chapitre 11

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Les mots de Hank résonnèrent dans la pièce comme s'ils emplissaient l'air. Dans la cheminée, une bûche s'effondra sur le foyer, projetant sur le tapis quelques étincelles. Ari  leva les yeux vers son hôte, la bouche sèche, prise de vertiges. Une fois de plus, elle se sentait incapable de prononcer le moindre mot et se demandait si elle avait bien entendu. N'avait-elle pas dans son désir de l'entendre enfin , imaginé cette phrase? Était-elle vraiment désespérée pour pour avoir pu rêver qu'il la prononçait?
À moins qu'il n'ait voulu plaisanter. Oui, ce devait être l'explication, évidemment... avec un sourire contraint, elle reprit son verre, adressant toutefois à Hank un regard entendu, pour lui montrer qu'elle appréciait son humour.
- Allons. Dites moi réellement de  quoi il s'agit.
Hank se pencha et la fixa avec une intensité qui la surprit.
-Je suis parfaitement sérieux Ari . Je veux vous épouser.
Si c'était une plaisanterie, elle la trouvait terriblement cruelle.
Pore que les filles cachaient ces vêtements âpres la gym, l'obligeait à traverser la vestiaire enveloppé d'une serviette de toilette tandis qu'elles chuchotaient en gloussant. Pire que quand le garçon qui l'avait invité a danser elle avait une quinzaine d'années s'était enfui en riant quand elle s'était levée, en voyant ensuite ces copains lui donner de l'argent. Elle avait tout de suite compris qu'elle avait fait l'objet d'un pari. Sans même parler de d'homme auquel elle s'était offerte, et qui lui avait répondu qu'il ne s'intéressait pas à elle de cette façon. Roberto avait joué les offensés, comme si elle s'était fourvoyée tout au long de leur relation. Et sans doute était-ce de nouveau le cas en ce moment même.
Elle prit une profonde inspiration et regarda Hank droit dans les yeux. La peur la saisie alors, glaçante: il semblait parfaitement sérieux... Impossible!
-Je vous avais dit que cette affaire sortait de l'ordinaire, déclara-t-il avec un sourire au coin des lèvres et un regard amusant qui fit frémit la jeune femme.
- Effectivement, reconnut Ari.
Elle avala une gorgée de vin de travers malheureusement et, tandis qu'elle l'étranglait, elle s'efforça d'étouffer la quinte inélégante qui le secouait. Hank lui tapota le dos. Elle réussi à ravaler sa toux mais resta quand même figée quelques secondes, led yeux pleins de larmes. Son compagnon lui mit un verre d'eau entre les mains.
- Désolée, dit-elle en s'essuyant les yeux avant d'avaler une gorgée.
-Tout vas bien?  Je vois que je vous ai surprise.
- Vous pouvez le dire!
Ari hocha la tête, encore incapable de croire à ce qu'elle vient d'entendre. Que pouvait-il avoir à l'esprit? Rien de tout cela ne paraissait cohérent.
-Je n'avait pas l'intention d'être aussi abrupt, mais il s'agit effectivement d'une affaire, parfaitement honnête.
Elle jeta un coup d'œil à la pièce illuminé par des bougies.
Les verres encore à moitié pleins de vin étincelaient et, dans la cheminée, les braises rougeoaient. Elle sentait sourdre en elle un désir désespérée, inassouvi. Quelle idiote était elle!
-une affaire, répéta-t-elle lentement. Bien sûr.
Pour un homme aussi déterminer et ambitieux que Hank, le mariage ne pouvait être que cela. Elle s'était raidit en percevant dans sa propre voix une pointe de déception. Comment pouvait elle être déçue puisque tout ce qu'elle avait désiré et ressenti ne l'avait été que dans son imagination? Et dans son corps à elle, pas dans celui de Hank
- pouvez-vous m'expliquer comment un mariage peut constituer une affaire? Articula-t-elle.

Les ondes qui émanaient du corps d'Ari glacaient l'atmosphère de la pièce, et Hank se dit qu'il avait commis une erreur. Plusieurs même. Lui qui était si certain de gagner. Il avait eu tout faux. Il avait vu le regard qu'elle avait jeté autour d'elle, au décor qu'il avait soigneusement étudié pour un tête-a-tête romantique, intime et suggestif.
Un cadre totalement inapproprié a un dîné d'affaires... Mais quel imbécile ce Hank.

Le ténébreux ItalienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant