Le ténébreux Italien

chapitre 13

  Elle recula et pris une gorgée de whisky tandis qu'il s'apprêtait à jouer.
- -pourquoi voulez-vous m'épouser? Demanda-t-elle d'un ton enjoué au moment où il tirait.
Fut-il surpris? En tout cas tout comme elle,il manqua son tire
-Je pense que vous feriez une épouse convenable. Expliqua-t-il en lui jetant un coup d'œil perçant.
- convenable? Comme c'est romantique.
- il s'agit d'un pacte comme je vous l'ai dit. Un contrat.
- Ainsi pour vous, le mariage est un marché comme un autre?
-Oui
-Simple curiosité: qu'est ce qui vous semble si convenable en moi?
-Tout.
-Vraiment? Je ne le sens pas pourtant si exemplaire!
-Vous appartenez à une famille connue et respectée dans toute la région. Depuis dix ans vous travaillez dur pour développer votre domaine. Et vous êtes loyale.
- Les qualités que vous jugez essentielles chez votre future épouse, si je comprends bien. C'est vous qui avez dressée cette liste?

À son tour il fit mouche. Ils étaient à égalité dans le billard du moins...

-Je sais ce que je veux , lança-t-il après une seconde d'hésitation toutefois.
Mais Ari aussi savait ce qu'elle voulait: allez au fond des choses et connaître la vérité.
- L'amour ne vous intéresse pas, je suppose? Demanda-t-elle aussi légèrement que possible.
-Non. Et vous?
Il la fixa intensément, la tête penchée attendant une réponse.
- Non. Répondit-elle froidement, en se penchant pour viser. Pas du tout.
- Tant mieux.
- Je savais que c'est ce que vous répondiez.
-Cela rend les choses plus faciles. Certaines femmes déclara-t-il prudemment, refuseraient l'idée d'un mariage...
-D'un mariage de raison, termina-t-elle comme il cherchait ses mots.
-Oui. Mais comprenez moi bien , je veux un véritable mariage, dans tout les sens du terme.

Elle a parfaitement saisi ce que Hank voulait lui dire. Elle ferma les yeux un instant, sans feu à chasser l'image qui s'était immédiatement imposée à elle: un lit à Baldaquin défait sur lequel reposait Hank. Nu...
-elle revint vers la table de billard.
-Vous faites allusion au sexe j'imagine, dit- elle d'une voix nonchalance mais sans oser le regarder.
Elle rata son coup.
-Oui. Je veux des enfants. Des héritiers.
- C'est pour cette raison que vous voulez vous marier?
Il eut une légère hésitation.
- C'est la raison essentielle.

Sans comprendre pourquoi, Ari se sentit déçu. Mais il raisonnait différemment: il était Comte et possédait outre son titre, un château et un vignoble dont hésiteraient des descendants.

- Vous désirez des enfants Ari?
Cette question lui parut d'autant plus intime qu'il lui avait posée d'une voix basse et un peu rauque, qui la retourna littéralement i. Effet inattendu, violent, primitif. Et effrayant.
- Je suppose.
- Comment ça, vous supposez?
- Je n'y ait pas pensée depuis longtemps, reconnu-t-elle . Parce que je ne croyais pas que l'occasion m'en serait donné
- Alors ce Mariage nous convient à l'un comme à l'autre.
- Non.
- Pourquoi?
- Nous parlons mariage, un  engagement pour la vie.
- Et alors?
- Une telle décision mérite de réflexion.
- J'y ai réfléchi très sérieusement
- oui mais moi, absolument pas, répliqua-t-elle, en proie à une bouffée de colère inattendue.
- très bien.je suppose alors que vous avez des questions a me poser.

Ari ferma brièvement les yeux. Des questions, elle en avait des dizaines, mais pas forcément envie de les verbaliser à haute voix . Pourquoi voulez-vous m'épouser, moi? Et si nous nous mettons à nous détester? Vous n'éprouvez vraiment pas le moindre désir pour moi? Pourquoi suis-je si tentée d'accepter?

Elle se trouvait ridicule de paraître seulement prendre au sérieux là proposition de Hank. Mais en rouvrant les yeux elle découvrit son regard interrogateur posé sur elle.

- je ne sais même pas quelle idée vous vous faites du mariage ou d'une épouse. Comment réussirions-nous à vivre... ensemble?
-parfaitement j'imagine.
Elle eu envie de hurler "je ne vous plais pas, il n'y a qu'à voir la façon dont vous me regardez!" Comment donner son corps à un homme qui la toisait avec dédain?
- A quoi penser vous Ari?
La voix de Hank était aimable, un peu inquiète. Elle failli lui dire la vérité mais craignait sa réaction. Elle poussa un long soupir.
- il existe certainement d'autres femmes qui remplissent vos critères.
- Non. Très peu connaissent le vin aussi bien que vous dans la région, Ari. En rapprochant nos deux vignobles, nous offrirons à nos enfants un héritage considérables. Et puis j'apprécie votre éducation, votre classe...
- En vous entendant j'ai l'impression d'être une jument, constata-t-elle.
- Dans ce cas considérez-moi comme un cheval.
- vous voulez dire un étalon?
Malgré son dépit, elle acquiessa un sourire.
- Bien sûr puisque je considère ce mariage comme une affaire, vous pouvez très bien y chercher votre propre intérêt.

Elle se mordit la lèvre. Tout paraissait si facile, si évident. Comme s'il était acceptable de conclure une affaire de mariage au dessus d'un table de billard. Il lui avait déjà fait comprendre clairement qu'il n'était pas amoureux d'elle. Mais même si elle se mettait en quête d'amour, trouverait-elle un homme pour l'aimer?

Elle l'observa à la dérobé. Il s'était débarrassé de sa veste, de sa cravate et avait déboutonné les deux premiers boutons de sa chemise. Sous le plafonnier,sa chevelure sombre luisait comme l'ébène. La ligne de sa mâchoire était superbement dessiné. Un bel homme. Prêt à l'épouser. Elle leva les yeux au ciel: c'était de la folie! Jamais cela ne pourrait marcher; et quand il découvrirait son bon sens elle se sentirait anéantie de chagrin, une fois de plus.

Jamais il ne la désirait, elle le lisait dans ses yeux, elle le sentait dans son corps... Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'y croire. Son esprit s'affairait à trouver des solutions. À espérer. Une part  d'elle même aurait voulu épouser Hank, aspirait à cette proposition absurde et insultante en valait la peine dans un obscur recoin de son âme. C'était bien le cas.
Brusquement, elle se leva.
- Nous ferions mieux de jouer.
Elle n'avait plus envie de parler , ni de réfléchir, seulement d'écraser le comte de Cazlevara.