chapitre 16

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Hank regarda d'un œil satisfait la voiture disparaître au premier virage. L'affaire était dans la poche. Question de jours, de semaine au pire , mais Ari serait bientôt sa femme, il en était convaincu.
Un sentiment de triomphe l'envahit, plus enivrant que n'importe quel vin. Il imagine la tête de sa mère quand il lui annoncerait son mariage, puis celle de son frère quand il lui présenterait son fils, réduisant à néant à tous ses rêves de devenir comte et de prendre le contrôle des vins Cazlevara.
Il se représente le visage stupéfait , éperdu de sa mère, mais cette image s'évanouit soudain et, à la place, il la vit sourire a une petite fille. Immédiatement, il voulut chasser cette pensée importuné. Il n'avait que faire d'une fille: il lui fallait un fils.
Il tenta de se concentrer sur les détails pratiques. Comme toute affaire, celle-ci présentait des risques. Ari pouvait être stérile. Ou ne lui donner que des filles, u e ribambelle de bébés vêtus de rose... Mais ce soir, il était trop sûr de sa victoire pour s'attarder sur ces possibilités.
Naturellement, pour assurer sa position, il aurait mieux fait de se marier beaucoup plus tôt. Mais il avait été trop occupé e éviter de revenir chez lui et à assurer son avenir.
Il avait fui, Il le savait. Fui ses souvenirs d'enfance meurtri, si douloureux encore, si envahissant, fui cette mère qui le repoussait quand il cherchait à grimper sur ses genoux. Il y avait vite renoncer d'ailleurs.
Il détestait et méprisait ce sentiment qui l'enchaînait au passé et a ses souvenirs. À son âge, comment pouvait il se lamenter encore sur une enfance qui n'avait tout de même pas été si malheureuse? Son père, qui l'adorait lui avait offert la possibilité de réussir à tous les privilèges de son sang.
Il se redressa pour tenter de chasser ces vieux démons .
Désormais, plus question de fuir, s'il était rentré en Vénétie, c'était pour affronter son passer, et le réparer en allant de l'avant. Puisque sa famille l'avait trahi, il en fonderait une autre, bien à lui.
Les traits durcis par la détermination, il rentra dans son château vide et sombre...

Tout semblait éteint à la villa Rosso quand Ari en franchit le seuil. Elle traversa le hall à pas de loup, de peur de réveiller son père, qui se couchait rarement après 22h. Une fois au lit, elle s'endormit rapidement.

Quand elle se réveilla, le soleil filtrait déjà à travers les rideaux. La soirée de la veille lui revint progressivement à l'esprit, dans les brumes du demi- sommeil, la mystérieuse affaire, le billard, le whisky, le baiser. L'alcool avait du lui monter à la tête, sinon jamais elle n'aurait laissé Hank l'embrasser. Et maintenant, elle ne se retrouverait pas en train de rêvasser aux espoirs qu'il lui laissait entrevoir, aux désirs qu'il avait éveillés dans son corps, à la joie qui lui gonflait le cœur...
Rapide, elle sortit du lit, s'habilla. Puis elle descendit l'escalier, bien décidée à remiser toutes les pensées importunes, trop séduisantes, qu'avaient fait naître en elle Hank. Elle s'arrêta net sur le seuil de la salle à manger en apercevant son père en train de déjeuner de toasts et de hareng fumés. Sa mère , d'origine anglaise, avait tenu q conserver cette tradition à laquelle Enrico se pliait encore.
- Bonjour ma chérie. Hier soir j'ai attendu jusqu'à 23h.
- tu n'aurait pas dû.

Elle se força à entrer dans la pièce pour déposer sur la joue de son père, son baiser rituel. Elle n'avait pas envie de parler, ni de lui demander ce qu'il savait de ''l'affaire''
Ni le retour de Hank ni son invitation n'avait paru le surprendre. Était-il au courant de ses projets? À cette pensée, Ari sentit son cœur battre plus vite. De peur ou de joie? Elle n'en savait rien. Hank avait-il demander sa bénédiction a Enrico Viale? Depuis quand avait-il cette idée en tête?

- Viens donc déjeuner. Ce matin, les hareng sont absolument délicieux!
Elle prit un petit pain dans la corbeille posée sur le buffet avant de se verser une tasse de café.
- Tu sais bien que j'ai horreur de ça.
-il sont pourtant excellents.
Elle s'assit en face de lui et avala une gorgée brulante.
-Je ne peu pas m'attarder, je dois passer au bureau.
-Voyons Ari!On est samedi.
Elle haussa les épaules: elle travaillait souvent le samedi, surtout en cette saison.
- Papa le raisin se moque bien des week-ends.
- Comment s'est passé le dîner avec Hank?
- c'était intéressant.
-Vous avez parlé affaires?
Ari lui adressa un regard de défi: sa question avait été trop faussement indifférente pour être innocente...
- Il t'as mis au courant?
Enrico baissa le nez en faisant mine de découpé un morceau de hareng.
- peut-être...
Ari se sentit à la fois déçu et soulagée par cette réponse.
- Qu'est ce que tu en penses?
- Au premier abord, ça m'as bcp surpris, expliqua-t-il en esquissant un sourire, même si son regard restait sérieux. Comme toi je suppose.
- Effectivement.
- Et puis, en réfléchissant... Vittorio m'a fait comprendre les avantages...
-Quels avantages?

Ari fixait son père, le front plissé. Qu'avait-il pu dire à son père pour le convaincre de la pousser à accepter ce mariage de convenance?
-Il y en a bcp, Ari: la stabilité, les enfants, le bonheur aussi.
-Tu crois vraiment que Hank Ralfino peut me rendre heureux? Et puis nous parlons de mariage, papa. Il s'agit d'une engagement pour la vie, pas d'une transaction.
Meme si Hank aussi l'avait présenté sous cette forme.
-Que lui reproches-tu?
Ari ne répond pas immédiatement. Elle ne s'étonna guère que son père envisage un mariage de ce genre. Il s'était toujours comporter de façon très raisonnable. Certains auraient pu même l'accusé de froideur. Même après la mort de son épouse adorée, il avait conservé un calme apparent. Une fois seulement Ari l'a vu pleurer,a genoux dans leur chambre Emily, et cette démonstration inattendue d'émotions avait marqué l'adolescente qu'elle était. Mais Enrico avait claqué la porte, préférant l'exclure que de la laisser assister à ce qu'il considérait manifestement comme une preuve de faiblesse. Dévasté d'avoir été ainsi rejetée en ce moment crucial, elle avait du attendre deux ans pour que se retisse entre eux le lien de confiance qui les avait unis jusqu'à l'incident.

Le ténébreux ItalienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant