Chapitre 7 : Le Château de l'Ankou

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Lorsqu’on le sorti de cet immonde sac sans fond, Saül crut à un miracle… Jusqu’à ce qu’il croise le regard de La Pernelle, à travers l’épais verre de son bocal. Il émit un croassement furieux en se jetant contre la paroi. Cela la fit ricaner.

-Je t’avais oublié, mon petit Saül. Il faut dire que tu es si discret, sous cette forme...

Il donna un coup de sa patte palmée sur le fond de sa prison, et aurait rougit de honte, si sa mise n’avait pas été du vert grenouille. Son monde tangua violemment lorsque la Masque ouvrit le couvercle… Avant de renverser le bocal sans ménagement, le faisant tomber d’un mètre de haut sur un dessus de lit rouge et noir. Des paroles latines retentirent au-dessus de lui alors qu’il tentait de se retourner sur le ventre, un peu sonné par sa chute…. Et il se retrouva dans sa peau de naissance, tout habillé, vautré sur le lit.

Diantre, il n’aurait jamais imaginé, un jour, être heureux de retrouver son apparence d'homme-serpent !

-Tu as appris ta leçon ? demanda-t-elle, une main sur sa taille drapée d’une robe rouge sombre.

Un corset de cuir noir allait de ses hanches au dessous de ses seins, faisant de ces derniers deux cibles aux regards des hommes, en dépit de son corsage rouge à peine échancré. Les manches de sa robe étaient ajustées jusqu’au-dessus des coudes, avant de s’évaser de façon gracieuse. Un surcot noir ouvert traînait jusqu’au sol, complétant sa tenue hors norme.

Pour la première fois, il la voyait réellement en Masque, et non pas en saltimbanque de passage en robe de bure.

-Ma… Leçon ? fit-il distraitement en croisant ses iris noir.

-Oui. Celle d’humilité.

-Heu…

-Je précise : as-tu compris que quel que soit tes capacités à dompter les dragons, je peux t’écraser tel une vulgaire rat sous ma bottine ?

Il déglutit nerveusement. Il s’assit sur le rebord du lit pour dissimuler son pique de peur. Malheureusement, Lazare le surveillait. Nonchalamment assis dans un fauteuil de bois sombre, il le fixait de ses yeux d’animaux impitoyables.

-Heu… Oui, j’ai compris.

-Bien, sourit La Pernelle. Maintenant, dégage. On a à faire, avec Lazare.

-Hein ? Mais… Je… Où sommes-nous, d’abord ?

Elle ouvrait déjà la porte de cette chambre, lambrissée du bois le plus sombre et le plus riche que Saül n’ait jamais vu.

-En ma demeure de la Rue des Masques. Va faire un tour.

La Rue des Masques !? Celle-là même où les sorcières se rassemblaient, pour fêter le sabbat en dansant et chantant nues autour d’un feu !? En célébrant le diable !?

-Heu… Non, je veux bien rester ici…

La main de Lazare se posa sur son épaule, le faisant sursauter.

-Au cas où tu n'aurais pas compris, tu nous gènes, Saül.

En deux temps trois mouvements, il se retrouva à la porte de la maison, dans des souterrains éclairés de torches. Tout cela lui semblait bien hostile.

Perplexe, il leva la tête, pour contempler la façade anonyme de la demeure de La Pernelle, creusée dans la roche. Pour un peu, il aurait cru avoir été mis à la porte pour permettre à un couple de culbuter en paix.

Pourtant, ce n’était pas le cas.

Car d’après ce qu’il avait compris en voyageant avec eux, Lazare et Pernelle n’avaient aucune relation charnelle, de quelque type que ce soit. C’était d’une platonicité étonnante, mêlée à un respect incroyable étant donné leur cruauté. Alors…

Les Affres d'une GrenouilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant