Les jours suivants étaient... comment dire... différents. Stephan se comportait normalement avec moi. Enfin, je veux dire qu'après ma fameuse déclaration foirée il faisait comme s'il ne s'était rien passé. Et ça me convient parfaitement comme ça. Je ne vous cache pas que ça me fait un peu de peines... Mais bon, ce n'est pas une surprise. Qui voudrait sortir avec une fille comme moi. Il faut être réaliste après tout. Je suis juste drôle, marrante, sympas, cool... Et si c'était une autre fille qui avait ces mêmes qualités en plus d'être belle et mince je suis sûre qu'il n'aurait pas refusé ses avances... Non, en fait, je retire ce que j'ai dit ! Cette situation ne me convient absolument pas ! J'ai l'impression d'être une marionnette qui souris lorsqu'on lui en donne l'ordre ou bien qui se sent obligé de jouer un rôle qui ne lui appartient pas.
-Sarah ? Je sens quelqu'un me secouer légèrement.
-Mmm. Je me réveille et soupir en voyant l'auteur de mon réveil. Qu'est-ce que tu me veux. J'essuie discrètement le début de larmes qui étaient sur le point de couler.
-La bibliothèque va bientôt se fermer... dit-il sur un ton moins taquin que d'habitude.
-Ça pour une première... Jason à la bibliothèque. Dis-je sur un ton plus ou moins provocatrice. Je me lève et range vite fait mes affaires. Je l'entends rigoler doucement.
-Je peux devenir bon élève quand je veux. Poursuit-il en souriant.
Je le regarde un moment et décide de partir sans rien ajouter. Je n'ai plus la force de lui cracher ma colère à la figure. Attends ! Je ne me retourne pas et continue mon chemin. Il m'agace déjà. Par chance le bus venait de s'arrêter sur l'arrêt, je n'hésite pas et entre immédiatement. Une fois installée je fouille dans la poche de ma veste et... oh non...
-Et merde ! J'avais oublié mon portable à la biblio ! Quelle imbécile je fais des fois !
-C'est ça que tu cherches ? Je lève les yeux et vois Jason brandir fièrement mon portable. J'ai essayé de t'appeler tout à l'heure pour te le rendre mais tu ne m'avais pas entendu...
-Mouais. Merci. Pendant ce temps le bus avait déjà démarré.
-Je pourrais m'asseoir à côté de toi ?
-Non. Il n'y a plus de place à côté de moi.
Si je suis si grosse que ça je ne vois pas pourquoi il y aurai encore de la place.
-Roo allé je vois très bien qu'il y a encore une place près de toi.
Fixant le paysage derrière la vitre je me suis retournée face à lui pour le regarder d'un air de défi. Il avait l'air déterminé... mais moi encore plus. Je mis alors mes deux jambes sur la place à côté de moi et recommence à scruter le paysage à travers la vitre. Quelques secondes se sont écroulées lorsque je sentis un poids sur mes jambes.
-T'es sérieux là ? Lui demandai-je en le dévisageant.
-Plus maintenant. Je ne suis plus l'élève sérieux de tout à l'heure. Me dit-il accompagné de son clin d'œil légendaire.
Je n'aurai jamais dut oublier mon téléphone à la bibliothèque ! Je retire finalement mes jambes et essaye tant bien que mal de me serrer le plus possible à la vitre pour n'avoir aucun contact physique avec lui. Après un long silence il reprend.
-Ça ne va pas ? Je ne réponds pas à des questions bêtes, comme celle là par exemple. Écoute... si c'est à cause de la dernière fois... il fait une courte pause avant de reprendre surpris de mon indifférence. Je m'en excuse... vraiment... des excuses j'en ai eu tout le long de ma vie. Et est-ce qu'elle s'est améliorée ? Vous donnez votre langue au chat ? Eh bien clairement non. Voyant que je ne réagis toujours pas il poursuit. Je sais que des excuses ne sont pas suffisantes mais... laisse moi me faire pardonner. Demande moi ce que tu veux.
