ORPHÉE & TÅVIE ━ﾞLA PASSE-MIROIR✔

Chap 17. Trahison

Orphée avait continué à revêtir son costume Mirage, continué à servir Borromee, continué comme si de rien était.

Comme si son univers n'était pas en train de foutre le camp, comme si sa fiancée indifférente commençait à lui faire un charme malheureux, comme si l'oncle de celle-ci n'était pas en train de lui tendre un piège avec ces bêtises de Livre et de pouvoir. Qu'allait-il faire lorsqu'il sortirait de l'ombre et serait amené devant Fharazad ?

Il avait déjà du mal à en rire, mais là c'était à pleurer.

Les jours continuaient de courir, le printemps était là, plus présent que jamais. Et entre ses entraînements matinaux dans sa chambre lorsqu'il était enfin lui-même et à frapper l'air autant de fois qu'il le pouvait et le rôle de Pantoma qui devait s'occuper du favoris qui voulait jouer le rôle de Tristan pour l'opéra, ce n'était pas facile.

Orphée avait la patience qui lui sortait par les trous de nez et le sommeil qui l'assommait comme du plomb dès qu'il revenait s'écrouler sur son sommier sec.

Aujourd'hui sous sa frange, en Pantoma, Orphée prenait son café perdu dans ses pensées. Et dire que son frère aurait pu tout saboter en un seul télégramme. Même à l'autre bout des arches il continuait à l'enquiquiner. Orphée eut un sourire. Bon sang, une bonne petite bagarre avec lui, ça lui manquait plus que tout.

Au même moment une main ferme glissa sur sa nuque.

  - Allez presse-toi ma grande, la cérémonie funèbre va commencer. La Frida ne peut pas attendre, même dans sa tombe.

Orphée releva la tête, c'était Renarde, avec sa chevelure rouge feu et ses bras ciselés de muscles fins. Mme Frida était une cousine d'Athénaïs, morte d'une crise cardiaque en pleine danse.

Orphée pensait qu'une fin de la sorte était plutôt bienheureuse dans un univers acerbe comme le Clairdelune. Elle aurait pu juste mourir par assassinat comme beaucoup d'autres.

Renarde fronça les sourcils en voyant le regard d'Orphée. Elle posa ses mains sur ses hanches.

  - Raconte-moi tout, Renarde va t'enlever ta mine de dix pieds de longs. Maux de ventre, chagrin d'amour, problèmes capillaires ? Tu sais que tu peux me livrer tes potins, mistinguette.

Orphée leva un sourcil. Pourquoi les filles se racontaient vraiment tout ? Ce n'est pas comme si c'était ses affaires. Une grande tape dans le dos entre hommes et c'était réglé. Ce n'était pas très efficace, mais c'était conventionnel. Enfin, Renarde était juste inquiète.

Pantoma eut un petit sourire. Au même moment, un bruit sec et un panier d'oranges lui tomba sous le nez. Il leva la tête. Ce n'était pas Renarde, c'était Gaalad.

Grand, les épaules larges, la taille mince, une mâchoire forte, son monocle sombre, des cheveux noirs et bouclés, une salopette pleine de graisse se présentait-il. Heureusement qu'Orphée avait fini son café puisque la tasse avait été renversée dans le processus.

  - Salut. Lâcha Gaalad. Je suis occupé en ce moment, tu me livres, tu veux bien ?

Orphée ne savait pas à qui il parlait, mais Renarde le prit pour elle et eut les joues un peu rosées.

  - T'as encore volé l'orangerie de Monsieur ?

Gaalad la regarda, leva la main vers elle et prit une mèche rousse entre ses doigts.

  - Cette Rose des Vents installée à l'ambassade mène à Arc-en-Terre. Ces deux choses appartiennent à la Mère et de droit. Elle y vient et je travaille pour elle.