CHAPITRE 7

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Je cours dans les couloirs. Je dois aller la voir. Elle. C'est Elle que je dois aller voir. Elle. Cette voyante. Cette amie. Cette brune. Cette diseuse de bonne aventure. Cette alcoolique. Cette rebelle. Cette sorcière. Cette magicienne.
Je gravis des marches et des marches, encore et encore. Encore et encore. Encore et encore. Encore et encore. Encore et encore. Je refais sans cesse la même chose, le même geste. C'est mécanique.
Je m'arrête finalement en haut de cette grande tour qui surplombe tout le château. Je m'arrête devant cette vieille porte constellée de runes anciennes.
Je toque doucement à la porte. Une étrange voix se fait entendre. Elle me dit d'entrer. Mais on dirait que cette voix a été exagérée. Comme si on voulait lui donner un timbre mystérieux mais que toute la mise en scène était gâchée par des relents d'alcool.
Lorsque je rentre dans la pièce, j'ai l'impression d'être dans un autre monde. Les lumières sont tamisées, les minces fenêtres sont calfeutrées avec de lourds et épais tissus. Des brûleurs d'encens diffusent une odeur âcre sensée rappeller l'Orient. Mais pour cela, il faut avoir une imagination débordante car malheureusement, l'odeur d'alcool est partout. Il imprégne l'oxygène donnant un air... Complètement différend par rapport au but initial.
Une femme est assise en tailleur devant une petite table ronde, elle contemple des cartes, les yeux fermés, une bouteille pratiquement vide à la main.
« Bonjour Cana, je fais.
— Lucy Heartfilia, je savais que tu viendrais. »
Elle rouvre les yeux, ses cheveux noirs cascadant doucement autour de sa silhouette mince. Elle n'est que peu vêtu, elle porte un simple pantalon avec un haut de bikini bleu. Un voile sombre descend dans son dos.
« Tu cherches des réponses à tes questions. Demandes, et les cartes trouve... Attends une minute. »
Alors, sous mes yeux exhorbités, elle porte le goulot de sa bouteille à sa bouche et en avale les dernières gouttes sans respirer. Lorsqu'elle la repose, elle est un peu chancelante, ses joues sont rouges et elle affiche un sourire béat.
« Voilà, c'est mieux comme ça... Donc, demandes, et les cartes trouveront.
— Euh... Euh... Je... »
Je ne sais pas quoi lui répondre. Cette fille est-elle folle ? Non, elle est medium, magicienne, sorci... Ouais, folle quoi.
Et puis... Elle vient tout de même de s'enfiler une bouteille entière à ce que je constate... Et... Et elle est même pas pompette !!!!! Elle bégaye même pas !!!!!
«Je ne cherches pas grand chose. Je désires seulement un moyen de changer la couleur de mes yeux. »
Cana me contemple longuement, son regard parcours tout mon visage. Et puis brusquement, elle tire une carte. Puis une autre. Et encore une autre. Encore et encore. Au final, c'est cinq cartes qui lui font face. Elle les retourne toutes. La première dévoile un homme tenant dans sa main une fleur bleue. L'autre, deux yeux. Un couleur chocolat et l'autre bleu comme le saphir. La suivante est celle d'un poignard plongé dans un cœur sanguinolent. La quatrième est un bateau au milieu des flots ayant pour seul passager, une rose blanche. Et enfin, la dernière représente une petite fille blonde, en robe blanche... Tachée de sang, tenant à la main un poignard dont les reflets le font paraître vermeille.
Je retiens mon souffle devant cette dernière carte. Elle est terrifiante... Et en même temps d'une beauté irréelle.
La bouche de Cana s'ouvre grand.
« Je..., commence-t-elle en désignant la dernière qu'elle a piochée. C'est la première fois que je vois cela... Je pensais que cette carte n'existait que dans les livres.
— Euh... Excuse-moi mais je t'ai juste demandé un moyen pour que mes yeux changent de couleur et là tu me ti...
— CHUT ! Les cartes me parlent ! Je... »
Elle pointe alors successivement les cartes dans l'ordre en commençant par les yeux, l'homme, le cœur, le bateau et la petite fille.
« Des yeux... Des yeux bleus... Comme une seconde peau... Un cœur brisé... Un amour... Une amitié... Ou plusieurs... Une réalité... Un voyage... Tu vas partir... Loin... Très loin... Une innocence... Du sang... Double face... Pas celui que tu penses... Différent....»
Alors, Cana se lève brusquement. Elle se dirige vers une table encombrée de toutes sortes de choses qu'elle pousse violement avant de se saisir d'une boîte marron sur laquelle elle souffle pour enlever la poussière. Elle me tend alors la boîte. Je l'ouvre délicatement. À l'intérieur, j'y découvre deux petits cercles bleu saphir..
« C'est une de mes inventions. J'ai appelé ça des lentilles, m'informe mon amie la folle.
— Lentilles ? Et pourquoi pas pois cassés ??!! »
Elle lève les yeux au ciel.
« Je t'en poses moi des questions ? Bref, mets ça sur tes yeux, ça te servira à en changer la couleur.
— Mais je...
— Tu parles trop !!!!!
— Une dernière question, pourquoi m'avoir tirer les cartes alors que tu savais d'office ce que je cherchais ?
— Procédure !! Maintenant file !!! »
Je ne demande pas mon reste en me jette contre la porte mais juste avant que je ne la franchisse, Cana me rattrape par le bras.
« Lucy Heartfilia, je ne te mens pas. J'ai bien vu ce que je t'ai dit sur les cartes. Fais bien attention à toi. J'ai peur pour toi. »
Je la contemple. Elle a raison d'avoir peur. Le risque que je vais prendre est inconcevable. Mais je suis déterminé à la faire. Rien ne pourra me faire changer d'avis. Alors, je me force à lui adresser un doux sourire.
« Ne t'inquiètes pas, Cana, je ne risques absolument rien. »
Elle me lâche et hoche la taille, me croyant. Et elle ne sait pas à quel point je me suis jouée d'elle.

