Chapitre 5

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Le surlendemain matin, Clarke attendait dans la cuisine que Lexa se réveille. Elle s'était levée tôt et préparait ses mots, son carnet dans les mains. Quand Lexa se leva enfin, Clarke descendit du tabouret et resta debout, observant Lexa à son arrivée. Cette dernière la dévisagea avec curiosité.

- Avant que tu ne poses des questions, je dois te parler de quelque chose, déclara Clarke.

Lexa la fixa un instant puis hocha la tête. Elle fit quelques pas pour rejoindre Clarke au comptoir, s'asseyant alors que Clarke restait debout.

Clarke posa le carnet sur la table, dévoilant aux yeux de Lexa un dessin d'elle dormant paisiblement. Clarke prit la parole avant que Lexa puisse commenter le dessin.

- Je sais que j'ai fui. Depuis que je suis arrivée ici, je ne compte plus le nombre de fois que j'ai fui ou pensé à le faire.

Lexa l'écoutait et Clarke lui était reconnaissante de ne pas lui couper la parole. Elle poursuivit calmement.

- Ces quatre dernières années, j'ai été placée dans près de dix-neuf familles d'accueil. Je ne m'étendrai pas là-dessus, seulement... les quelques fois où j'ai commencé à me sentir à l'aise, que ce soit avec la famille ou des gens que j'avais rencontré à l'école... à chaque fois que je commençais à oublier ce qui est arrivé à mes parents, on venait me chercher. On venait me changer de famille. On m'emmenait et je ne les revoyais plus.

Elle s'arrêta un instant et elle vit sur le visage de Lexa que la jeune femme voyait où elle voulait en venir.

- Avec tout ce qui est arrivé ici... j'ai l'impression qu'il me reste peu de temps avant qu'on vienne me chercher. Et j'ai peur.

Elle vint poser inconsciemment sa main sur celle de Lexa.

- J'ai peur qu'on vienne m'éloigner de toi parce que je me suis jamais sentie aussi bien avec quelqu'un depuis la mort de ma mère.

Elle fit une pause, ferma les yeux un instant, cherchant le courage qui lui permettrait de terminer ses aveux.

- J'ai voulu fuir parce que c'est pour moi la seule solution de ne pas finir blessée. Rester dans le malheur est plus simple que d'être soudainement arraché au bonheur. C'était lâche de ma part. De te faire ça à toi, après tout ce que tu as fait pour m'aider. Après ce que tu m'as dit et...

Nouvelle pause. Il était grand temps qu'elle l'admette enfin.

- ...et surtout après t'avoir embrassée. Ce n'était pas une fois comme ça. C'était sincère. Je te veux toi. Sans mes crises, sans les drames, je veux juste être avec toi.

Elle s'arrêta. Le regard de Lexa ne la quittait pas. Sa main tremblait sur celle de la jeune femme. Lexa saisit cette main tremblante et l'immobilisa doucement entre ses deux mains.

- Les crises, les drames, tout ça fait partie de l'histoire, déclara Lexa avec tendresse. Mais ça ne veut pas dire qu'ils resteront toujours. Mais nous, on le peut. Cela ne tient qu'à nous.

Clarke hocha faiblement la tête alors que son corps frissonnait. Lexa se leva et la prit dans ses bras, et elles attendirent toutes les deux que les tremblements cessent, ensemble, rassurées.

Elles se séparèrent brusquement quand Mary entra dans la pièce un moment plus tard. Combien de temps étaient-elles restées ainsi, debout dans les bras l'une de l'autre après la fin de la crise ?

Personne ne pouvait le dire.

Lexa détailla l'allure de sa mère. Elle était étonnée de la voir débarquer ainsi. Surprise du fait que sa mère soit rentrée pour dormir ici. Ces derniers temps, sa mère disparaissait si souvent que Lexa ne faisait plus attention à son absence. Elle essayait de ne pas s'inquiéter mais c'était difficile quand les seules nouvelles qu'elle avait de sa mère étaient un coup de téléphone une fois par jour quand elle ne rentrait pas.

De tous les mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant