Le Serpent qui Rugissait

20 Décembre 1992 - LA QUESTION

          Les deux dernières semaines du trimestre furent de loin les pires pour Aya.

          D'abord, Karkaroff lui avait annoncé que compte tenu de ses progrès récents, il serait préférable qu'elle reste à Durmstrang pour ne pas interrompre ses séances. Elle n'avait pas fait une seule crise en deux mois, et il serait fâcheux de gâcher tous ses efforts pour deux malheureuses semaines de vacances. Aya avait bien entendu protesté, mais Karkaroff avait déjà prévenu Lucius et l'affaire était close. Elle resterait à Durmstrang et ces parents viendraient la voir quelques jours. Évidemment, sans Drago, qui se retrouvait consigné à Poudlard par la même occasion.

          Malheureusement, les nerfs mis à vifs par cette annonce, ces beaux efforts furent quand même réduits à néants. En plein duel, et sous les yeux de toute l'école elle avait lamentablement perdu le contrôle. Elle s'était faite désarmée, sa baguette avait volé jusqu'à son adversaire. Mais cela n'avait pas empêché Aya d'envoyer ce dernier valser à l'autre bout de l'estrade dans un majestueux -et douloureux- vol plané. Sa baguette avait alors fait marche arrière pour revenir fidèlement dans sa main. Le silence dans la salle avait été si lourd, qu'il en était devenu oppressant, tout le monde l'avait regardé comme si elle avait soudain contracté une forme particulièrement ravageuse de Dragoncelle. Les professeurs avaient mis fin au duel comme si de rien n'était, et Aya avait fui la salle le plus discrètement possible.

          À la suite de quoi, elle s'était bien entendu fait remonter les bretelles par Karkaroff, Mr Katlitz, son directeur de maison, et Mr Rakseï, l'un des professeurs de Duel ; ce qui ne l'aida en rien à retrouver sa bonne humeur. Sans parler de tous les regards en biais et tous les chuchotements qui l'accompagnaient désormais dans les couloirs. Certains, un peu trop curieux, avait même découvert qu'elle se rendait le soir dans le bureau de Karkaroff, ce qui ne fit qu'alimenter les ragots, à son plus grand désespoir.

          Pour finir, elle tenait à présent dans ses mains la dernière lettre de Drago. Passablement irrité, il lui parlait des dernières révélations de Lucius concernant la chambre ; elle avait déjà été ouverte cinquante ans plutôt. Une sang-de-bourbe avait été tuée, mais il refusait de révéler par qui. Drago  lui racontait aussi qu'il y avait eu un club de Duel à Poudlard, et qu'il avait affronté Potter. Les sorts autorisés en duel entre Poudlard et Durmstrang, étant bien opposé, Drago avait fait sortir un simple serpent de sa baguette pour déstabiliser Potter.

          Ce dernier, fort à son aise, avait alors parler Fourchelangue devant toute l'assemblée présente.

          Aya n'en revenait pas, elle lut et relut la lettre plusieurs fois au cas où un détail capital lui aurait échappé. Le gong sonore annonçant sept heures résonna dans le réfectoire en la faisant sursauter. Elle fourra la lettre dans la poche de sa cape, cala son sac sur son épaule. Puis, alla déposer son plateau repas dans un petit trou rectangulaire dans le mur près de la sortie. Où deux mains aux longs doigts d'elfe l'attrapèrent aussitôt. Elle releva le col de sa fourrure jusqu'à son nez et sortit dans les couloirs glacials de Durmstrang, plongée dans ses pensées.

          - Vous êtes en retard, grogna la voix de Karkaroff lorsqu'elle toqua à la porte de son bureau.

          - Professeur, je voudrais vous demander quelque chose, dit-elle d'une voix douce en entrant sans prêter attention à la remontrance.

          - Voilà un ton fort charmant, remarqua Karkaroff l'air pincé.

          - C'est important, se justifia Aya avec un haussement d'épaule.

          - Et bien, je vous écoute.

          - Voilà. Peut-on apprendre à parler Fourchelangue ?