Je suis dans ma chambre, des ciseaux à la main, contemplant mon reflet dans une casserole cuivrée que j'ai emprunté. J'ai déjà mis les vêtements ainsi que ces "lentilles" qui m'ont rendus les yeux bleus. J'ai aplatit mon abondante poitrine avec un gros pans de tissu si bien que je parais plate. Comme un homme. Je me saisis d'une mèche de mes cheveux blonds et la contemple longuement. J'y porte les lames de mon ciseaux. Et je coupe. Mes cheveux dorés tombent doucement sur mes épaules. Et je fais ça pour chacune de mes mèches.
Tandis que je contemple ses fils d'or qui s'échouent au sol, je me murmure cette même phrase.
« Joyeux anniversaire Lucy »

J'arrive dans les appartements de Sting, des vêtements dans les bras. Lorsqu'il me voit, Monsieur Snobinard a un mouvement de recul, il ne me reconnaît pas tout de suite.
« Lucy ?! Mais pourquoi tu...
— Monsieur, je vous en supplie, mettez-ça. »
Je lui tends alors le paquet de vêtements qu'il déplie avant de froncer les sourcils.
« Une robe ???!!! Ta robe en plus !!!!! Tu te fiches de moi !!!!!!!
— Non Monsieur. Je ne me répéterai pas vous savez, mettez cette robe. »
Il écrase violement son poing sur le mur près de ma tête.
« Il n'en est point question !! Cela vous plairai à vous, boniches, de me voir en robe hein ?! Mais je ne m'abbaiserai point à cela !!! Encore moins le jour de mon anniversaire !!!!! Je te ferai fouetter pour cette insolence !!!!
— Vous n'en ferez rien.
— Et qui m'en empêchera ?
— Moi.
— Toi ??!! La bonne affaire ! Et comment t'y prendrais-tu ???!!!
— En vous assommant.
— En m'a... »
Il n'a pas le temps de finir sa phrase
Je me jette sur lui et aussitôt, les cours de défense que m'avaient appris Madame Aquarius et Monsieur Scorpio à l'orphelinat me reviennent en tête. Immédiatement, je plaque mes doigts dans son cou, sur la jugulaire. Une simple petite pression et il est au pays des rêves. C'est presque trop facile. Je m'empare alors de son diamant qui pend à son oreille gauche et je le place sur la mienne. Juste après avoir fait ça, je déchire quelques-uns de ses vêtements en bandelettes dont je me serre pour l'attacher. Aussitôt fait, je le porte avec peine jusqu'à la lourde armoire où je l'y enferme. Je laisse à peine un maigre espace afin de le laisser respirer tout de même avant de me revêtir de ses habits de ce soir.
On toque à la porte et j'entends la voix de Lévy qui s'élève.
« Monsieur ? Les invités commencent à arriver et votre père le roi vous demande. »
Je force sur ma voix pour qu'elle atteigne le même timbre hautain que celui de mon frère qui se trouve inconscient dans l'armoire.
« Allez dire à mon père que j'arrive sale boniche !
— Ou... Oui Mon... Monsieur. »
La voix de Lévy tremble et aussitôt une profonde culpabilité m'envahit. Elle m'avait confié que cela lui faisait du mal lorsque Sting l'insultait et c'est pourtant exactement ce que je viens de faire. Je viens de faire souffrir ma meilleure amie. Cela à beau être pour la bonne cause, je m'en voudrais toujours. Alors, je jette un dernier regard à mon reflet dans le grand miroir. Mes cheveux sont hérissés en épis irréguliers, mes yeux sont bleu saphir, mon corps est parfaitement plat, sans formes, mes habits sont ceux d'un homme, un diamant se balance doucement à mon oreille gauche. La seul différence que j'ai avec lui, c'est que ma mâchoire et mon menton sont un peu plus étroits.
C'est tout.
Je suis la copie conforme de Sting.
Et cela pour toute la soirée.
Voir presque toute ma vie si mes soupçons sont fondés.
Je sors de la chambre et descends jusque dans la grande salle de réception où se tiennent déjà énormément de convives.
J'espère que personne ne me cherchera pour la fête de ce soir parmi les serviteurs. Car désormais, je ne suis plus Lucy Heartfilia, boniche et orpheline, ayant Lévy pour meilleure amie.
Désormais, je suis Sting Eucliff, prince de Fiore, fils adoptif du roi Weisslogia. Et j'ai un comportement plus que méprisant avec les petits gens.
Alors, j'ouvre les portes de la grande salle.

Et c'est dans la peau d'un autre que je rentre dans cet univers décerné aux riches.
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Coucou
Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Aimez-vous le personnage de Cana tel que je l'ai décrit ?
Dites moi si cela vous dérange l'idée que j'ai incorporé un élément du futur dans l'histoire. J'en suis moi même déçu mais je n'avais pas d'autre idée pour qu'on explique ce changement de couleur de yeux.
Et cette idée de de prendre la place de son frère ?
Va-t-elle marché ?
Les soupçons de Lucy sont-ils fondés ?
Et d'ailleurs, que sont-ils ?
Sinon votez commentez ça fait toujours plaisir
Bisou bisou

1) Pour toujours à tes côtés [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant