Chapitre 5

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Segnorina Viale, un visiteur vous demande, annonça Federico.

-Moi ?

Ariana leva les yeux de ce qu'elle examinait, les vignes commerçaient à se couvrir de fruits. De minuscules grappes vertes aussi parfaites que des perles.

-Oui le signer Ralfino... Enfin, le compte de Cazlevara, précisa son commercial.

-Hank... ?

-Ari mordit la lèvre : elle n'avait pu empêcher de laisser échapper son prénom alors qu'elle le connaissait si peu. Quel pouvait être l'objet de sa visite à la villa Rosso, trois jours après sa réapparition ? Un étrange frisson glissa le long de son échine, semblable au pressentiment, qui,  même sous un ciel sans nuage lui prédire à coup sûr la venu de l'orage. Et aussi de savoir quand protéger les grappes du gel. Mais en matière d'hommes, son instinct était-il aussi infaillible ? Elle avait su peu d'expérience...

- Il est dans le bureau ?

En voyant Frederico acquiescer, il prit conscience de son accoutrement : un pantalon poussiéreux et une chemise que la transpiration lui collait au dos, doit son uniforme habituel pour inspecter les vignes. Elle n'attendait aucun visiteur, surtout pas Hank. Que lui voulait-il donc ?

-Merci. Je vais le recevoir tout de suite.

Tout en tentant de calmer les battements désordonnés de son cœur, elle fit mine se continuer son inspection, jusqu'à ce qu'elle entende s'éloigner Frederico. Puis elle essaya de décoller sa chemise de son dos et de lisser quelques mèches folles. Elle devait être repoussante, impossible d'aller se refaire une beauté dans la villa s'il l'attendait déjà à la quantité dominante de Hank Ralfino, comte de Cazlevara...

Elle respira profondément, remit un peu d'ordre dans ses vêtements, redressa la tête et se dirigea vers le bâtiment qui abritait ses bureaux, ce lieu où elle se sentait chez elle, parfaitement à l'aise. Peu importait ses vêtements, elle était la reine de ce domaine. L'égale de Hank.

Les mains dans les poches, il arpentait la petite salle, le long du canapé et de la table basse couverte d'élégants magazines en papier glacé destinés aux visiteurs. De son corps puissant émanait une indomptable énergie, celle d'un fauve en cage, sombre et vaguement menaçant.

Pourquoi l'effrayait-il ainsi ? Ce n'était qu'un homme...

Mais quel homme ! Il portait un superbe costume italien de soie, parfaitement coupé, qui mettait en valeur sa haute silhouette dix bons centimètres de plus qu'elle, sois au moins un mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux coupés court étaient d'un Nour d'encre et ses yeux sombres. Lorsqu'ils se posèrent sur elle Ari, se sentir intimidée comme une écolière et se raidit.

- Quel plaisir inattendu, comte Cazlevara.. 
- Hank,  je vous en pris, laissa-t-il tomber, avec cette moue de dédain qu'elle lui connaissait désormais. Désolé de vous avoir interrompu dans votre travail.
- Je n'attendais pas de visite, j'étais en train d'inspecter nos vignes. 
- Comment se présente le raisin ?
-Il grossit, répondit-elle en reboutonnant sa chemise, qui n'arrête pas de glisser. Grâce à Dieu, il a fait beau, puis-je vous proposer un rafraîchissement ?

Il lui jeta un regard pensif qu'elle trouva immédiatement désagréable.

-Oui, merci. Il fait si chaud aujourd'hui !

Comme les yeux de son visiteur s'attardait sur son visage luisant et sa chemise trempée, elle se sentit rougir. Pourtant, il faudrait bien qu'il l'accepte comme elle était.

-Effectivement. Si nous passions dans la salle de dégustation ? Proposa-t-elle en désignant l'arrière du bâtiment ?

Avec un plafond voûté et ses larges fenêtres, cette pièce, agréable et ensoleillée, était meublée de quelques tables faites de vieux tonneaux bordés de hauts tabourets. Ari s'assit sur un canapé placé dans un coin et lissa son pantalon tout en adressant à son visiteur un sourire impersonnel.

-Que puis-je pour vous Hank ? S'enquit-elle en trébuchant légèrement son prénom ?

Il lui adressa un sourire éclatant.

- Vous vous êtes remarquablement débrouillé depuis quelques années, Ariana. Le vignoble Viale a décuplé ses rendements.

-Appelez-moi Ari, je vous en prie. Et merci pour le compliment. J'ai travaillé dur.

-Évidemment, et durant tout ce temps, vous n'avez pas quitté le Villa Rosso? Demanda-t-il, en se caressant le menton avec un exaspérant petit sourire inattendu.

-Je m'y trouve bien, répondit-elle, s'efforçant de ne pas avoir l'air sur la défensive.

-Vous n'avez jamais eu envie de voyager ? De visiter ce vaste monde ? Ou d'aller à l'Université ?

- J'ai un diplôme de viticulture de l'Université de Padoue, répliqua-t-elle d'une voix un peu plus tranchante.

-Excusez- moi je l'avais oublié.

-Ari fit sur le point de lui demandé comment il pouvait être au courant, mais préféra s'abstenir.

-Votre père doit être ravi que vous vous consacrerez entièrement au vignoble Viale et à lui aussi bien sûr. Durant toutes ces années, vous ne l'avez jamais quitté ?

- Non. répondit Ari qui commençait à se demander où son interlocuteur voulait en venir. Je ne me vois pas faire quoi que ce soit d'autre.

Effectivement, les vins Viale étaient devenus sa vie, son sang même. En dehors de sa maison et de son père, elle n'avait guère d'autre centre d'intérêt. Hank sourit, apparemment satisfait de cette  réponse, au moment où un employé entrait, apportant une carafe de jus de citron glacé avec deux verres.

-merci, murmura Ari qui remplit les deux verres et en tenant un à Hank. Ainsi vous voilà revenue de l'étranger. Vous avez l'intention de vous fixer ici ?

- c'est probable. J'ai l'impression d'être resté absent trop longtemps.

Son regard se durcit et ses mâchoires se crispèrent. Déconcentrée Ari se demander ce qui l'avait poussé à rentrer.

-Vous êtes content d'être de retour ?
-Oui.
- Pourtant, ce ne doit pas être désagréable de découvrir sans cesse de nouvelles villes, de nouvelles personnes.

Elle s'insulte mentalement de ne pas pouvoir se proférer autres choses que des banalités et résista à l'envie d'essuyer ses paumes moites sur son pantalon.

- Sans doute, mais il s'agissait de voyages d'affaires.
-Ah..
Voilà donc une réponse que la surprend.






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