27 Août 1992 - LE PION

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          Ce jour-là, la rentrée de Durmstrang approchant, Aya n'était pas parvenue à contenir sa mauvaise humeur. Elle n'avait pas adressé un mot à ses parents de toute la journée. Pire quand, l'un d'eux s'adressait à elle, quelque chose quelque part dans le manoir explosait soudain. Un peu avant midi, elle avait réussi à faire sauter la vieille horloge de son arrière-grand-mère, un lustre hors de prix dans le couloir du deuxième étage, les plumes des coussins du canapé au salon du premier étage gisait à présent sur le sol. Et Lucius s'était aperçu bien trop tard qu'elle avait fait exploser le robinet d'une baignoire au rez-de-chaussée, créant ainsi une petite inondation dans une chambre d'appoint.

          Voyant que la jeune fille n'était pas prête à cesser de faire des ravages dans les étages, Dobby reçut l'ordre de l'enfermée dans sa chambre. Cela ne la calma en rien. Après que Dobby ait lancé ses sortilèges visant à rendre hermétique la pièce, l'empêchant de passer par la porte, les fenêtres ou encore même la cheminée, sa colère ne fut qu'augmenter et sa chambre toute entière vola en éclats.

          En début de soirée, Aya était assise, sur ce qui restait de son matelas, dos au mur, raide comme un piqué, les yeux fixés sur la porte. Ils n'allaient pas pouvoir la garder enfermée éternellement. Elle allait bien devoir sortir à un moment, ne serait-ce que pour aller à Durmstrang... Mais chaque heure passée ici était une heure de perdue avec son frère, qu'encore une fois, elle ne reverrait pas avant plusieurs mois. Elle ne savait pas pourquoi cela l'angoissée autant, mais cette pensée la tourmentait sans cesse. Le miroir au-dessus de la cheminée -qui par miracle avait résisté au bombardement d'Aya- traversa la pièce et se fracas contre le mur en face au-dessus des restes de son bureau, avec un bruit assourdissant.

          - Je tiens à signaler que je ne vous avais rien fait, remarqua-t-il indignée.

          - Je tiens à signaler que je ne fais pas exprès, répliqua-t-elle sur le même ton. Je ne pense pas avoir besoin de sept ans de malheur... en plus de ça.

          Il y eut un Crac ! sonore qui la fit sursauter.

          - Dobby ! s'écria-t-elle en se relevant précipitamment vers l'elfe qui lui apportait un plateau repas. Dobby, il faut que tu laisses Drago entrer...

          Mais l'elfe recula d'un pas claudiquant en faisant non de la tête avec un couinement apeuré.

          - Dobby ne peut pas, Maîtresse Aya, le Maître Lucius a bien interdit à Dobby de vous laisser voir votre frère.

          - Allez, Dobby, ce ne serait pas la première fois que tu lui désobéis...

          Mais Aya s'interrompit, l'elfe venait de poser le plateau par terre -à défaut d'avoir encore un bureau ou une commode debout qui pourrait servir de table-, et recula encore de quelques pas trébuchants.

          - Qu'est-ce que tu as à la jambe ? demanda-t-elle aussitôt soupçonneuse.

          - Dobby a désobéit Maîtresse, couina-t-il en se tordant les doigts la tête baissée vers ses pieds crasseux.

          - Tu as essayé, n'est-ce pas ? Tu as déjà essayé de faire venir Drago et Père t'as surpris, c'est ça ?

          Pour confirmer, l'elfe se rua sur une lampe à huile brisée, prêt à se la fracasser un peu plus sur la tête. Aya leva aussitôt son bras et le morceau de lampe atterrit dans sa main, hors d'atteinte de l'elfe.

          - Je suis désolé, Dobby, c'est ma faute.

          Aya soupira et se laissa tomber assise au sol, les genoux repliés devant elle, les coudes posés dessus. Elle regarda Dobby d'un air grave, celui-ci la regardait avec ses gros yeux écarquillés et semblait incapable de dire un mot. C'était probablement la première fois qu'un Malefoy l'empêchait de se faire du mal, et très certainement la première fois que l'un d'eux lui disait qu'il était désolé. Mais Aya était en colère contre ses parents, et elle en avait assez. Ils l'enfermaient pour tenter de la rendre plus docile, plus obéissante. Tout comme ils frappaient Dobby pour qu'il se soumette complétement à eux par la crainte.

Le Serpent qui RugissaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant