~Chapitre 18

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Une fois seule et ayant repris un peu mes esprits, je rejoins Stephan et jette le mot dans la poubelle la plus proche. Je n'ai plus aucunes émotions. Je suis vide. Je respire un bon coup et ne laisse rien paraître devant Stephan. Car j'ai honte d'être tombée si bas. J'ai ma fierté, et avouer que je me suis laissée bêtement séduite par Jason... Je ne préfère plus y penser.

-Prête ? Je lève les yeux vers Stephan. Il a l'air tellement gentil lui... Pourquoi il ne veut pas de moi ? Je suis si repoussante que ça ? Une larme rebelle s'échappe toute seule... Affolé, Stephan se précipite vers moi. Qu'est-ce qu'il y a Sarah ?! Il pose ses mains sur mes joues. On se regarde. Mes larmes continuent à couler. Stephan a l'air déstabilisé. Je sens ses mains trembler sur mon visage tout mouillé. Sarah je... Il reste silencieux.

-Tu quoi ? Je demande d'un air absent toujours en le regardant.

-Je... suis désolé... Voyant que je ne comprenais pas il poursuit. Le garçon qui a... Il a l'air stressé... écrasé ton goûter... Je fronce les sourcils en attendant la suite. Il se frotte nerveusement la nuque et n'ose plus me regarder. C'était moi. Je reste immobile. Sa main droite est toujours posée sur ma joue. Je ne réagis pas. Alors il continu. Je ne sais pas ce qui m'a prit ce jour-là mais... Je... Depuis la primaire... j'ai réalisé assez vite qu'en réalité j'étais attiré par les garçons... Mais je ne voulais pas assumer cette partie de moi car j'ai grandi dans un monde où ces choses là étaient mal vu de tous. Et ce jour-là on m'avait lancé un défi et... Je continu à le fixer. Je n'ai pas pu refuser car je ne sais pas... je voulais prouver à ces garçons que j'étais machos et que je pouvais être un bad boy tout en cachant qui j'étais vraiment ! C'était complètement ridicule. Mais n'étant encore qu'un gamin, je me focalisait tellement sur ce stéréotype. Et je n'avais pas réalisé que ce défi pouvait avoir des conséquences. Quand je t'ai vu pleurer... Je me suis rendu compte que j'étais parti trop loin. J'étais nouveau dans ce temps-là et je cherchais bêtement à me faire des amis. Je reste toujours silencieuse. Je fais des efforts surhumains pour respirer calmement. Enfin je mets un visage sur celui qui m'a limite bousillé le moral ce jour-là et les années suivantes d'ailleurs. Et depuis, je l'ai regretté tous les jours. Et lorsque je t'ai revue pour la première fois devant le lycée... Je t'ai tout de suite reconnu. Mais toi non. Alors j'ai sauté sur l'occasion pour me faire pardonner en devenant ton ami... J'ai fait en sorte de tomber dans la même classe que toi profitant du statut de mon père qui avait remplacé l'ancien proviseur. Sarah... Je le regarde. Est-ce que tu me pardonnes ?

J'avoue que je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas s'il faut lui pardonner car j'en ai vraiment souffert à cause de ce malheureux souvenir... Mais d'un autre côté... il a mit sa fierté de côté... et tous ces efforts...

-Laisses-moi du temps.

Je sens un vide sur ma joue. Il a enlevé sa main. Je ne pleure plus. J'en ai trop versé. J'ai juste besoin de réfléchir à tout ça.

-Oui. D'accord... Je comprends. Il reste immobile un instant. Il s'apprête à partir mais se ravise. Sarah... je veux vraiment être ton ami. Peu importe ta décision je respecterai ton choix. Mais saches que tout ce qu'on a fait ensemble depuis la rentrée était sincère. Je te le promet. Au début j'avais l'intention de faire tout ça pour soulager ma conscience je l'avoue, mais quand on a parlé et rigolé toute l'après-midi ce samedi là, j'ai découvert une nouvelle facette de toi... Tu es une fille formidable, pétillante, rigolote et bête parfois mais attachante... Ne laisses pas les autres te faire croire que tu n'en vaut pas la peine. Au contraire, tu sais ce que tu vaux. Et c'est ça qui fait le charme d'une personne. Dans la société d'aujourd'hui on s'interdit d'être soi-même car on a peur des jugements des autres. Il fait une pause. Il a l'air de réfléchir puis reprend. Un jour... un ami m'a dit d'imaginer un monde où l'on s'interdirait de parler de crainte de trop puer de la bouche et de se faire juger par les autres... Il rigole doucement et se ressaisit. Eh bien dans ce cas, plus personne ne parlerait. Et ce monde serait alors ennuyant... Mais le truc c'est qu'il suffirait juste de nous brosser les dents et combattre cette mauvaise haleine pour recommencer à parler... Alors ce monde serait plus vivant et intéressant. J'ai envie de rigoler mais j'essaye tant bien que mal de me retenir. Enfin bref, j'avoue que cette métaphore n'était pas vraiment fondée mais ce qu'il a essayé de me faire comprendre c'est qu'on doit surmonter nos craintes en combattant les jugements. Il suffirait juste de border ces mauvaises langues et de recommencer à vivre sa vie... comme on l'a toujours voulu... Il me sourit tendrement et se retourne prêt à partir.

-J'ai fini ! Criai-je. Surpris il me regarde. Je lui souris et poursuis. Je n'ai plus besoin de temps. Je fais une pause. Je te pardonne. Après cette belle métaphore comment prétendre à ne pas le faire ? Son visage s'illumina d'un large sourire. Je m'avance vers lui et le prends dans mes bras. Maintenant je comprends mieux pourquoi il ne voulait pas de moi cet imbécile ! On se sépare et on se regarde. Je prends un air sérieux et lui dit : Toi aussi t'es parfois bête je te signale hein ! On rigole.

-Merci... Sarah... Je lui souris. Au même moment le bus arrive.

Finalement on a passé le reste de l'après-midi ensemble. J'ai profité pour lui raconter tout ce qui s'était passé avec Jason depuis notre première rencontre jusqu'à maintenant. Stephan m'en a un peu voulu au début de ne pas l'avoir raconté tout ça plus tôt. Il a boudé un peu mais a fini par retrouver le sourire quelques secondes plus tard. Il m'a consolé et j'avoue que ça m'a fait du bien d'en parler.

-Tiens. Il n'y en avait plus au chocolat désolé.

-Ça va. Je ne vais pas mourir parce que je n'ai pas eu ma glace au chocolat. Dis-je en souriant.

On part s'asseoir sur le même banc que la dernière fois. On arrive au bon moment ! Il y avait un beau couché de soleil sur le lac. Je lève les yeux vers lui. Il regarde l'horizon émerveillé par ce beau tableau. Je souris en voyant sa tronche. C'est vrai que le paysage est magnifique cette après-midi. Un fond orange anime le ciel ce qui rend le spectacle encore plus attrayant. Je me sens légère... Je réalise que pendant tout ce temps... je vivais constamment dans mon passé. Je me morfondais sur moi-même... à cause de ce qu'on a put me faire ou me dire avant... J'ai fini avec tout ça par grandir dans la haine. Mais je me dis qu'à partir de maintenant je ne laisserai plus personne me rendre triste à travers leur critique à deux balles. Tout ceci m'a rendu plus forte. Bien plus forte que tous ces gens-là. Car ce qu'ils ne savent pas c'est que la raison pour laquelle ils nous critiquent comme cela signifie tout simplement qu'ils sont faibles. Faibles car ils savent très bien qu'ils ne sont eux non plus pas parfait. Alors ils le cachent derrière des jugements... Je regarde le soleil se coucher petit à petit.

Je regarde le feu de mon passé se coucher petit à petit...

Ronde et TimideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant