Le Serpent qui Rugissait

12 Août 1992 - LA LETTRE

          Comme tous les matins depuis une semaine, Aya se réveilla avec les premiers rayons de soleil. Elle sortit de sa chambre emmitouflée dans son peignoir, les yeux encore à moitié fermés, descendit jusqu'au petit salon, dévala les marches du grand escalier, passa devant le couloir et s'apprêta à entrer dans la cuisine lorsqu'elle s'arrêta.

          Au bout du couloir, on entendait des petits claquements suivis de couinements perçants. Elle s'avança jusqu'à la porte entrouverte d'une des nombreuses chambres d'appoint.

          - Qu'est-ce que tu fiches ?

          Dobby plié en deux devant un placard, se claquait une porte sur son oreille de chauve-souris. Quand il l'entendit, il sursauta avec un couinement d'effroi et s'inclina aussitôt.

          - Dobby est désolé, Miss Aya. Dobby ne voulait pas réveiller Miss...

          - Tu ne m'as pas réveillé. Arrête ça, dit-elle en désignant son oreille.

          - Mais Dobby a été un mauvais elfe, Miss, Dobby doit se punir...

          Aya leva les yeux au ciel en tournant les talons,

          - Tu pourrais être allé prévenir Harry Potter que Père essai de ramener le Seigneur des Ténèbres parmi nous, que je m'en contre-fiche, va plutôt t'occuper du petit-déjeuner.

          Elle entendu un crac sonore et retrouva l'elfe quelques secondes plus tard dans la cuisine, une poêle à la main, l'oreille rouge et enflée.

          - Le courrier est arrivé ? demanda-t-elle en sachant parfaitement qu'il était trop tôt.

          - Pas encore, Miss Aya. Comme d'habitude, Miss Aya ?

          Elle hocha la tête d'un air entendu, posa les coudes sur la table et la tête dans ses mains en fixant le ciel par la fenêtre. Dobby vint lui servir de bons œufs brouillés aux herbes avec deux grosses tranches de bacons qu'elle avala sans quitter la fenêtre des yeux. Elle avait fini depuis plusieurs minutes, lorsque, enfin, elle vit ce qu'elle attendait. Elle courut sur la terrasse en hâte, un hibou s'approchait, une lettre entre ses griffes. Il dessina une large courbe au-dessus d'elle pour laisser tomber une enveloppe à ses pieds et repartir aussitôt d'où il venait.

          - Hé, tu n'en aurais pas perdu une en chemin toi ?! cria-t-elle à l'oiseau en ramassant l'enveloppe au nom de Drago écrit à l'encre verte. Mais l'oiseau était déjà de l'autre côté du parc.

          Perplexe, elle fixa le ciel, et sourit en voyant un nouveau petit point se détacher à l'horizon. Mais bien avant qu'il n'arrive au-dessus d'elle, elle avait perdu son sourire et rentrait déjà dans la maison en pestant. Le long rouleau qu'il tenait entre ses pattes n'avait rien à voir avec sa lettre tant attendue.

          - Tiens, dit-elle sèchement en lançant sa lettre à un Drago endormi et décoiffé, le nez dans un bol de céréales.

          Dobby n'était déjà plus là. Elle ne s'en étonna pas, Drago l'avait sûrement chassé à coups de pied.

          - Ils envoient une lettre par élève ou une lettre par famille ? demanda-t-elle alors que le deuxième hibou s'engouffrait par la bée-vitrée. Elle attrapa un pot sur le comptoir d'où elle sortit deux Noises pour payer le numéro de la Gazette du Sorcier.

          - 'sais pas, répondit-il avec un haussement d'épaules en ouvrant son enveloppe, il fit aussitôt une grimace.

          - Quoi ? s'inquiéta Aya en faisant le tour de la table pour lire par-dessus son épaule, alors que le hibou de la Gazette repartait, la bourse pleine.