression émotive sur le noble.
- Enfin, baronnet Cassandre, c'est impossible, vous ne m'êtes d'aucun intérêt, vraiment.
Le baronnet soupira et laissa tomber sa tête sur le coussin.
- Vous êtes tellement franche. Je vous chasserai si vous n'usiez pas de votre charme.
Athénaïs se pencha alors sur le corps musclé et passa une main sur la joue rasée, délicatement.
- Laissez-moi vous faire de nouveau rêver. Voulez vous recommencer, Cassandre ? Ronronna-t-elle.
Le baronnet eu alors une impression de pantalon trop à l'étroit.
- Je ne peux rien vous refuser.
Avant la première galipette, Orphée se détourna de la garde-robe. Il ne voulait rien savoir. Rien voir. Rien vivre.
Jouons encore et toujours. Je vous attends...
Orphée commença à courir dans l'opéra totalement vide et se précipita vers l'ascenceur. Une énorme masse ni homme, ni femme, qui sentait le tabac et les vieilles choses attendait devant les grilles d'or.
La Mère Hildegarde.
Une idée lumineuse lui traversa alors l'esprit. Avec la Mère, tout était possible. Il se dépêcha vers elle et se planta devant sa grosse robe à pois. Elle fumait son cigare. Orphée manqua de vomir, de si peu, cette fois.
- Tiens, la bonne qui lâche la canne. Je t'avoue que te voir ruiner le moment de Borromee m'a raclé la gorge de rire, niño ! S'exclama-t-elle.
Oh oui, jouons pour l'éternité. Vous et moi.
Orphée frissonna. La Mère lâcha un nuage gris de cendre. Orphée avait la tête qui tournait beaucoup trop. Il pointa alors ses propres lèvres et articula lentement le prénom "Gaalad". Après deux tentatives, la Mère Hildegarde finit par comprendre.
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ORPHÉE & TÅVIE ━゙LA PASSE-MIROIR✔
Fanfiction✑ Orphée et Tåvie, les aventures inversées. Fanfiction La Passe-Miroir par Christelle Dabos. Ophélie est Orphée. Orphée est un homme. Thorn est Tåvie. Tåvie est une femme. Les aventures de la Passe-miroir, avec leur genre inversé pour la plupart des...