Chap 20. Le café

221 17 136
                                    

Orphée passa son bras au travers du miroir et sentit que la porte de l'armoire de Tåvie était fermée. Elle consultait encore, il allait devoir attendre.

Orphée soupira comme un buffle et se jeta sur son sommier qui grinça brutalement. Dans son costume Mirage, il passa ses bras sous sa tête et examina le plafond. Il entendait les racontars des lavandieres à côté. Il fixa alors une fissure dans la peinture.

La dernière fois qu'il avait vu Tåvie, elle semblait réceptive à ses blagues et plutôt... sympathique ? Comme si elle l'appréciait ? Peut-être abusait-il un peu et la colère lui avait fait croire des choses, mais il était presque certains que non.

Bon sang, il ne comprenait rien aux filles. Pourquoi changeait-elle d'attitude alors que lui, était au plus mal ?

Elle n'avait rien fait depuis le départ pour que leur relation s'améliore et voilà qu'elle batiffolait devant lui. Ça n'avait aucun sens. Et puis c'était le cadet de ses soucis, avant de gérer son "pauvre couple", il devait enlever cet habit de bonne pour toujours. Avancer.

L'étape prison c'était la ligne à ne pas franchir.

Il rouvrit les paupières, il s'était assoupi. Il s'étira, défroissa ses muscles et vérifia que le passage jusqu'à l'intendance était ouvert. C'était le cas.

Il enleva donc sa tenue de bonne, garda son collant noir et remit le manteau trop petit de Tåvie. Évidemment il était torse nu et il savait que dans l'intendance, il faisait vachement froid.

Le ridicule ne tuait pas. Bien au contraire, ça vous forgeait un bonhomme.

Orphée passa donc le miroir et se déplia tant bien que de mal dans l'intendance. Le chauffage et la lumière avaient totalement disparu. Il frissonna, marqué par la chair de poule. Pourquoi tout était éteint ?

Il sortit totalement de l'armoire et fit grincer le parquet. À ce moment là, il remarqua que la chevelure d'or blanc nattée était sur le canapé.

Tåvie était là, immobile et assise. Assoupie ?

Il s'approcha avec la délicatesse d'un ours en talons et percuta quelques meubles. Orphée releva ses lunettes sous sa frange et remarqua que sa fiancée le regardait consencieusement et ne dormait pas du tout, comme il le croyait. Ses yeux gris comme un orage l'observaient sans nul doute.

  - Moi qui croyait que vous vous reposiez. Lança Orphée comme un bonsoir.

  - J'ai le repos très léger. Que voulez-vous ?

Orphée haussa un sourcil sous sa frange. Elle était aussi froide que d'habitude, peut-être s'était-il trompé finalement et tant mieux.

  - Vous parler de choses importantes. Ça ne peut pas attendre.

  - Bien, allons nous asseoir et déroulons le parchemin dans les règles.

Tåvie déplia sa silhouette longiligne coincée dans un corset en cuir et vint s'asseoir à sa place, derrière son bureau. Orphée tomba brutalement dans la chaise d'en face.

  - Un café ?

Elle avait prit la cafetière et attendait au-dessus des tasses. Tout cela était étrange.

  - Oui, je vous remercie.

Le liquide brunâtre, brûlant s'écoula dans les récipient de porcelaine. Orphée en but une gorgée et se délecta de la teneur amer-sucrée. Quant à Tåvie, elle alluma la vieille lampe à gaz dans le coin de son bureau qui fit scintiller ses cicatrices pâles.

  - Commençons, voulez-vous ?

Orphée soupira intérieurement. Quel interrogatoire !

  - J'ai fais un bref séjour en prison. J'en ai conclus que cette affaire de Pantoma allait beaucoup trop loin.

ORPHÉE & TÅVIE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant