Ronde et Timide

~Chapitre 17

J'ai réfléchi et j'ai décidé de faire comme s'il ne s'était rien passé. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que tout ça ce n'est qu'une pièce montée... j'ai l'impression que dans l'histoire au final je serai ridicule. C'est triste quand même de se dire que "parce qu'on est grosse on n'a pas le droit de connaître l'amour...". La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées.

-Toujours ok pour qu'on rentre ensemble ce soir ?

-Tu m'as appelé juste pour ça ? Dis-je en rigolant. Tu pouvais me le dire tout à l'heure en cours Stephan.

-Oui... oui c'est vrai... Bon à tout à l'heure ! Je raccroche et pars me préparer. C'est bizarre... Ces temps-ci je trouve qu'il ne réagit pas normalement... Il a l'air toujours stressé lorsqu'on est ensemble... Je ne m'attarde pas trop sur cette dernière pensée et quitte la maison pour aller prendre le bus qui était maintenant à quelques minutes de l'arrêt. Une fois arrivée je monte dans celui-ci et m'installe. Sur le trajet je regarde le paysage défiler. Tout à coup je ne sais pas pourquoi mais je pense à Lisa. Ma meilleure amie. Je me dis que c'est dommage qu'on ne traîne plus ensemble depuis qu'elle est en couple... Ce que je trouve injuste dans les couples, c'est qu'une fois avoir trouvé leur âme sœur, les amis n'existent plus... du moins très rarement. Après je me dis que c'est sa vie, ce n'est pas la mienne. En tout cas ce qui est sûr c'est que je continu mon chemin tranquillement. Je dépends de personne donc c'est correct. Tant qu'on a toujours cette complicité ça me va.

J'arrive enfin à destination. Je descends et rejoins Stephan qui m'attendait près de l'entrée le dos appuyé contre un mur. En voyant cette position je repense directement à ce qui s'était passé hier dans le couloir... Je rougis et essaye de me ressaisir au plus vite car Stephan se dirige vers moi m'ayant repéré. Moi qui ai décidé de faire comme s'il ne s'était rien passé, eh bien c'est bien parti.

-Salut toi.

-Salut. Dis-donc t'es de bonne heure toi ce matin.

-J'avoue que j'étais un peu pressé d'étudier. On rigole et passe le portail. Dans un coin de la cour je remarque du coin de l'œil Jason entrain de nous fixer. Gênée, j'essaye de regarder ailleurs évitant de croiser le regard de celui qui me cause tous ces troubles. Moi qui me suis promise de ne jamais en pincer pour lui... Mais qu'est-ce que je raconte ! Je ne pince absolument pas pour lui ! Je délire complètement là !

-Hum... ça va Sarah ?

-Hein ? Oui pourquoi ?

-Parce que depuis tout à l'heure tu n'arrêtes pas de te frapper les joues et... tu es toute rouge... Je rougis de plus belle ayant étais prise en flagrant délit.

-Je... pff ! Ben oui ça va ! Quelle question ! Tiens je vais aller aux toilettes ! Je vais me débarbouiller un peu le visage. Quoique... non ! Imagine que je le re croise comme hier soir dans les escaliers et... Non, finalement je vais rester ah ah ! Stephan me regarde incrédule. Je lui souris pour lui montrer que tout va bien.

-Pourquoi tu fais cette tête de constipé ? Me demande-t-il.

-Je suis entrain de te sourire idiot ! Je m'exclame en le frappant sur l'épaule. On se fixe un moment et nous nous mettons à rigoler. On fini par entrer après l'arrivée du professeur. Je n'avais pas remarqué que Jason s'était mis derrière moi en entrant dans la salle. J'ai senti sa présence au moment où il m'a glissé discrètement un petit mot dans la poche arrière de mon jean. Au touché de ses doigts mon cœur s'est mis à battre plus vite. J'accélère le pas pour aller prendre place. J'essaye de réagir normalement et sors discrètement le bout de papier de ma poche qui disait :

*Rejoins moi tout à l'heure à la fin de la journée près des escaliers*

Je souris et regarde dans sa direction. Il se retourne au même moment et me fait un clin d'œil. Je baisse la tête et commence à sortir mes affaires.

La journée est passée d'une vitesse. Je n'ai fait que penser à lui et à notre petit rdv de ce soir... Je suis tellement stressée car je ne saurai quoi lui dire une fois face à lui. Mais j'y pense... je ne pourrai pas y aller à ce rdv. J'ai promis à Stephan qu'on rentrerai ensemble ce soir. Je réfléchis et décide d'écrire un petit mot pour Jason l'expliquant que je ne pourrai pas ce soir. Je souris en écrivant car j'ai l'impression de jouer les filles difficiles. Une fois fini je plis le morceau de papier et invente une excuse à Stephan pour pouvoir aller déposer le mot dans le casier de Jason. J'ai utilisé l'excuse des toilettes. Un jour il va croire que j'ai des problèmes intestinaux... Peu importe, je suis déjà dans le couloir quand j'entends des personnes parler à l'opposé de moi prêtes à prendre le même chemin que j'empruntais. Instinctivement je me cache derrière un mur car je n'ai pas envie qu'on me voit déposer quelque chose dans le casier de Jason.

-T'as vraiment fait ça ?

-Ouaip !

-Mec, t'es trop fort ! Genre, elle est vraiment tombée dans ton piège, la tête la première.

-J'te promet qu'au début ça n'était pas du tout facile. Elle qui disait qu'elle ne s'intéresserai jamais à moi... Mais j'ai eu juste à claquer des doigts et maintenant elle est folle de moi ! Je te l'avais dit que je réussirai ton pari ! Ce soir je vais l'embrasser et la faire revenir à la réalité. Je trouve ça franchement ridicule de jouer avec des filles comme ça ! Je n'aimerai pas être à la place de cette fille... mais en même temps je la plains. Limite j'ai envie de frapper ce mec qui se fou d'elle ! Mais ma rébellion fit de courte durée lorsque j'entends le nom du coupable...

-Pooh ! Jason mec t'es trop méchant ! Moi perso je n'aurai jamais eu le courage de la toucher ou autre. Tu as fait fort quand même. Respect. Ils rigolent.

Je n'ai pas de réaction. Je... je sens une haine monter progressivement en moi. Je serre mes poings écrasant par la même occasion le bout de papier qui se trouvait dans ma main. Des larmes commençaient à couler. Des larmes de tristesse ou de colère ? Je ne sais pas. La cloche se mit à sonner. Je les entends se diriger vers leur salle tout en parlant de choses que je n'entendais plus. L'heure des cours est arrivée.

L'heure de revenir à la réalité est arrivée.