-Commence par fermer ta bouche. Ça sera un bon début. Oups, c'est sorti tout seul... ou pas.
-Tu peux me demander tout sauf ça... Tu sais très bien que je suis une vraie pipelette. Dit-il en me souriant.
-Ah bon ? Je me retourne enfin et le regarde droit dans les yeux. Pourtant la dernière fois devant le portail je n'ai pas le moindre souvenir que t'étais une vraie pie. Je le défi du regard.
Un ange passa. Drôle d'expression pour une situation où il n'y a que des tensions pas très beaux à voir entre nous. Nos regards ne se sont pas lâchés. Je ne flanche pas. J'attends sa réponse. Même si cela ne m'importe peu. Mais j'attends quand même de voir ce qu'il a dire pour se défendre. Puis soudain il reprit.
-Je ne pouvais rien dire. Je l'avais remarqué oui. J'étais en colère.
-Oui ça je l'ai ressentis. Je sais. T'étais en colère envers moi, qui, pour ma part était vraiment injustifié, parce qu'on devait travailler ensemble et que tes potes sans cervelle l'ont traduit par un rencard. Il essaye de me couper mais dans la furie où j'étais maintenant je poursuis. Je comprends qu'avoir un rencard, même si ce n'était absolument pas le cas, avec moi te déplaise. C'est vrai quoi, Je rigole nerveusement qui voudrait sortir avec une grosse baleine comme moi hein ? Les larmes commençaient à me monter aux yeux. Et puis, si tu voulais vraiment te fâcher avec quelqu'un fallait adresser ce regard haineux comme tu me l'as très bien montré la dernière fois au prof ! C'est à cause de lui qu'on était obligé de bosser ensemble toi et moi !
Je regarde par la vitre et vois que je suis presque arrivée à mon arrêt. Je me lève essoufflée après ce long discours et me prépare à descendre sans laisser à Jason le temps d'en placer une.
-Attends. J'ai honte maintenant. Je n'ai plus envie de lui faire face. Les larmes qui jusqu'à tout à l'heure restaient bien au chaud sous mes paupières commencèrent à tomber. Le bus était maintenant à quelques minutes de mon arrêt. Sarah écoute moi ! M'attrapant fermement par le bras je me retourne toute surprise de sa réaction. Il avait le regard fermé. Si j'étais en colère la dernière fois... ce n'était pas à cause de toi. Mais à cause de mes potes sans cervelle comme tu l'as très bien dit tout à l'heure. Son regard se radoucit. Je le regarde incrédule. Voyant ma réaction il poursuit d'un ton neutre. Ils n'arrêtaient pas de se moquer de toi. Et ça me mettais hors de moi puisqu'ils étaient vraiment au-dessous de toi pour se permettre de te juger comme ça. Puis... faisant une courte pause j'étais en colère contre moi-même. Parce que je m'en voulais de ne pas avoir réagit plus que ça. En vrai, j'avais peur que tu repoussais mon aide. Tu sais, la fierté et les garçons c'est une grande histoire... dit-il pour essayer de détendre l'atmosphère. Mais quand je t'ai vu partir en pleurant... Je me suis rendu compte qu'au final je n'étais qu'un idiot. Après ça, j'avais honte de venir te voir et faire comme s'il ne s'était rien passé... Le bus s'arrête. Je me retourne pour descendre mais la main ferme de Jason qui jusqu'à l'heure était toujours accrochée à mon bras me retient. Je suis désolé. Dit-il en me regardant droit dans les yeux. Puis il me lâcha doucement. Je recule et lui adresse un dernier regard sans rien dire et descends finalement du bus les larmes aux yeux.
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Ronde et Timide
Teen Fiction''Ils ne pensent qu'à ça eux, le physique. Ça leur rapporte quoi le physique ? À part avoir une soit-disant réputation...''