Chap 5. Un rocher volant

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Quelques heures passèrent seulement - où Orphée récupéra le dessin d'Hilana qu'il avait oublié dans la salle des Cartes pour le ranger dans sa valise - lorsque le sol du dirigeable commença à trembler et les ampoules à crépiter dangereusement. Sans aucun doute, ils étaient en train d'amarrer.

-Monsieur ! Lui fit signe, soudain, la capitaine en second au bout du couloir. Allez chercher vos affaires et accrochez-vous, nous arrivons au beau milieu d'une tempête de neige !

Orphée hocha seulement la tête, alors que la silhouette à l'uniforme courrait dans l'autre sens. Les mains dans les poches, d'un pas plus rapide que d'habitude -il trébucha sur une latte de parquet mal enfoncée au passage - il alla récupérer toutes ses affaires dans sa cabine.

Quelques minutes après, son écharpe lui montait jusqu'aux oreilles. Il avait mit un double manteau, une paire de moufles par-dessus ses gants de liseur beaucoup trop fin et sans parler, de son bonnet. Valise en main, il quitta la cabine et arriva en quatre enjambées dans le sas du dirigeable. Tout l'équipage était là et essayait sous des ordres criés dans tous les sens, d'ancrer la passerelle au sol.

Le dirigeable tremblait, tanguait, sifflait et cela n'aidait pas. Orphée l'aurait fait taire, d'un coup de main animiste, si la surface de l'aérostat n'était pas si grande - donc impossible à se faire obéir. Au même moment, la porte s'ouvrit sur une rafale de neige à couper le souffle, qui gela toute l'entrée en moins de quelques secondes.

Orphée sentit tout ses pores se faire personnellement attaquer par des petites épines. Heureusement que ses yeux, cachés comme à leur habitude, n'en souffraient pas trop. Tåvie qui était couverte de sa fourrure de vison, s'enfonça sur la passerelle et le blizzard, ses nattes s'envolant derrière elle.

-Bienvenue dans ta nouvelle maison. Marmonna Orphée, sarcastique, pour lui-même.

On le débarassa de sa valise, pour qu'il puisse s'orienter sur la passerelle sans un surpoids en plus. De sa longue taille, il s'engagea dans la tempête. Orphée eut l'impression de devenir une stalagmite, sur le champs. La neige trempait son écharpe en un clin d'oeil, il était à moitié aveuglé, son nez le brûlait, le froid était inssuportable.
Il eut du mal à ne pas tomber totalement par-dessus bord avec sa maladresse décourageante, mais enfin, une voix forte et féminine qui ressemblait énormément à celle de sa mère, l'attrapa sur les derniers crans.

- Vous y êtes presque, mon bon monsieur ! Encore deux pas ! Claqua celle-ci en hurlant par-dessus le vent mortel.

Orphée voulait bien y voir, mais c'était compliqué. Trop compliqué, la neige s'était encroûtée sur ses verres comme sur les hublots du dirigeable. Pourquoi sa fiancée ne venait pas d'une arche aux allures estivales ?

-Prochain traîneau, monsieur ! Je vous guide ! Cria la voix féminine.

Une poigne forte lui attrapa le poignet et Orphée monta au hasard dans l'embarcation. Où était Tåvie ? Sûrement dans un endroit déjà plus confortable. Orphée arrivait à peine à respirer, et il s'accrocha à une barre devant lui pour ne pas tomber à la renverse. Sans les voir, juste grâce à l'odeur, Orphée savait que l'attelage était guidé par des chiens. Poils d'animaux, cuir et respiration rapide.

L'embarcation le guidait à travers une ville, avec des lampadaires, des maisons dans la glace et des trottoirs engloutit par la crème. Orphée voyait à peine se qu'il faisait, heureusement qu'il était grand. Il pouvait apercevoir un énorme pont-levis s'ouvrir en grinçant devant eux. Sous son visage impassible et figé, Orphée était abasourdi.

Quelques minutes plus tard, le traîneau avait ralentis et s'était totalement arrêté. Ils étaient dans une cour, qui avait brisé les hurlements de la tempête. Orphée manqua de peu, de se répandre de tout son long dans la poudreuse. Fichtre. Il était persuadé d'avoir le bout du nez, bleui par le froid.

ORPHÉE & TÅVIE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant