Chapitre 8 : Les Goûts de Lazare

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Marchant de long en large dans le salon, j’attendais l’arrivée de Lazare de pied ferme. Ma petite escapade n’avait pas duré plus de deux heures, aussi avais-je mit un certain temps à éliminer les derniers relents hallucinogènes du champignon. Le griffon avait eu quelques difficultés à m’empêcher de sortir en bondissant tel un cabri, en chantant des chansons niaises de petite fille entourées de fleurs rosâtres flottant autour d’elle. Je détestais cet effet secondaire de l’amanite muscarine.

Pourtant, c’était un bien moindre mal. Car j’avais obtenu une information cruciale, en plus de ma tranquillité d’esprit. Malheureusement, je ne m’en étais souvenu qu’après le départ de Lazare, pour retrouver notre dompteur narcissique. Par chance, il revint rapidement.

-Lazare ! J’ai parlé au Grand Veneur, on a une nouvelle piste.

-Excellente nouvelle ! s’exclama-t-il en entrant dans le salon. Nous pourrons partir demain, dans ce cas.

-Demain ? Mais…

Il vint lui effleurait les cheveux, avec un sourire.

-Pernelle, il fait nuit. Il serait beaucoup trop dangereux d’entamer un voyage maintenant. Allons-nous coucher, c’est le mieux.

-Tu m’énerves, à être si raisonnable, grommelai-je.

*

Debout sur le seuil de la porte, aussi discret que possible, Saül observait Lazare. Cet homme avait une étrange attitude. Violent, sanguinaire, hautain…

… Et en cet instant, il bordait doucement les draps de Pernelle, endormit dans son grand lit rouge. Ses plumes rejetées en arrière, il observa un instant la Masque, avec une expression si douce qu’il crut à un baiser. Pourtant, il partit sans un bruit.

-Il n’y a qu’une chambre avec deux lits, murmura-t-il en faisant signe à Saül de le suivre.

-Pourquoi te comportes-tu ainsi avec elle ? Demanda l'homme serpent, une fois assis sur son lit, quelques secondes plus tard.

Lazare, occupé à dénouer le ceinturon de son épée, lui adressa un coup d’œil peu amène. -De quoi parles-tu ?

Saül tira sur ses bottes, luttant pour réussir à les enlever.

-Je l’avais déjà constaté au cours du voyage, mais là, c’est flagrant. Tu es dingue d’elle. Tu lui jettes des regards énamourés quand elle a le dos tourné, tu la bordes… Et pourtant, c’est à peine si tu la touches ! Alors qu’elle est plus que volontaire pour…

-Silence ! cingla Lazare. Pernelle et moi ne pouvons en aucun cas avoir ce type de relation.

Saül haussa un sourcil provocateur, amusé par la réaction de son compagnon de chambrée. Dos à lui, il défaisait furieusement le lien retenant sa cotte d’arme, la jetait sur son lit, le laissant en chausses.

-Et pourquoi pas ? Si les deux partis le veulent, je ne vois pas pourquoi…

Sa phrase s’acheva dans un couac, car la main de Lazare venait de se refermer sur sa gorge, son visage furieux à quelques centimètres du sien.

-Tu veux vraiment savoir pourquoi je ne peux pas, petit Saül ?

Il hocha bêtement la tête… Et se retrouva, la seconde suivante, la bouche collée à celle de Lazare. Il poussa une exclamation stupéfaite, chercha à le repousser, mais il le tenait fermement ! Nom de Dieu ! Il était de question de.... Il ne voulait pas... Le pire c’était qu’il embrassait bien cet espèce de… !

-Lâche moi !

Son coup de poing se perdit dans la poigne de Lazare, dont l’air moqueur rajoutait à l'humiliation de son geste. Il n'aimait pas les hommes, lui !

Les Affres d'une GrenouilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant