Huit ans après (TAD-MED Tome 2)

Chapitre 3: Taylor

Dès qu'il existe un secret entre deux cœurs qui s'aiment dès que l'un d'eux a pu se résoudre à cacher à l'autre une seule idée le charme est rompu le bonheur est détruit. ( Benjamin Constant)

Vendredi soir, Taylor

Jeff buvait sa bière tranquillement, assis sur mon fauteuil. Moi, j'étais à la Vodka, ça non plus je n'avais pas changé, sauf que j'y ajoutai du jus d'orange maintenant. Mon ami s'enfonça un peu plus dans le fond du fauteuil, son index tapotant sur sa bouteille. Je passai nerveusement une main dans mes cheveux, puis les deux.

-Je ne savais pas qu'elle bossait pour Bernett. Putain, il va falloir que je la vois pendant minimum un mois voire même plus, soufflai-je en me frottant les tempes.

-Tout se passera bien. Et puis, cinq ans sont passés.

-Tout se passera bien ?! Non, mais tu te fous de moi ?!

-Tu n'as plus vingt ans Taylor et je pense que tu peux être capable de passer au-dessus de tout ça ?

-Oui, évidemment. Sauf, que je ne suis pas sûr de pouvoir combattre ce qui se trouve à l'intérieur de mon crâne. Je ne veux pas et je ne peux pas ressentir à nouveau des choses pour elle... Pourtant, quand je l'ai vu, là, assise à cette table... je secouai la tête pour chasser cette image.

-Peut-être que votre relation ne s'est jamais vraiment terminée ?

-Elle va se marier Jeff. Elle porte une bague de fiançailles.

-Ah oui, c'est vrai... murmura mon meilleur ami.

-Quoi ?!

-Non, rien. Je me parle à moi-même.

-T'es sûr que tu vas bien ce soir ?

-Laisse faire les choses, et surtout, ne sois pas borné.

Je doutais vraiment sur le fait que mon meilleur ami ait toutes ses facultés mentales ce soir. Il était très évasif sur notre discussion et n'approfondissait pas ses réponses, comme il l'aurait fait habituellement. Quelque chose ne tournait pas rond chez lui, je le connaissais depuis assez longtemps pour le voir.

-Qu'est-ce que tu as Jeff ? C'est Léa ?

-Non, tout va bien avec Léa.

-Je ne te crois pas.

-Je vais rejoindre Léa chez Stan, tu viens ?

-Non. J'ai du boulot.

-Comme tu voudras.

-Au fait comment as-tu su que Cassandre était en ville ?

-J'ai mes sources.

*****

Samedi matin !

J'étais allongé sur mon lit, un peu nauséeux, un trop-plein de la veille. C'était samedi et je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire de ma journée. D'habitude, je travaillai un peu mes dossiers chez moi et ensuite, je me baladai au parc ou aux puces, mais je n'avais pas du tout envie de faire tout ça aujourd'hui.

Jeff avait passé une bonne partie de la soirée avec moi. Nous avions parlé de Cassandre, encore et encore. De ce que j'avais ressenti en la voyant, que je serai amené à la revoir... Il m'avait simplement dit : laisse faire les choses, et surtout ne sois pas borné. Super conseil de sa part...

Je mis mes jambes hors de mon lit et redressai mon buste avec difficulté. J'observai ma chambre. Elle était immense avec une bibliothèque qui prenait tout un pan de mur, ma guitare accrochée au mur et mon dressing qui donnait dans une petite pièce à part. Elle était bien trop grande pour moi tout seul. J'enfilai un pantalon de pyjama noir avant de lever mes fesses du lit. J'ouvris la fenêtre en grand, il faisait encore plus froid que la veille. Je descendis les escaliers qui donnaient au rez-de-chaussée qui comprenait une seule et unique pièce, sans mur. Seuls les meubles servaient de cloison, j'aimai ce principe car dès que l'envie me prenait, je changeai tout de place. Assis dans mon fauteuil en cuir noir, les pieds sur la table en bois gris usé, je buvais mon café ; noir ce matin ; sans goutte de lait, en écoutant le calme de mon loft.