De tous les maux

Chapitre 21

Clarke décrivait la bâtisse avec inquiétude. La dernière fois qu'elle s'était trouvée là, son père avait été accusé de meurtre. Un meurtre qu'il avait bel et bien commis. Clarke ne savait plus, dorénavant, si elle aurait aimé assister au procès de son père. Elle se disait que, peut-être, elle ne l'aurait pas supporté. Alors, quand on l'avait éloigné de ce bâtiment, aussi déchirée qu'elle avait été, ça n'avait finalement pas été une si mauvaise chose.

Elle sentit une main glisser dans la sienne et la serra fort sans s'en rendre compte. Elle relâcha brusquement sa prise pour ne pas faire mal à Lexa qui la regardait avec amusement et tendresse.

- Ça va bien se passer, lui assura cette dernière.

Clarke hocha la tête et la tourna vers sa femme. Elle voulait vraiment y croire. Car elle n'était pas certaine de pouvoir supporter un échec aujourd'hui.

Elles entrèrent toutes les deux et attendirent l'autorisation de pénétrer dans la salle. Tout allait beaucoup trop vite pour Clarke, car avant même de réaliser ce qui se passait, elle se retrouva à la barre.

Son regard fuyait celui des trois accusés assis à une dizaine de mètres d'elle. Trop près. Elle concentra son regard sur Lexa qui l'encourageait.

La première question la prit de court. Elle chercha ses mots, tiraillée par la peur de ne pas répondre correctement. De ne pas être crue.

- Je n'avais pas une très bonne réputation. Avant même mon arrivée au lycée, rares étaient ceux qui m'appréciaient. Alors, quand on m'a envoyé cette haine en plein visage, évidemment je n'en étais pas si surprise. Je suis Clarke Griffin, termina-t-elle sans pouvoir contenir un petit rire nerveux.

L'absence de réaction de la part du juge et des avocats l'inquiétait d'autant plus. Heureusement pour elle, la mère d'Octavia – son avocate – enchaîna avec une nouvelle question.

- Pouvez-vous nous résumer la soirée ?

Clarke prit à nouveau un instant pour réfléchir. Ce n'était pas très bon signe, une victime qui hésitait, mais son anxiété était apparente et Clarke se dit qu'ils pouvaient bien comprendre. Témoigner n'était vraiment pas une tâche facile. Surtout pour une victime de viol.

- J'étais avec mes amis. Au bout d'un moment ils sont partis chacun de leur côté pour rejoindre leur copain ou copine. Je me suis retrouvée toute seule dans le grand salon. J'ai vu les amis de Lexa discuter avec elle. J'étais trop loin pour entendre, mais Lexa avait l'air de leur crier après. Puis la musique s'est arrêtée. On m'a prise à parti en m'assimilant à mon père sur le meurtre qu'il a commis. Ça allait dégénérer, Lexa est intervenue. J'ai mal pris sa remarque, j'étais à bout, je l'ai frappée au visage. Et je suis partie en courant.

Encore une fois, aucune réaction. Excepté une personne. Celle que Clarke regardait. Lexa lui souriait, essayant de garder son sourire assez petit pour qu'il reste discret. Lexa se souvenait très bien de ce qu'elle avait dit à Clarke ce soir-là et, si elle s'en voulait un peu et en avait voulu à Clarke, elle n'avait tout de même pas nié le fait que sa future femme avait un sacré caractère et déjà un très bon crochet. Elle se mordit la lèvre pour ne pas rire en réalisant que ce coup de poing avait été une des petites choses qui, en s'accumulant, l'avait poussée dans le fossé « amoureuse de Clarke ». Lexa avait pris du temps pour parvenir à voir Clarke différemment et à accepter ses sentiments pour elle, mais aujourd'hui elle ne regrettait rien. Au moins, maintenant, tout allait bien entre elles.

- Que s'est-il passé ensuite ?

Et voilà, elle y était. Elle devait tout dire à tous, là, ceux qu'elle connaissait et qui étaient venus la soutenir, ceux qu'elle connaissait et qui la haïssaient, ceux qu'elle ne connaissait pas et qui n'avaient probablement rien à faire ici.