Chap 21. Un théâtre au prix fort

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La princesse portait une robe de nuit en tutu rose à paillettes étoilées et Orphée se demandait encore une fois comment autant de choses aussi aberrantes pouvaient frôler son regard en quelques mois seulement.

  - Vous avez laissé la clef sur la porte grand bêta ! Reprocha-t-elle moqueuse, avec un sourire pourtant adorable.

Orphée ne répondit pas. Parce qu'il hallucinait franchement, il était torse nu, en collant, avec le manteau de Tåvie sur les épaules et cette teigne était devant lui. Il était sensé cacher son identité au passage. Bon sang, comment s'était-elle retrouvée là ?

  - Je vais être clair avec vous, mon cher gentleman, lança-t-elle en jouant avec ses boucles blondes. Je veux que Fharazad perde son enfant, comme ça Borromee me reviendra.

Pardon ?

  - M'écoutez-vous, monsieur ? J'ai lu votre courrier télégraphique, votre famille s'inquiète pour vous. Il serait dommage que les gendarmes de Ginevra vous fasse pendre haut et court, non ? Pensez à eux et à leur tristesse.

Orphée n'en revenait pas. C'était elle pour les deux cas ?

  - C'était vous la commanditaire ?
 
  - Bien sûr que c'était moi. Mais ce n'est pas tout. Je suis allée dans le manoir de Borromee et j'ai vu qu'un valet de rien du tout jouait votre rôle. Il était facile de rentrer dans sa tête pour voir que l'immense bonne qui suivait Borromee un peu partout, c'était vous, le fiancé de Tåvie. Le plan s'est ensuite déroulé très facilement.

Un valet avait prit sa place ? Elle était rentrée dans sa tête ? Avec des illusions ? Et lui, qu'était-il devenu ? Non, la véritable question c'était comment une gamine pouvait avoir un cerveau aussi machiavélique ?

Elle se leva d'un bon avec ces petites boucles blondes, elle lui arrivait aux genoux et pourtant elle était sa plus grande menace en ce moment.

  - Vous êtes un très beau monsieur, cher gentleman. Mais Borromee est d'une importance vitale pour moi. Poussez-le à faire perdre le bébé à Fharazad où j'irai aussi fouiller dans votre esprit et y mettre la pagaille.

Orphée n'arrivait même pas à dire un mot tellement cette situation était outrageante. Tellement il ne pouvait pas y réagir. Tellement il était perdu.

La princesse lui tira le manteau. Orphée se mit accroupi pour être à sa hauteur. Il tomba sur un joli visage, deux yeux placides sous des paupières tatouées. La petite fille souleva sa frange, avec un geste qui lui rappelait Hilana.

  - Je suis désolée, répliqua-t-elle en caressant son front plantant son regard dans ses iris chocolat, vous ne vous souviendrez pas de notre échange. Mais une mauvaise impression vous attrapera les entrailles.

La princesse le lâcha avec une indifférence palpable, arrêta le tourne-disque qui gueulait en fanfare et quitta la chambre. Le silence qui lui tomba sur le dos était virulent. Orphée resta un moment là, un peu idiot.

Il revenait juste de chez Tåvie, tout était en place et pourtant... Il avait l'impression que quelque chose n'allait pas du tout ?

*

  - Oui, Ginevra s'est pendue. Ce sera pas une grande perte. Sa mort sera balayée par l'importance de l'opéra de la haute.

Renarde venait de lui annoncer cela, en fixant Pantoma droit dans les yeux. Sous son costume Mirage, Orphée, silencieux n'en revenait pas. Ginevra était morte ? Celle qui lui avait fait une menace grandiloquente dans la prison ?

Ce n'était quand même pas Tåvie qui s'était occupée de ça, si ? Ça ne pouvait être qu'elle.

  - Et d'ailleurs, mistinguette, je te devais des excuses et je... Je me suis dis que te proposer ceci serait un bon moyen de réconciliation.

ORPHÉE & TÅVIE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant