Chapitre 10

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Je commence à courir, le sol de gravier crissant sous mes pas pressés. La lueur blafarde du crépuscule éclaire faiblement le chemin devant moi, et mon cœur bat la chamade, résonnant dans ma poitrine comme un tambour désespéré. Le portail au loin semble être ma seule issue, une lueur d'espoir dans cette nuit noire et orageuse. Soudain, une douleur brûlante traverse mon bras : une balle m'a touchée. Je tombe lourdement sur le sol, le choc m'arrachant un cri étouffé.

Je me retourne, le visage grimacé par la douleur, et je vois des silhouettes humaines armées qui avancent vers moi. La peur et la douleur se mélangent, créant un tourbillon d'émotions incontrôlables. Mon corps commence à bouillonner d'énergie, une chaleur intense envahit mes membres. Mon esprit, submergé par la terreur, se transforme en une lueur sauvage de colère.

Une flamme bleue, vibrante et mystique, enveloppe ma peau alors que je me transforme en renard blanc. Les humains, effrayés et stupéfaits, hésitent à tirer. La voix impérieuse d'un homme s'élève, ordonnant à ses hommes de baisser les armes. Je le vois apparaître, se tenant avec une autorité inébranlable devant moi. Sa présence impose le respect, et son odeur, une combinaison de citronnelle et d'un parfum terreux, pénètre mes narines.

Il s'avance, les armes toujours pointées vers moi, mais ses gestes sont mesurés et empreints de calme. Ses yeux se posent sur moi avec une intensité troublante. Je grogne en signe de méfiance, mon instinct animal me mettant en garde contre ce nouvel inconnu. L'homme s'assoit devant moi, ses mouvements lents et calculés. Il murmure des mots apaisants dans une langue que je ne comprends pas, mais son ton est doux, presque hypnotique.

Je m'approche lentement, curieuse mais prudente, et il tend sa main vers moi. Je lèche sa paume, une tentative désespérée de communication, de compréhension. Son contact est réconfortant, et il passe sa main doucement sur ma tête, caressant avec soin derrière mes oreilles. Je me sens envahie par un sentiment de sécurité que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Le soulagement est immédiat.

En reprenant ma forme humaine, je me rapproche de lui, mon nez cherchant son odeur rassurante. Je hume son cou, le parfum de citronnelle m'apaisant. Quand il me repousse doucement, je comprends que la menace n'est pas complètement écartée.

Les chasseurs nous entourent, et l'un d'eux me saisit brusquement par le bras. Mon cœur s'emballe de panique, mais le chef hurle, ordonnant à son homme de me lâcher. La femme qui m'a soigné se précipite à nos côtés, une lueur de soulagement dans ses yeux. Elle tend sa main vers moi, et bien que j'hésite, je finis par prendre celle du chef. Il la passe à la femme, nous incitant à partir ensemble.

Nous entrons dans le manoir, un lieu vaste et sombre, et montons les escaliers. La femme me guide jusqu'à une chambre où elle m'indique une salle de bain. Le bain est prêt, l'eau est chaude et invitante. Je me déshabille, la serviette m'enveloppant comme un cocon temporaire. L'eau chaude coule sur ma peau, apaisant mes muscles endoloris, lavant la saleté accumulée. Je me sens revitalisée, chaque mouvement dans l'eau me redonne une sensation de légèreté.

Quand je sors de la salle de bain, enroulée dans une simple serviette, je découvre le chef. Mon cœur s'emballe à nouveau, non pas de peur, mais de joie. Je me précipite vers lui, mes queues de renard s'agitant de bonheur. Il semble surpris par mon élan de joie, évitant mon regard comme s'il ne savait pas comment réagir.

La porte s'ouvre brusquement, et la femme entre, ses yeux écarquillés en nous voyant. Le chef me pousse doucement sur le lit, puis se tourne pour sortir, raclant sa gorge avec une frustration visible. La femme me tend des vêtements qui ne me conviennent pas. J'essaie d'expliquer mon inconfort, mais elle semble de plus en plus agacée. En fin de compte, je ne mets que les sous-vêtements, rejetant la robe en tissu étrange.

Je me couche sur le lit, épuisée, mes pensées tourbillonnant encore. Dans un demi-sommeil, je rêve de Liam, son loup noir me disant qu'il est là pour me sauver. La vision m'éveille, me rappelant la situation dans laquelle je me trouve. Je me lève, cherchant désespérément un moyen de quitter cet endroit, mais je trouve seulement un bol de fruits. Je mange une pomme avec avidité, la douceur du fruit m'apportant un réconfort temporaire.

Je saute par la fenêtre, me retrouvant dans la cour extérieure. Je vois un esprit, une lumière douce et réconfortante parmi les ombres. Je marche lentement, touchant les feuilles des plantes, laissant une traînée de lumière scintillante derrière moi. Je me cache derrière un buisson, observant une voiture s'éloigner. La peur s'amplifie alors que je me demande ce qui se cache derrière le portail.

Un bruit soudain me fait sursauter : un homme armé s'approche de moi. Je ne bouge pas, mon regard fixé sur lui avec détermination. Il pointe son arme, mais je ne recule pas. Il avance d'un pas, me laissant la chance de réagir. Je me jette sur lui, enroulant mes jambes autour de son cou. Avec une force que je ne savais pas posséder, je le fais tomber, le corps écrasé au sol. Il tousse, essayant de se relever, mais je lui arrache l'arme des mains.

Il se redresse avec difficulté, et je souris, un sentiment de triomphe naissant en moi. Mais il se jette sur moi, me plaquant au sol avec une force brutale. Il bloque mes mains au-dessus de ma tête, ses jambes pressant les miennes. Je me débats désespérément, mais son sourire triomphant et ses caresses répugnantes me dégoûtent.

Ses lèvres se rapprochent de mon cou, et je ferme les yeux, attendant l'inévitable. Un bruit sourd retentit soudainement. Je vois le chef, une expression de colère implacable sur le visage, tenant une arme. Il assomme l'homme, puis me fixe d'un regard noir. Je me sens écrasée sous le poids de sa colère, une sensation d'humilité et de soumission m'envahissant.

Il range son arme, retire son haut, dévoilant des tatouages et des cicatrices. Ses blessures sont plus évidentes à la lumière, chaque cicatrice racontant une histoire de douleur et de survie. Il me tend un t-shirt, mais je recule, réticente à porter quelque chose d'inconnu. Il crie, s'approche de moi avec une autorité que je ne peux ignorer.

Il me force à enfiler le haut, qui m'arrive au-dessus des genoux. Il prend ma main, la serrant avec une intensité presque possessive, et m'emmène avec lui. Nous montons les escaliers, sa colère palpable, et nous arrivons dans une grande chambre où il me jette sur le lit avec frustration. Je m'assois, me sentant à la fois perdue et accablée, consciente que j'ai probablement commis une grave erreur.

Le chef marche de long en large, criant contre moi, mais je ne comprends pas ses paroles. Tout ce que je sais, c'est que ses cris résonnent comme un rappel de ma propre vulnérabilité. Je baisse les yeux, mon cœur lourd et ma conscience pleine de remords.

La créature mythique TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant