ORPHÉE & TÅVIE ━ﾞLA PASSE-MIROIR✔

Chap 9. L'algèbre

Orphée n'était pas sûr que c'était une bonne idée finalement, d'être montée dans cette calèche. Même si Haldor lui faisait des sourires rassurants, Freyja semblait de plus en plus effrayante. De plus, il était déjà assez bouleversé par sa rencontre avec l'ambassadrice pour accumuler une émotion désagréable en plus.

L'étranglement ne venait pas du vide et Freyja le fixait avec une répulsion évidente. Et si c'était vraiment elle ?

  -Alors que faisiez-vous à cette heure dehors ? Borromee ne vous a-t-il pas expliqué les risques pour votre vie, jeune homme ?

Orphée était très mal installé. Il essayait de se tasser au fond du siège, assis en face de Freyja et à côté d'Haldor. Il sentait l'électricité dans l'air lui tâtonner les nerfs. Ce n'était pas qu'une impression, il en était certain.

  - Je me baladais seulement. Répondit-il de sa voix trop grave, dégageant son écharpe pour se faire entendre.

  - Je vois, répliqua-t-elle, ne fuyez-vous pas ma chère soeur plutôt ? Ne vous plaît-elle pas ? Ce serait compréhensible.

Orphée fronça ses sourcils derrière sa frange. Compréhensible ? Certes Tåvie n'était pas un ange, ni la femme rêvée, mais elle semblait avoir supporté beaucoup. Être une bâtarde sur cette arche semblait être d'une difficulté morbide, au quotidien.

  - Rien à voir,  je voulais juste sortir un peu. Et puis, je ne connais pas assez ma fiancée pour décider cela.

La femme ricana. Haldor se crispa.

  -Ma chérie...

  -Silence. Claqua-t-elle. Mon cher, ne voyez-vous pas ? Ce petit est aveugle. Laissez-moi lui rendre sa vue. Votre mariage sera une honte, votre femme est illégitime, opportuniste, carriériste et une calculatrice ! Vous n'aurez pas à décider ! Le choix est vite fait.  Elle fait fuir comme la peste tous les hommes, vous ne serez jamais respecté à la cour !

Haldor la rappela à l'ordre. Orphée n'écoutait plus, il commençait à avoir les poings qui tremblaient. Une énergie violente roulait comme des vagues au creux de son ventre. Il devait se calmer, immédiatement. Et puis, il n'y avait pas que cela. Le pouvoir de cette femme, quel qu'il soit, lui donnait des migraines inssuportables. Comme un picotement aux coins des tempes.

  - Merci de votre avis. Je verrais si je le prendrai en considération, dans le futur.

Un silence. Une gifle lui craqua le cou. Sauf que Freyja, n'avait pas bougé d'un centimètre. Elle se tenait là, altière avec un sourire victorieux et un regard provocateur. Haldor essaya de l'interrompre, mais elle le stoppa d'une main.

  -Ceci est, ce que je vous offrirai chaque jour si vous osez engrosser cette bâtarde, est-ce que c'est clair ? Vous n'avez pas d'importance.

Une autre gifle. Il sentit un morceau de peau s'arracher et un liquide lui couler sur la mâchoire. Du sang ? Le pouvoir des Dragons étaient... de frapper à distance ? Des sortes d'illusions ?

La calèche s'arrêta. Ils étaient arrivés. Orphée était enragé. Il avait l'impression qu'un feu ronflait en son coeur. Il fixa Freyja, sa vision était flou. Il ne pouvait pas frapper une femme.

Il se leva et envoya son poing dans l'air et troua le velours et le bois, juste à côté de la tête de Freyja. Ses yeux s'écarquillèrent sous le choc, même si elle ne bougeait pas d'un centimètre.

Il murmura alors, tout bas.

  - Ne vous avisez plus de me menacer, ni ma fiancée, quels que soient vos mots à son égard. Je ne connais pas vos pouvoirs à vous autres Dragons, mais mes coups seront bien réels lorsqu'ils s'abattrons, un jour ou l'autre.