Chapitre 1: Taylor

5.6K 355 37
                                    

Un vendredi d'hiver quelque part dans le monde...

L'air glacial me fouettait le visage au rythme de ma course matinale. L'hiver commençait à s'installer sérieusement en ce mois de novembre. Les arbres avaient perdu leurs feuilles et le parc n'était plus aussi vivant qu'en été. Seuls quelques courageux, comme moi, n'abandonnaient pas leurs footings. Je sortis du parc en marchant afin de récupérer un peu. J'entrai dans la boulangerie qui faisait l'angle de la rue, les viennoiseries y étaient extras.

-Bonjour Taylor.

-Bonjour Madame Feen.

-Je te mets comme d'habitude ? Un croissant, et des chouquettes ?

-Oui, merci.

Madame Feen était une dame d'environs soixante ans. Ses cheveux courts, noircis par une teinture, lui donnaient toujours bonne mine. Elle tenait la boulangerie avec son mari et une petite apprentie d'environs dix-sept ans. Elle était tout ce qu'il y avait de plus sympathique et elle m'avait pris en affection depuis mon arrivée en ville, il y a trois ans.

-Voilà mon grand. Bon, à quelle couple vas-tu briser le cœur aujourd'hui ?

-Madame Feen, je vous ai déjà expliqué que mon métier ne consiste pas à briser les couples. Ils l'ont déjà fait avant moi.

-Mmm... Allez, va. Tu vas être en retard.

-Bonne journée Madame Feen.

-Je t'ai déjà dit de m'appeler Odette !

-J'y penserai, Madame Feen.

Elle continua de râler, alors que j'avais déjà disparu sur le trottoir. Je marchai quelques mètres, avant de pousser la porte en bois vert qui menait chez moi. Après un long couloir de pierre, j'arrivai sur une cours remplie d'arbustes défraîchis par le froid et habituellement fleuries, pour enfin arriver à ma porte d'entrée. Je vivais dans un vieil atelier que j'avais fait restaurer en un grand loft, avec un étage. Je m'y sentais vraiment bien.

Je fis couler mon café tandis que je mordais à pleines dents dans mon croissant. J'ajoutai une goutte de lait dans la tasse comprenant le liquide noir. J'avais gardé cette habitude, du moins pour le premier café du matin. Les autres étaient noirs, sans sucre, ni lait.

Je filai sous la douche après ce petit déj'. Je me regardai dans le miroir en passant ma main sur mon menton. Non, je ne me raserai pas, cela avait le don d'énerver mes associés de me voir avec une barbe de deux jours, mais je m'en moquai. J'avais déjà coupé mes cheveux plus courts depuis des années, alors il ne fallait pas trop m'en demander non plus. Je n'étais plus aussi rebelle qu'avant avec l'âge, mais je prenais toujours un malin plaisir à faire l'inverse de ce qu'on me demandait.

Je mis un costume gris anthracite, et oui, le métier d'avocat m'avait obligé à revoir tout mon dressing, et il se composait essentiellement de chemises, vestes et cravates. Mais, je gardai mes jeans pour le weekend, bien que le costard me plaisait bien en fin de compte, enfin, il plaisait surtout à la gente féminine. Je mis mon dossier dans ma mallette en cuir et prit le sachet de chouquettes avant de quitter les lieux.

*****

Je garai ma berline noire sur la place portant mon nom. Cela faisait maintenant trois ans que j'étais associé dans ce cabinet d'avocats, trois ans que j'avais prêté serment auprès du barreau. Je poussai la porte vitrée, le hall était constitué d'un point d'accueil, car l'immeuble regroupait différentes catégories d'avocats, (le droit familial, qui était ma spécialité, le droit des affaires pour les entreprises, où se trouvait mon meilleur ami, Jeff et le droit immobilier). J'appuyais sur le bouton de l'ascenseur, les portes s'ouvrirent sur trois hommes cravatés. Ils me saluèrent avant de disparaître dans le hall. La boite métallique monta jusqu'au troisième et dernier étage. Trois bureaux étaient entreposés juste devant l'ascenseur, un pour chacun des avocats travaillant ici, derrière l'un d'entre eux se tenait ma secrétaire, et oui j'avais Ma secrétaire, une jolie rousse aux yeux verts avec des taches de rousseur. Elle avait vingt-six ans, et je ne l'avais pas eu dans mon lit. Je ne faisais plus ce genre de choses depuis... Depuis un bon moment... En y réfléchissant.

Huit ans après (TAD-MED Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant