21 Juin 1993 - L'ELFE

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          Les flammes de la cheminée prirent soudain une teinte verte et Aya et sa valise apparurent dans l'antre. Elle adressa un large sourire à son frère et sa mère, s'avança... et s'écrasa soudain lourdement sur le tapis. Les pieds de sa valise s'étaient pris dedans, et elle s'était elle-même pris les pieds dans la valise.

          - Voyage mouvementé ? demanda Narcissa avec un sourire alors que Drago hilare, se tordait de rire sur le canapé.

          - Nooon du tout, ironisa Aya en roulant sur le dos, étendue en étoile sur le tapis qu'elle tapota d'une main. C'est juste ce bon vieux tapis qui m'avait manqué. Arrête de rire toi, ajouta-t-elle pour Drago en lui donnant une tape sur le tibias -le seul endroit qu'elle pouvait atteindre dans cette position.

          - Je me disais juste que c'était une entrée digne d'une major de promo, dit-il entre deux gloussements.

          - Avec classe et finesse, lança-t-elle en levant un pouce en l'air. Bon...

          Dans un effort qui sembla colossal, elle se redressa en tailleur et posa un coude sur la table basse.

          - Pour me récompenser de mes résultats exemplaires, j'attends bien évidemment un balai, comme tu t'en doute. Il paraît qu'il y a un nouveau prototype qui va sortir, mieux que les Nimbus, c'est évidemment celui-ci qui m'intéresse, dit-elle très sérieusement à sa mère, avec une lueur de malice dans les yeux.

          Pendant une seconde Narcissa parut outrée, mais sous son air révolté et pincé, Aya décela un micro-sourire.

          - Tu verras ça avec ton père. Mais je ne te conseille pas de lui parler de balai pour le moment, à moins de vouloir finir enfermer à la cave tout l'été. Il est... de très mauvaise humeur c'est dernier temps.

          Aya parut soudain horrifiée, on aurait dit qu'on venait de lui annoncer qu'à partir de maintenant Noël ne se fêterait plus qu'un an sur deux. Elle échangea un regard alarmé avec Drago, qui ne riait plus du tout et se contentait de hocher sinistrement la tête. Narcissa observa l'étrange comportement de ses enfants sans comprendre,

         - M'man... Quand toi tu dis que p'pa est de mauvaise humeur... c'est qu'il est vrai-ment de mauvaise humeur, si tu vois ce que je veux dire... alors si, en plus, tu dis qu'il est de très mauvaise humeur... Je peux repartir à Durmstrang tout de suite ? Les vacances ce n'est pas si important après tout.

          Narcissa leva les yeux au ciel puis tourna les talons,

          - Un jus de citrouille ? demanda-t-elle comme s'ils venaient de parler chiffons et tricots.

          Aya ne répondit pas et la regarda s'éloigner, scandalisée. Mais dès que Narcissa sortit de la pièce, son expression changea du tout au tout. Aya sautilla de quelques bons pour se rapprocher de Drago.

          - Un basilic, Drago, un basilic ! chuchota-t-elle sur un ton de reproche qu'il ne comprit pas tout de suite. D'accord, j'avais tort et Emi avait raison, mais comment, par Merlin, as-tu osé m'écrire, je cite, « c'était la fille Weasley finalement, elle s'est faite manipulée ou quelque chose comme ça » suivi de « le monstre serait un basilic d'après les rumeurs ». Qu'est-ce qu'il vous apprenne à Poudlard ? Tu réalises, qu'il faut parler fourchelangue pour espérer contrôler un Ba-si-lic  !? Tu sais aussi qu'il faut être envoûté par un fourchelangue pour parler fourchelangue, non ? Comment, nom d'une baguette, Père a bien pu s'y prendre pour -presque- réussir un tel coup ?

          Elle parla vite et bas, en jetant des regards à la porte au cas où Narcissa surgirait subitement dans l'encadrement. On aurait dit qu'elle avait attendu de le voir depuis deux semaines, juste pour lui dire ce qu'elle pensait de sa lettre et ses dernières révélations sur la Chambre. Drago écarquilla les yeux, incrédule, et resta un instant la bouche entrouverte à brasser l'air tel une carpe.

          - Tu m'exaspères mon frère, arrêtes de te fier à ce que dit Père, il y a étoile sous centaure dans cette histoire.

          Elle refit des petits sauts en marche arrière pour revenir à sa place au moment où Narcissa revenait dans la pièce, un plateau en argent dans les mains qu'elle posa sur la table basse.

          - Il est où Dobby ? demanda Aya, l'air de rien, en attrapant un verre de jus de citrouille frais et un biscuit.

          - Il est... partit, répondit la mère en échangeant un regard inquiet avec son fils.

          - Partit ? Où ça ? Pourquoi faire ? enchaîna Aya en balayant la pièce comme si elle espérait apercevoir un panneau lui indiquant la direction.

          - Je voulais dire, qu'il est... euh, et bien...libre, désormais...

          Aya, qui venait de croquer dans un nouveau biscuit, regarda sa mère comme si elle la voyait pour la première fois. Elle jeta un regard à son frère, qui leva aussitôt ses mains en l'air, paumes ouvertes en signe d'innocence, marmonnant quelque chose qui ressemblait à « 'l'ai su hier en rentrant ».

          - Lifle ? Co'manfa liffle ? répéta-t-elle médusée, la bouche pleine en faisant tomber quantité de miettes sur le tapis.

          - Oui, jeune fille, libre ! Ce qui veut dire que je fais le ménage, tu seras donc priée d'éviter ce genre de chose ! lança-t-elle en pointant un index et un sourcil réprobateurs en direction des miettes.

          - Mais... Mais... balbutia Aya après avoir réussi à avaler sa bouchée, non sans déglutir difficilement. Comment... Pourquoi... Qu'est-ce qui s'est passé ?

          - Potter, grogna Drago.

          - Potter ?! s'étrangla Aya avec une voix suraiguë, ses yeux menaçants à présent de s'extirper de leur orbite. Heureusement pour elle, était déjà assise, et par terre, sinon, elle en serait tombée à la renverse. Qu'est-ce que Potter vient faire là-dedans ?!

Le Serpent qui RugissaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant