Ce soir-là, il avait plu toute la soirée à fines gouttes sans l'ombre d'un orage à l'horizon.
Aya n'aurait su dire ce qu'elle attendait le plus, l'orage ou la Finale de la Coupe du Monde de Quidditch. La seule chose certaine, c'était que l'orage devait impérativement arriver avant ou après la Finale. S'il frappé alors qu'elle n'était pas au manoir ses efforts serait anéantis une fois de plus.
Elle se demandait aussi comment elle ferait pour réciter son incantation deux fois par jour une fois là-bas si le match devait durer plusieurs jours. Au manoir, il était facile de se réveiller au lever du soleil, réciter la formule, puis se rendormir bien sagement. Le soir, à l'heure du coucher de soleil, elle devait simplement échapper à la surveillance de Drago, qui, il fallait l'avouer, n'était pas très vigilant. Elle craignait que les choses soient plus compliquées au milieu de centaines de sorciers surexcités, or, il fallait absolument respecter les horaires, et absolument ne pas se faire surprendre.
- Je me demande bien comment les Champions sont choisis, dit Drago pour la centième fois, depuis que leur père leur avait parlé de l'arrivée du Tournoi des Trois Sorciers à Poudlard, il tournait en boucle sur le sujet.
- Mh... Moi, je dis que c'est absolument injuste. Après une pierre philosophale, un basilic dans une chambre secrète et un fou évadé, ils auraient pu laisser le tournoi à Durmstrang ! Ou au moins éviter cette fichue nouvelle règle, j'aurais au moins pu faire partie des participants qui resteront à Poudlard... on aurait pu se voir toute l'année.
- Il n'y a pas que les Champions qui resteront à Poudlard ?
- Normalement non. J'ai lu quelque part qu'une année, un groupe de participants de Durmstrang avait ensorcelé la cape du Champion de Beauxbâtons de l'époque pour que sa capuche l'étrangle en pleine épreuve et ainsi avantager leur propre Champion...
Un éclair éclaira le ciel en projetant pendant un instant des ombres inquiétantes dans la chambre de Drago.
- ... ça avait fait tout un scandale, le Champion de Durmstrang aurait été disqualifié s'il...
- S'il... ?
Mais il n'eut jamais la fin de la phrase, Aya s'était levée dans un sursaut, avait attrapé une cape dans l'armoire de Drago et ouvrait à présent la fenêtre.
- Qu'est-ce...
- Ne me suis pas, ne t'inquiète pas, je t'expliquerai, dit-elle dans un souffle sans même le regarder, elle mit sa capuche et grimpa sur le montant de la fenêtre.
- Aya... s'étrangla Drago.
Mais au moment où le tonnerre gronda, Aya sauta. Drago se précipita vers la fenêtre le souffle coupé. Il vit sa sœur rebondir deux étages plus bas sur quelque chose d'invisible faire une jolie pirouette et atterrir en souplesse sur le gazon mouillé du jardin. Sans même se retourner, il la vit détaler sous la pluie.
- Par Salazar, qu'est-ce que tu manigances encore ? murmura-t-il en la voyant à présent disparaître derrière à la volière.
À chaque seconde la pluie s'intensifiait, Aya dérapa devant sa cachette en maculant la cape de boue. D'un coup de baguette elle fit sauter les briques qui protégeaient sa fiole, et l'attrapa délicatement.
- Ah-ah ! triompha-t-elle en tenant enfin sa potion rouge sang au creux de sa main.
Un nouvel éclair déchira le ciel et Aya se remit à courir. La pluie était si dru à présent qu'elle voyait à peine où elle mettait les pieds, mais heureusement elle pouvait se déplacer dans ce parc les yeux fermés.
Un nouveau coup de baguette et la porte de la salle des bals s'ouvrit à la volée. Elle s'engouffra à l'intérieur et jeta sa cape au sol en se précipitant au milieu de la pièce. La salle n'avait plus servi depuis le décès de son grand-père, et n'était plus entretenue depuis le départ de Dobby. Toutes les tables et les chaises avaient étaient repoussées contre un mur et une fine couche de poussière recouvrait le sol. Ici, elle aurait toute la place et la tranquillité dont elle aurait besoin.
Elle prit une profonde et lente inspiration en fermant les yeux, tâchant de chasser son excitation pour retrouver son calme et ses esprits. Du pouce elle fit sauter le bouchon de sa fiole, et de son autre main plaça l'extrémité de sa baguette magique sur son cœur. Elle récita la formule qu'elle avait répétée et répétée, encore et encore, en ayant l'étrange impression de la prononcer pour la première fois.
- Amato Animo Animato Animagus.
Puis elle avala sa potion d'un trait.
Le deuxième battement de cœur qu'elle avait quelques fois sentit en récitant son incantation se réveilla soudain. Aussi puissant que le premier, et complétement désynchronisé, Aya eut l'impression qu'on lui comprimait la poitrine dans un étau et fit un pas en arrière. Sous l'effet de la surprise et du choc, elle en avait lâché la fiole qui s'était fracassée en morceaux sur le sol. Les deux battements, toujours désynchronisés, accélérèrent brusquement et une douleur lancinante lui parcourue l'échine. Elle tomba à terre en hurlant, une main sur sa tête, l'autre sur ses cœur qui semblaient s'allier pour sortir de sa poitrine. Sa vision se troubla alors que la douleur irradiée de sa colonne vertébrale jusqu'à ses membres. Une forme se dessina dans son esprit... des poils, une queue, quatre pattes, des yeux aux iris ovales... enfin elle savait en quoi elle allait se transformer. Si la douleur n'avait pas été aussi fulgurante, elle aurait souri.
Alors qu'elle commençait à voir son corps rapetissé, qu'elle sentait ses os s'entrechoquer et se métamorphoser, elle dût concentrer tous ses efforts pour oublier la douleur. Elle sentait ses vêtements fusionner avec sa peau alors que des poils commencés à lui recouvrir les bras et les jambes. Elle sentait ses poumons se comprimer mais tâcha de garder la respiration la plus calme possible malgré les crampes, les spasmes et son irrésistible envie de hurler. Ses mains se changèrent en pattes et sa baguette tomba au sol. Il fallait qu'elle reste calme, c'était primordiale si elle ne voulait pas que son instinct animal prenne le dessus lors de cette première transformation.
Enfin, la métamorphose pris fin, et la douleur disparu. Un troisième éclair illumina la pièce à travers les rideaux poussiéreux, et Aya découvrit son nouveau corps.
Il était très tard quand Aya rentra enfin au manoir cette nuit-là, la pluie avait fini par cesser. Elle n'avait pas pu résister à l'envie d'aller faire un tour, d'apprendre à courir, sauter, utiliser ses nouveaux sens -son odorat, son ouïe et sa vue étant fortement décuplés sous sa forme animale. Elle avait aussi eu besoin d'essayer plusieurs fois sa transformation, d'animal en sorcière et de sorcière en animal, afin d'être sûre qu'elle pouvait désormais le faire à volonté. Enfin, elle était retournée à la volière pour y replacer les briques, ni vu ni connu.
Elle passa devant la chambre de Drago qui dormait profondément, étalé en étoile dans son lit. Elle hésita un instant mais estima qu'elle ferait mieux de l'imiter pour cette nuit, elle lui parlerait demain.
Épuisée, mais plus que contente, Aya ferma la porte de sa chambre, se déshabilla en laissant tout trainer et se rua vers son lit.
- Cette couleur vous va à ravir, lança son miroir lorsqu'elle passa devant.
- Merci, répondit-elle machinalement sans lui prêter attention, avant de s'écrouler sur son lit où elle s'endormit en quelques secondes.
Elle rêva d'une bande chats, arpentant les couloirs de Durmstrang la nuit. L'un d'eux changeait de couleur à chaque fois qu'ils passaient l'angle d'un couloir. Brun... blanc... rose... violet...
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Le Serpent qui Rugissait
FanficAstraïa Malefoy a toujours été une sorcière anormalement puissante. Son frère, Drago, jaloux de tout et de tous, n'a pourtant jamais envié ses dons... Sûrement parce que la malheureuse contrôle mal ses pouvoirs et à tendance à faire appel involontai...