4 Novembre 1981 - LE LIEN

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          - Severus ! s'exclama une grande femme blonde à l'air pincé, lorsque ce dernier lui ouvrit la porte sur laquelle elle tambourinait depuis cinq minutes.

          - Narcissa... répondit surpris, un homme au nez crochu et au visage encadré de longs cheveux noirs lisses et gras.

           Narcissa lui passa devant et entra dans un minuscule salon étroit aux murs recouverts de centaines et centaines de livres. Severus referma la porte et se tourna vers Narcissa comme s'il s'agissait d'une visite de courtoisie tout à fait banal.

          Comme lui, elle avait le teint pâle et maladif, des cernes prononcés, et l'air de quelqu'un qui a passé une très mauvaise semaine. Elle tenait dans ses bras, un gros tas de couvertures qu'elle berçait machinalement, l'air agité. Severus s'apprêtait à lui demander le motif de sa visite, mais ni tenant plus elle se mit à parler précipitamment,

          - Severus... Tu dois la prendre, tu dois t'en occuper... Je ne peux pas... Elle est trop dangereuse...

          - Cette enfant t'a été confiée, Narcissa, coupa Severus avec gravité.

          - Il n'est plus là... dit-elle d'une petite voix fébrile.

          - Ne dis pas ça ! rugit Severus. Il est peut-être simplement blessé, il pourrait revenir d'un moment à l'autre ! Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé ! Que penses-tu qu'il fera s'il voit que tu t'es débarrassée de l'enfant ? Qu'en penses Lucius ? Lui as-tu dit que tu me rendais visite ?

          - Elle attaque Drago à chaque fois qu'il pleure ! hurla Narcissa en éclatant soudain en sanglot. Elle va le blesser ou... ou...

          Sa voix se brisa. Le tas de couvertures dans ses bras remua et elle sursauta, comme si elle avait momentanément oublié qu'au milieu, se tenait un bébé. Elle fourra aussitôt l'enfant dans les bras de Severus et s'éloigna de l'autre côté de la pièce en essuyant à la va-vite les larmes qui avaient coulé sur ses joues. Elle croisa les bras sur sa poitrine. Severus, lui, ne put masquer sa stupeur et sa gêne, il fixait l'enfant endormi avec intensité, en le tenant comme s'il allait se briser si on exerçait la moindre pression sur son minuscule corps.

          - C'est à cause de ce que Bella lui a fait... hoqueta Narcissa dans son coin, elle est trop dangereuse... Peut-être si le Seigneur avait été là, il aurait pu faire quelque chose... Mais là... Je t'en prie, Severus, comprend moi...

          Mais Severus restait muet et continuait de regarder l'enfant avec une expression indéchiffrable.

          - Je n'ai pas beaucoup de personnes vers qui me tourner, Severus. Si tu ne la prends pas avec toi, je la rendrai à Bella... Elle se fera sûrement un plaisir d'élever le monstre qu'elle a créé, dit-elle d'une voix sourde.

          - Ce n'est pas un monstre, répliqua aussitôt Severus sans lever les yeux.

          Il avait parlé d'une voix plate et froide, à peine plus forte qu'un chuchotement, mais catégorique.

          - Je peux la brider. Ou du moins, nous assurer qu'elle ne puisse pas blesser Drago. Mais elle doit rester avec toi, Narcissa. J'ai obtenu un poste à Poudlard, sous les ordres du Maître, comme tu le sais, même si je le voulais, je ne pourrais pas m'en occuper. Quant à Bellatrix... Eh bien, je ne peux t'obliger à rien. J'espère simplement qu'en tant que mère, tu ne pourras te résoudre sérieusement à laisser cette enfant seule avec ta sœur après ce qu'il s'est passé, ne serait-ce qu'une seconde de plus.

Le Serpent qui RugissaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant