Titanium - Jelsa

2

Après un chien de grand-mère casse pied congelé et un harceleur de jeune fille assommé, je décide de me reposer pour cette nuit. Je me place, toujours un peu en hauteur, sur un immeuble abandonné. J'entends des ambulances et des pompiers assez proches. L'odeur âcre du feu monte autour de moi et je plisse le nez. A tous les coups, c'est encore la faute au « Graaaaand Firemaaaaaan ! », le plus apprécié des super héros. Cela fait plusieurs années qu'il tente de vaincre l'Empoisonneuse, sa Némésis. Il parait que c'est aussi son ex-femme.

Enfin, déjà qu'en tant que super du feu, je ne peux pas le supporter, il faut en plus qu'a chacune de ses batailles, il détruise la moitié de la ville, c'est d'un ridicule ! Je le vois sortir indemne d'un tas de gravât, un bébé dans les bras. La mère se précipite vers lui en pleurant et l'embrasse. Puis, les médias accourent et il fait son numéro de charme, ses cheveux bruns flottant gracieusement au vent.

— Pfff, pathétique, je soupire.

— Je suis bien d'accord.

Surprise, je me retourne. Un sweat trop large dont la capuche cache son visage, un jean déchiré, des baskets montantes, et un vieux bâton en main. Evidement, il fallait qu'il se pointe. Ce fichu Ice.

— Salut l'enquiquineur.

— Salut Chioné, toujours aussi aimable, raille-t-il.

— Je te retourne le compliment mon chou.

Il se décide finalement à arrêter de flotter au-dessus du sol et se pose en douceur, puis s'approche de moi. Mes pouvoirs et ceux d'Ice sont relativement similaires, même si je suis plus glace et lui plus neige. Ce qui explique donc que je le fuie comme la peste : je déteste que quelqu'un ait des capacités identiques aux miennes ! De plus, nous avons déjà essayé de nous affronter par le passé, ce qui s'est soldé par un match nul. Et un hangar d'élevage de canards complètement détruit (ne me demandez pas pourquoi un tel lieu, ce n'est pas de ma faute !).

Et depuis, il s'est mis en tête de me séduire par tous les moyens possibles. Je n'ai toujours pas décidé si la chose me déplait ou me flatte. Même si je suppose qu'il fricote avec d'autres supers, afin d'oublier mes refus incessants.

Laissant son bâton flotter en l'air, il pose une main sur ma taille et l'autre sur ma joue. Elsa aurait rougi. Chioné se contente de grimacer, mais apprécie toutefois la froideur apportée par l'ennemi.

Il penche sa tête vers moi et je sens son souffle gelé.

— Pourquoi me résister ma chère et tendre princesse glacée ?

Je lève les yeux au ciel.

— Tu sais très bien pourquoi. Tant que je n'aurais pas vu ton visage, inutile d'espérer quoi que ce soit.

Il continue de caresser ma joue mais je croise les bras, mécontente. La capuche de monsieur camoufle sa tête dans l'ombre, si bien qu'en deux ans, je n'ai jamais pu voir ne serait-ce qu'un bout de nez ou de bouche. Je crois avoir aperçu une fois un reflet d'yeux bleus, mais j'en doute encore.

— Et toi tu sais très bien que je ne peux pas te montrer ma vraie identité. Et n'espère pas râler en disant que moi je vois ton visage tous les jours, car comme tu l'as toujours si bien dit ton côté super ne ressemble pas physiquement à l'autre.

Je me pince le nez, déçue. C'est exactement ce que j'allais lui sortir. Je me penche vers lui, machiavélique. Je ne me suis jamais approchée aussi près et je le sens déglutir.

— Et dis moi mon chou, comment suis-je seulement sensée t'embrasser si je ne sais même pas où se situe ta bouche ? Je lui susurre.

— Oh, on peut tenter quand même si tu veux, je sais très bien où est la tienne ! réplique-t-il d'un ton dragueur.

Je ris et lui gèle les pieds avant de me dégager. Je m'envole tandis qu'au loin je l'entends râler.

— Chioné ! Tu vas me le payer !

— C'est ce qu'on verra mon chou !

Désolée pour toi mon petit Ice, mais mon lit m'attend. Et même si au fond je t'apprécie, j'aimerais quand même te croiser moins souvent. Car si sais très bien que si je m'attache, je suis fichue ...

***

Et voilà, nouveau chapitre ! 

Je vais tenter le un chapitre par semaine ; ) 

Des bisous givrés !