Chapitre 12 : Le Sacrifice Humain

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Les yeux grands ouverts, occupé à contempler les flaques de lumières se collant au plafond blanc, Saül se demandait combien de temps encore il resterait attaché. Endormit dans cette position –écartelé sur le matelas du curé-, il c’était réveillé à l’identique, des heures plus tard, épuisé après ses ébats avec la Masque.

La langueur du sexe avait laissé place à la colère. Il allait devoir attendre encore longtemps ? Mince, après les orgasmes qu’il lui avait offert, elle aurait pu être gentille, pour une fois ! Mais non, comme d’habitude, il trinquait face à la rage éternelle de ce petit bout de femme.

Il se tortilla pour la énième fois, sans parvenir à se détacher. Elle savait rudement bien faire les nœuds, en plus.

Saül en était là de ses réflexions quand Lazare déboula par la fenêtre de la chambre, ses yeux bleus fendus le fusillant sur place.

-Ha, toi ! s’exclama-t-il, pour devancer la colère du griffon. Tu peux me détacher !? Je suis ainsi depuis…

-Où se trouve Pernelle ? gronda Lazare en l’attrapant à la gorge.

Il émit un couinement indigné. Une dague frôla ses poignets et ses chevilles, le libérant… Pour mieux le projeter contre un mur, avec une force assommante. Il s’écroula par terre, mais il n’en avait pas fini avec lui : la pointe d’une lame vint lui chatouille la glotte, faisant poindre une perle de sang. N’osant plus déglutir, il soutint tant bien que mal le regard meurtrier de Lazare. Il tenait plus du démon que de l’ange.

-Répond ! Où se trouve Pernelle ?

-....‘Sais rien… Disparu… Après… Attaché…

Avec un rugissement de rage, le griffon donna un coup de poings dans le mur. Saül en oublia de respirer lorsqu’une fissure couru du point d’impact jusqu'au sol, faisant pleuvoir de la poussière de roche. Il était vraiment doté d'une telle force ? Oh bon sang !

-S’ils l’ont touché, je leur arracherai leur âme pour la jeter dans les flammes de l’Enfer !

-Seigneur l’Ange !

-Quoi !? cria-il, faisant s’arrêter net Alix et Guyot, entrés en trombe dans la petite chambre.

Ils écarquillèrent les yeux à la vue du griffon, transfiguré par la fureur.

-Je… Heu…

-Le Seigneur Chabanais nous a surpris, intervint dame de Joncherolle, pour palier au trouble de son amant. Il était furieux, il a dit que nous n’avions pas le droit de le condamner à une mort certaine entre les griffes du dragon !

Saül se massa la gorge. Hier, il avait cru comprendre que la Pernelle c’était brouillée avec ledit Seigneur. Elle était furieuse, et avait décidée de contrecarrer ses plans. C’était donc ainsi qu’ils s’y étaient pris ? Lazare avait persuadé Guyot de prendre la virginité de sa douce, rompant ainsi sa pureté et son innocence. N’en faisant plus une candidate potentielle au sacrifice de la Mandragoule.

-Nous pensons, continua Guyot, qu’il a dû prendre sœur Pernelle en otage, pour remplacer Alix.

-Par les couilles du Grand Cornu !

Saül éclata de rire, faisant froncer les sourcils des deux autres humains. Ils ne semblaient pas goûter à son attitude, et pourtant ! S’ils savaient. Le dragon allait avoir de sacrés aigreurs d'estomac. Prendre Pernelle pour une femme pure et innocente. Le Seigneur Chabanais devait être un ivrogne doublé d’un aveugle !

Son rire se bloqua dans sa gorge sous la main de Lazare, dont le regard aurait pu le tuer sur place. Ses ongles se plantaient dans sa peau, sa poigne tremblait tant il luttait pour ne pas écraser sa nuque sous l’effet de la colère.

Les Affres d'une GrenouilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant