chapitre 20

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Une fois installée à la meilleure table d'un des restaurants les plus renommés de Venise, Ari jeta un coup d'œil à la ronde. En découvrant les toilettes élégantes que portaient les femmes, elle eut une pointe de regret. Heureusement, si Hank était gêné par sa tenue incongrue, il n'en montrait absolument rien.
-Je vous recommande leurs moules.
-J'en prends note, répondit-elle.
Elle avait du mal à croire qu'elle était vraiment là, assise en face de Hank, et envisageait de l'épouser.! Comme si elle s'apprêtait à sauter du haut d'une falaise, sans savoir ce qui l'attendait en bas; de l'eau ou des roches, la vie ou la mort...
Lorsqu'ils eurent choisi leurs plats, Hank commanda un vin local.
-Goûtons ce que nous propose la concurrence.
Ari acquiesça. C'était également ce qu'elle faisait dans les rares occasions où elle dînait à l'extérieur.
- j'ai des questions à vous poser, annonça-t-elle à Hank quand on leur servi le vin et les entrées.
-Je vous en prie.
-Qu'attendez vous de votre épouse?
Il demeura impassible, la fixant d'un air pensif. Elle se rendit compte que ses doigts étaient nerveusement crispés sur le pied de son verre.
-J'attends qu'elle soit pour moi une partenaire, dans tous les sens du terme, et pour la vie.
Cette réponse simple et honnête fit monter le rouge aux joues d'Ari.
-Alors comment pouvez-vous me proposer un tel contrat sans me connaître? Cela me semble un pari bien risqué.
Elle le scruta de nouveau, cherchant a deviner ses sentiments, à découvrir Pourquoi il l'avait choisie, elle , pour jouer ce rôle sûrement très convoité.
-Pas autant que vous semblez le croire. Je n'ai pas pris une décision si importante sans m'être renseigné auparavant.
-Renseigné? Sur moi?
- Bien sûr, acquiesça-t-il en souriant devant son air outré. Et vous pouvez en faire autant à mon égard.
-Et Qu'avez vous appris?
-Que vous travaillez beaucoup, que vous êtes en bonne santé...
-Vous avez eu accès à mes dossiers médicaux? J'ai vraiment l'impression d'être une esclave comme celles qu'on choisissait au marché. Vous voulez voir les dents?
- Je les vois quand vous parlez. Elles sont parfaites.
Ari hocha pensivement la tête. Y avait-il un seul pan de sa vie, un seul aspect de son intimité dont il ne se soit informé? Devait-elle s'estimer honorée d'avoir réussi l'examen? Alors pourquoi se sentait-elle furieuse et affreusement vulnérable, comme s'il l'avait épié nue?
-j'ai également appris que vous vous passionnée pour le vin et pour cette région. Et que vous étiez appréciée par vos amis pour votre loyauté.
Elle le fixa d'un air étonné et se souvient qu'il avait déjà utilisé ces termes lors de leurs précédente rencontres.
-Pour vous la loyauté compte tellement?
-Elle est capitale, répondit-il avec une soudaine passion.
S'il accordait tant d'importance à cette valeur,sans doute l'avait-on déjà trahi... Une subite curiosité la travailla: qu'était- il donc arrivé à Hank?
- Vous faites allusion à la fidélité?
-Non même si j'attends que vous me soyez fidèle, conformément aux engagements du mariage déclara-t-il en plongeant ses yeux sombres dans ceux d'Ari. Je parle d'une autre forme de loyauté. Je veux que vous voyez à mes côtés, que vous m'assistiez dans mes décisions et que vous ne preniez jamais parti cintre moi. En êtes vous capable? Cela ne sera pas toujours facile.
- Si vous sous-estimez que je ne pourrai contester...
- je ne vous demande pas de me suivre aveuglément dans tous mes caprices, l'interrompit-il. Mais comprenez moi bien: en raison de ma position et ma fortune, certaines personnes cherchent à me discréditer. Pour obtenir votre appui, elles n'hésiteront pas à attirer votre sympathie par les moyens les plus retors, les plus odieux. Saurez-vous faces à mes ennemis, faire preuve de loyauté envers moi?
Ari frissonna. Elle aurait aimé plaisanter, dire à Hank de se montrer moins mélodramatique, mais elle avait la certitude qu'il était parfaitement sérieux.
- Vous pensez que j' exagère, je le devine , reprit-il en lui prenant la main qu'elle avait posé sur la table. Mais ce qui m'a d'abord attiré en vous, c'est précisément votre loyauté. Voilà dix ans que vivez avec votre père, depuis que vous avez terminé vos études, vous l'avez aidé et vous avez pris soin de lui d'une façon exemplaire. Si je vous demandais, pourriez-vous faire preuve, vis-a-vis de moi, de la même constance?
-Si nous étions mariés, oui.
Il sourit d'un air satisfait.
-Je ne vous en demande pas plus. À vous...
-Très bien, approuva-t-elle, secoué par l'intensité de cet échange . Si nous nous marions, je veux pouvoir continuer à travailler pour Viale. L'accepter vous?
- Bien sûr! Et naturellement nos enfants hériteront de deux maisons, Viale et Cazlevara. Un véritable empire.
Nos enfant...
- Et puis, il y a mon père. Même s'il continue à vivre à la Villa Rosso, je voudrais pouvoir l'accueillir chez nous aussi souvent que possible.
-C'est naturel.
-A moi, tout cela me semble plutôt fou, lança-t-elle sans pouvoir contenir un petit rire nerveux.
-En apparence, mais en réalité, tout est parfaitement raisonnable.
Effectivement, et c'était bien la raison pour laquelle elle envisageait froidement cette possibilité. Même si là, assise face à lui, son impression était tout autre, celle d'une complicité délicieuse, une sensation presque aussi merveilleuse que quand il l'avait embrassée.
- J'ai peur, murmura-t-elle, si bas qu'elle ne sut pas s'il l'avait entendue, ni si elle souhaitait qu'il l'ait entendue.
Il ne répondit pas mais sa main vient de nouveau se poser sur la sienne, qu'il pressa légèrement.

-Vous comprenez, poursuivi Ari, je ne pensais pas me marier. Jamais.
-Pourquoi pas?
-Et si nous finissons par nous haïr? Questionnaire -t-elle, la gorge serrée.
-Cela ne se produira pas. J'en foi en nous.
-On ne sais jamais, insista-t-elle prise de panique maintenant qu'elle se trouvait au pied du mur.
-En affaire, il faut savoir prends des risques, Ari. Cela demande du courage et de la détermination. J'ai récemment conclut avec une chaîne de grands hôtels au Brésil. Jusque là jamais l'Amérique du sud n'avait emporté de vins italien, et tout le monde pensaient que je perdrais mon temps et l'on argent là bas. Mais une fois ma décision prise, je me suis donné les moyens de parvenir à ce succès, meme si j'ai du déployer des trésors de persévérance.

Tout en comprenant qu'il cherchait a la rassurer, Ari ne put s'empêcher de trouver la comparaison bien terre à terre. Hank du percevoir car il se pencha vers elle:
- La semaine dernière je vous ai confié que l'amour je m'intéresse pas et vous avez eu l'air de m'approuver. Mais si ne m'avez pas dit la vérité...
-Pourquoi? Pourquoi refuser vous de tomber amoureux?
-L'amour est un sentiment destructeur.
-Pas forcément.
-Si. Comme nous sommes des êtes imparfaits, il le devient, inéluctablement. Croyez-moi, Ari, j'ai pu le constater à de multiples reprises.
-Vous avez déjà été amoureux,alors?
En le voyant hocher négativement la tête, elle ressenti un absurde soulagement.
-J'ai toujours refusé de me laisser prendre. Mais il ne faut pas croire qu'un mariage sans amour soit forcément triste. L'affection, le respect...
-J'ai l'impression d'entendre mon père!
-C'est un homme avisé.
-Il adorait ma mère, lança-t-elle en le défiant du regard.
- Et pourtant il vous conseille de m'épouser... Et vous pourquoi l'amour ne vous intéresse-t-il pas?
Ana poussa un long soupir. Après tout, pourquoi ne pas se confier un peu?...

Le ténébreux ItalienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant