La créature mythique TOME 1

Chapitre 2

Deux jours... Deux jours qu'il attend dans la forêt, seul et désemparé. Il n'a ni mangé ni bu, et je l'observe, cachée dans l'ombre des arbres, sa silhouette errante m'émeut. Sa persévérance est touchante, et sa tristesse est palpable. Je me débats entre la volonté d'aller le rejoindre et la crainte de quitter ma tanière. Le vent souffle doucement, et les esprits de la forêt apparaissent en un éclat verdoyant, comme des signes de mon destin.

— Est-ce une bonne idée de quitter ma forêt pour un destin incertain ? murmuré-je pour moi-même.

Les esprits m'encouragent à agir. Je prends une profonde inspiration, me résignant à suivre mon cœur. Je descends silencieusement de l'arbre où je suis perchée. Lorsque je fais mon apparition, il se retourne brusquement, prêt à se défendre, mais j'esquive avec aisance. Son regard surpris se pose sur moi, et un sourire amusé se dessine sur mes lèvres.

— Suis-moi, dis-je en me dirigeant vers la rivière, ma voix douce contrastant avec le vent qui siffle dans les feuilles.

Il me suit sans un mot, ses pas hésitants trahissant sa fatigue. Arrivés à la rivière, je l'invite à boire l'eau fraîche. Il s'abaisse, assoiffé, et je remarque qu'il commence à avoir de la fièvre. Sans un mot, je me dirige vers l'eau, plongeant mes mains pour cueillir une algue. Je la pose délicatement sur son front, le regardant avec une lueur de préoccupation dans les yeux.

— Combien de temps vis-tu ici ? demande-t-il, sa voix rauque trahissant son épuisement.

— Depuis ma naissance, réponds-je en ajustant l'algue avec soin.

— Tu es vraiment exceptionnelle, dit-il en admirant mes vêtements traditionnels avec une curiosité sincère.

— Je n'interviens que rarement dans le monde des humains, surtout pendant le jour. Ils peuvent avoir peur de ce qui est différent, comme nous.

— Quel est ton nom ?

— ...

— Nous avons tout le temps, ne t'inquiète pas, ajoute-t-il avec un sourire encourageant.

— Et tes amis, où sont-ils ?

— Ils sont retournés au Canada.

— Canada ?

— Oui, c'est en Amérique. Je ne suis pas d'ici, dit-il avec un sourire nostalgique.

— Pourtant, tu parles très bien japonais, dis-je en le regardant de plus près.

— C'est nécessaire pour mes échanges avec les Japonais.

— Et pour échapper à tes ennemis ?

Il sourit en hochant la tête. Nous nous levons, et je l'entraîne à travers la forêt, cueillant des plantes médicinales. Il me suit, les yeux rivés sur moi avec une curiosité presque enfantine.

— Qu'es-tu ? demande-t-il, ses yeux scrutant les miens avec une intensité étrange.

— De ?

— Tu ne ressembles ni à une sorcière, ni à un chat, ni à un félin. Tu es vraiment intrigante.

— Je préfère ne pas répondre, dis-je en reprenant ma marche vers ma tanière, un sourire mystérieux sur les lèvres.

— Ça ne me dérange pas, je sais attendre.

— Tu es vraiment têtu, rétorqué-je en riant légèrement.

— Je suis simplement reconnaissant envers celle qui a sauvé la vie de ma sœur.

Je m'arrête, le regarde attentivement. Il est grand, ses cheveux noirs ondulant comme la nuit, ses yeux perçants et son visage résolu. Il est impressionnant, avec un corps qui semble aussi solide que la pierre. Je pince doucement son bras musclé, amusée.

— Aïe, s'exclame-t-il.

— Hmm. Je me disais bien, murmuré-je en esquissant un sourire.

— Pourquoi me pinces-tu ?

— Je pensais que tu étais plus fragile que ce que je croyais.

Il prend ma main avec délicatesse, et je tombe contre son torse solide. Nos regards se croisent, et je sens mon cœur battre plus fort, comme un tambour dans ma poitrine. Le vent chaud caresse nos visages, et il sourit, ses yeux brillants de tendresse.

— Que me fais-tu ? murmuré-je, ma voix tremblante.

— Je suis fort, je ne suis pas fragile, répond-il avec une sincérité profonde.

Je souris, émue par sa détermination. Nous arrivons à ma tanière, et il est ébloui par le lieu simple mais magnifique. Je lui tends un morceau de lièvre cru, et il observe la viande avec perplexité.

— Tu n'as pas faim ?

— Quoi ? Tu plaisantes ?

— Eh bien, je ne vois pas comment tu veux la manger, dis-je en haussant les épaules.

Il hésite un instant, puis remarque le feu que j'ai allumé. Il s'approche, allume les flammes, et place une pierre sur le feu. Il découpe la viande crue et la place sur la pierre chaude, la faisant cuire. Je l'observe, fascinée par sa manière de préparer la nourriture. Il me tend un morceau cuit, et je l'accepte avec un mélange de curiosité et de gratitude. Après l'avoir goûté, je suis agréablement surprise par la saveur.

— C'est délicieux ! Je suis vraiment impressionnée, dis-je en souriant.

Il remarque mes queues qui se dévoilent et je les cache rapidement, embarrassée. Paniquée, je tente de m'éloigner, mais il saisit doucement ma main pour me stopper.

— Reste, s'il te plaît. Je suis désolé, j'étais simplement surpris. Ne pars pas...

Il est sincère. Je le regarde, hésitante, et m'assois près de lui. Nous partageons le repas dans un silence paisible, les lumières de la nature dansant autour de nous. Ses yeux brillent d'émerveillement alors qu'il découvre la beauté de ma tanière.

— Tu es étrange, dis-je en souriant. Pourquoi n'as-tu pas peur de moi ?

— Pourquoi aurais-je peur ? Tu es tellement magnifique qu'on pourrait te prendre pour une déesse.

Je rougis intensément, et je me lève brusquement, le laissant perplexe.

— J-je vais prendre mon bain. Ne me suis pas !

— D'accord...

Je pars en courant vers le bassin, me déshabille et m'assois dans l'eau, mes queues flottant à la surface. Je regarde la lune en soupirant, mon cœur tourmenté entre la peur et une curiosité grandissante.